LA BIBLIOTHÈQUE NOMÉDIENNE
avec
les Gaillards d'avant (Poppy Burton, Graham Chadwick,
Edwin
Hill, Alain Guyard, Grégoire Hervier, Marc Vassart)
L'Atalante,
2008
*
* *
Le
Passe-Muraille n°78
A
priori, il s'agit d'un livre. Lourd (1 kg 110), épais (640 pages),
grand (24 × 17,3 cm), imprimé sur papier par les éditions de
L'Atalante à Nantes. Un ouvrage paru dans la collection dédiée aux
littératures de l'imaginaire privilégiant la science-fiction, la
fantasy et le fantastique.
Une
introduction, datée du 15 juillet 2028, vient renforcer cette
impression. Il y est question d'une panne informatique mondiale et
générale qui a effacé une grande partie du savoir de l'humanité.
Ont notamment été perdues les informations se rapportant à un
mystérieux continent « égaré », la Nomédie, situé au
centre du Pacifique. [...] La
Bibliothèque nomédienne est donc un
recueil de textes regroupant les rares témoignages subsistant sur ce
continent mystérieux.
Classé
dans un ordre anti-chronologique, les 24 documents réunis reculent
de 2028 à 1828, bien que des extraits du journal de La Pérouse et
de Bougainville datent déjà des XVIIIe
et XIXe
siècles.
Mais,
au fond, de quoi s'agit-il réellement ?
En
vérité, La Bibliothèque nomédienne
est le résultat étonnant d'un atelier d'écriture ! Sur la
base d'une trame et d'un certain nombre de contraintes élaborées
par Alfred Boudry, les participants à cet atelier – les
« Gaillards d'avant », soit Poppy Burton, Graham
Chadwick, Alain Guyard, Grégoire Hervier, Edwin Hill et Marc
Vassart – avaient pour consigne d'apporter des témoignages
indirects de l'existence de ce continent chimérique. le moins qu'on
puisse dire, c'est qu'ils y réussissent à merveille.
Les
différents documents sont signés de noms imaginaires, qui apportent
paradoxalement une certaine crédibilité à l'affaire. A force
d'indices qui se recoupent ou se contredisent, on finirait presque
par croire à l'existence de ce continent « égaré ».
L'habileté des auteurs consiste à se référer à des études
sérieuses et des noms qui font autorité, comme dans cette étude
assez aride de la langue nomédienne. Très variés, les textes
apportent des points de vue extrêmement différents les uns des
autres et créent pour ainsi dire une utopie virtuelle en lui
conférant de l'épaisseur. On peut ainsi lire des journaux de
voyage, un rapport scientifique sur le condylure nomédien, une
puissante réflexion sur les motivations de l'aventurier, un
catalogue d'exposition sur les œuvres de Vrilya Hrönir, dont la
visite se fait aux risques et périls du visiteur, des articles
scientifiques sur des sciences nouvelles comme la crypto-ethnologie
ou l'hypothéticologie.
Au
chapitre des réussites, mentionnons Les
oiseaux lents, excellent récit, assez
génial, bien conduit, d'une qualité littéraire et d'un ton
assurés, doté d'un bon suspens. La
beauté universelle réussit le tour de
force de respecter la vérité historique en confrontant un homme qui
semble tout savoir sur la Vénus de Milo et Dumont d'Urville, le 8
mai 1842, dans le train qui subira la première catastrophe
ferroviaire française, à Meudon. Le recueil contient même un
roman, Le Nombril du Monde,
de Marc-Antoine Jean-Julien Hégésippe-Maxence Badelaine-Montesquieu
le Haut-Rolland, dit « Badin », preuve que l'humour est
aussi de la partie.
Mais
l'aventure du continent « égaré » ne s'arrête pas là.
