jeudi 27 décembre 2012

Le CAPITAL de Costa-Gavras


 Affiche Le Capital

Costa-Gavras est une légende vivante du cinéma, l'une des dernières. Il a commencé comme assistant-réalisateur de HG Clouzot sur L'enfer, le film "au budget illimité", inachevé en 1963. C'est dire s'il a connu des gens mythiques et des secrets innombrables. C'est dire si certains attendent avec impatience ses mémoires... ou avec crainte.
Je ne reviendrai pas sur sa filmographie pleine de chefs-d'oeuvre, notamment de films destinés à ouvrir l'esprit et la conscience politique de ceux qui aiment se laisser bercer d'illusions. Avec l'âge, bien sûr, le rebelle s'est calmé ; par exemple, pour obtenir l'autorisation de filmer Amen au Vatican même, il a bien fallu atermoyer et minimiser la complicité de l'Eglise catholique et romaine dans l'Holocauste. C'était fatal.
Le Couperet était intéressant, voire incisif, mais n'accusait personne, sinon la conjoncture. Et puis, à la base, c'était un polar, pas un livre politique. Heureusement, José Garcia y était au mieux de sa forme.

The TELEPORTATION ACCIDENT, roman de Ned Beauman



Photo DR
THE TELEPORTATION ACCIDENT
de Ned Beauman (Sceptre, 2012)

Quand on est décorateur dans le monde du théâtre berlinois à la fin des folles années 1920, on n'a guère le choix : soit on est un ami de Bertolt Brecht, soit on n'est l'ami de personne. Egon Loeser, lui, n'admire que le précurseur Adriano Lavicini – concurrent du génial Torrelli en son temps, le XVIIe siècle – mais surtout pas Brecht. D'ailleurs, il ne comprend rien à ses pièces. Les seules choses qui intéressent Loeser sont : 1/ comment reproduire (et améliorer) la "Machine à Téléportation" que Lavicini avait conçue pour Le Prince Lézard, spectacle à la fin duquel lui et vingt-quatre personnes avaient trouvé la mort dans la destruction du fameux Théâtre des Encornets ; et 2/ comment convaincre la jeune et délicieuse Adèle de coucher avec lui (entre autres).
Apolitique et imperméable au monde qui l'entoure, Egon Loeser suivra l'acide Adèle à Paris d'abord, puis à Los Angeles, navigant dans les milieux interlopes de l'astrophysique, du cinéma hollywoodien et de l'émigration juive allemande, le tout sans jamais absorber la plus petite parcelle de conscience politique. D'ailleurs, le fait que la jeune femme qu'il poursuit de ses assiduités s'appelle Hitler n'a absolument aucune influence sur son désir.

dimanche 16 décembre 2012

Un journaliste assumant


Comme on le sait, la vie est faite de hasards, de coïncidences, de rencontres, signifiantes ou non, selon le tempérament de chacun et (peut-être) l'état d'esprit au moment où on les vit. Les miennes, de coïncidences, ont souvent tendance à tourner en eau de boudin à plus ou moins longue échéance. En voici une, assez complexe, qui a entraîné de nombreuses conséquences, pas très agréables, mais d'autant plus édifiantes.
Quelque part en mars 2003, un journaliste a fait un papier sur moi, qui a paru dans l'édition locale d'un canard régional. Ledit journaliste m'avait contacté par téléphone, ayant obtenu mon numéro par l'intermédiaire du directeur du théâtre où je suivais des cours hebdomadaires. Il m'y avait vu plusieurs fois, avait entendu parler de mon initiative (les Epistoleros, un "commando-poésie" qui devait officier pendant la semaine du Printemps des Poètes dans les rues d'Aix) et voulait m'interroger à ce sujet, voire faire un portrait, si on lui en accordait la place.

mercredi 12 décembre 2012

Alwin Nicolaïs et le Spectre du Communisme

Photo DR


Alwin Nicolaïs
ou
chronique du communisme spectral et de l'incompatibilité réputée de l'art et de la politique




Quand je vois un film américain datant de la "guerre froide", je suis toujours amusé par les réactions de vertueux personnages confrontés au "spectre" du communisme. Cela va de "Oh, mon dieu !" à "Salauds de rouges ! On les aura !" en passant par un crachat, une pâmoison, voire une simple grimace de dégoût. En tout cas, jamais le bon Américain ne manque de réagir vivement. Il y a quelques années, en me rendant à une soirée dont je n'attendais rien de particulier, j'eus la chance de vivre deux expériences hors-normes en quelques heures.

dimanche 9 décembre 2012

Le Mensonge de Pippo del Bono & Souvenirs théâtraux



J'ai plein de souvenirs liés au merveilleux monde du théâtre ; beaucoup, et de divers ordres. Du bon, du moins bon, du pas si pire, du grave, du mauvais, du mitigé, du je-sais-pas-trop, et du faut-voir autant que du j'ai-rien-compris. J'ai vu des centaines de spectacles, participé à une douzaine, dont trois que j'ai écrits, un que j'ai co-écrit, un de quelqu'un d'autre que j'ai mis en scène. J'ai vu quelques grands hommes et femmes, seuls sur scène, l'emplissant de leur présence parfaite, prouvant que le charisme et l'autorité sont des armes redoutables, qu'il faudrait retirer à certains individus qui s'en servent comme des manches ou à des fins un peu trop personnelles (je ne citerai personne ; la politique ne m'intéresse plus depuis que j'ai vu un "grand" acteur – M. Michel Blanc – déclarer en direct, avec des trémolos d'effroi dans la gorge, que la politique est une affaire de professionnels, et que lui, humble et simple comédien, ne pouvait se permettre de porter un jugement sur ce domaine. Quelques années plus tard, il interprétait magistralement un chef de cabinet ministériel tourne-casaque dans L'exercice de l'Etat ; avais-je mal compris son intervention ? Peut-être a-t-il changé d'avis).