En effet, Alfred Boudry et les Gaillards d'avant mettent
généreusement à disposition de tout auteur leur univers. Il est
donc possible de les rejoindre et de poursuivre l'exploration de la
Nomédie en y apportant sa propre contribution. Les meilleurs textes
seront à leur tour publié sur papier dans un nouveau volume. Tous
les détails se trouvent sur http://eratos10.free.fr.
En
ces temps de crise, participer à la création à l'évolution d'une
utopie, n'est-ce pas un défi fascinant ?
Cette
Bibliothèque nomédienne
est une œuvre incomparable et captivante. Ce patchwork de récits de
toute sorte qui a pour résultat d'amener le lecteur à douter et à
croire, peut-être, à la possibilité de l'existence d'un continent
inconnu montre, comme peu de livres savent le faire de nos jours, la
puissance de l'imaginaire et la force de la littérature.
Jean-François
Thomas
lelibraire.org
& revue Solaris
Comme
on aime aussi à l'occasion se faire brasser en lisant, voici La
bibliothèque nomédienne, d'Alfred
Boudry avec les Gaillards d'Avant.
Là,
on est dans le moderne, et même le postmoderne ! Et s'il
existait en plein milieu de l'Atlantique, là où se trouve le fameux
« pot au noir », un énorme continent jamais découvert, ou bel et
bien découvert, mais tenu secret au cours des siècles pour des
raisons... qu'on essaie d'élucider dans ce livre ? À partir de ces
prémices, Alfred Boudry et ses complices ont produit un des livres
les plus jouissifs qu'il m'ait été donné de lire ces derniers
temps et qui redore à mes yeux le terme désormais galvaudé de
«fusion» lorsqu'il est appliqué aux genres dits populaires. Sa
création semble une gageure, puisqu'il a été produit par une
quinzaine de paires de mains, les membres d'un atelier d'écriture se
tenant à Montpellier. Et pourtant, les diverses parties du texte
(qui nous font voyager dans le temps, de la découverte des Amériques
à aujourd'hui) s'articulent parfaitement, avec tout un jeu d'échos
et de correspondances qui donnent le tournis par tout ce que ces
dernières suggèrent sans jamais, bien sûr, le révéler […]
Ce
« livre mosaïque » est à la fois une utopie, une histoire
parallèle (ou « uchronie »), de la philosophie, un pastiche du
roman d'aventures, des récits de voyage héroïques, des exposés
scientifiques et des enquêtes sur un mystère. Le tout avec un
délicieux humour pince-sans-rire, mais en posant aussi des questions
extrêmement sérieuses sur les conditions de toute connaissance, à
travers des relations de voyages, des articles de revues spécialisées
(souvent désopilants), des lettres, des journaux - documents où il
est parfois bien difficile de départager le vrai et l'inventé, et
cela fait partie du plaisir proprement « uchronique » de la chose.
Les amateurs de science-fiction déjantée remarqueront qu'on se
trouve dans les parages de Borgès (Tlön
Uqbar Orbis Tertius plus que La
bibliothèque de Babel) autant que de
Stanislas Lem et de sa bibliothèque solarienne (Solaris,
le livre, pas le film), de ses faux articles d'encyclopédie du futur
ou de ses critiques de livres inexistants (Imaginary
Magnitude, Mortal
Engines). Les autres devraient se
laisser prendre sans réticence aux plaisirs de la fiction - et de la
méta-fiction - qui propulsent cet ovni littéraire.
Elisabeth
Vonarburg, www.lelibraire.org
, 19 février 2009
Bifrost
>>>
***
bibliobs.com
La
Bibliothèque nomédienne, publié à
l'automne 2008 chez l'Atalante, est un ouvrage d'Alfred Boudry et les
Gaillards d'avant. Un ouvrage collectif ? Curieux !
Prenons-le : mazette, il fait bien son kilo, et la couverture -
splendide, par Lola Luna - représente une galaxie en spirale centrée
sur un nautile.
La
reliure est solide (il y a dix ans, les pages du Septième
Fils, d'Orson Scott Card s'envolaient
presque tout de suite). Le contenu est à l'image du contenant :
riche, dense, complexe parfois... mais jamais ennuyeux. La
Bibliothèque nomédienne, c'est la
description de l'extérieur d'un continent imaginaire situé au
centre du Pacifique. De l'extérieur, car c'était là l'une des
contraintes imposées pendant l'atelier d'écriture à l'origine du
projet: le continent est vu/pressenti/rêvé/imaginé par ceux qui,
depuis le XVIe siècle, le cherchent ; souvent au péril de leur
vie.
James
Churchward avait cru dans les années 1960 trouver les traces d'un
tel continent, Mu, le continent perdu. Ses livres - on ne les trouve
plus que dans les bacs des soldeurs, dans la collection « J'ai
Lu, l'aventure mystérieuse », vous savez ? les petits
livres rouge et or - sont à l'origine d'un album de Corto
Maltese (Mu,
la cité perdue). Pierre
Benoit, plus rêveur et poète que
mythomane, a décrit une cité saharienne d'Amazones qui a des
allures de Topkapi (L'Atlandide).
Récemment, Yves Paccalet
a, dans un petit livre, recensé tous les versions du mythe de
l'Atlandide. Eh bien, La Bibliothèque
nomédienne c'est : la poésie de
Pierre Benoit + des aventures à la Corto Maltese + la véhémence
utopique de Churchward + l'érudition de Paccalet.
Ouvrage
résolument antimoderne, car collectif et utopique, le style de son
maître-d'œuvre est impeccable : à la fois riche et précis,
foisonnant et documenté. Car la Nomédie n'offre pas une trame
narrative linéaire ; c'est un buisson, une arborescence, un
labyrinthe qu'il est possible d'explorer en partant de n'importe quel
point. Cela rend chaque lecture unique et, en soi, une expérience,
un voyage. Certains diront : « Mais il n'y a pas
d'histoire ! » Je leur répondrais : il y en a cent !
D'autres diront : « C'est compliqué ! ». Je
dirais : oui parfois, mais rarement.
Vous
trouverez dans la Nomédie (pour 25 €) : des articles
scientifiques, une romance, plusieurs novellas, une critique d'art
hilarante, un catalogue d'objets, une analyse linguistique, de
l'anthropologie expérimentale, des lois économiques alternatives,
une saynète dont les acteurs sont des écrivains morts, etc., et des
tas d'histoires qui s'entrecroisent. Il est donc possible de s'amuser
à trouver des liens entre les chapitres, puisqu'il y en a, mais ce
n'est pas le cœur du projet.
Il
y a indubitablement dans la Nomédie, une pincée du Dictionnaire
Khazar de Milorad Pavic, une once de La
Cité des saints et des fous de Jeff
Vandermeer, un reflet du Lanark
d'Alasdair Gray et surtout, un vieux
rêve de Jorge Luis Borges. Lire en Nomédie, c'est revisiter toute
l'histoire de l'exploration du Pacifique - le mystère La Pérouse
bien sûr - mais aussi côtoyer Cook, Bougainville, interpeller
Dumont d'Urville, suivre à la trace Jean-Baptiste Barthélémy de
Lesseps dans son périple de retour du Kamtchatka, et rencontrer cent
autres personnages mystérieux qui nous disent vaguement quelque
chose, car nous les pensions disparus corps et biens.
Peu
d'ouvrages dans la production littéraire française actuelle,
dominée par l'autofiction, offrent à ce point la possibilité de
s'évader et de découvrir de nouveaux mondes. La
Bibliothèque nomédienne est
un livre de chevet idéal ; vous pouvez picorer à l'intérieur,
le commencer par n'importe quel bout, le lire dans le désordre,
l'abandonner et le reprendre, plus tard ou ailleurs ; tout est
bon. Il a été écrit pour cela. Tout n'est pas forcément facile,
mais que diable ! si vous voulez dormir en lisant, il reste
Lévy
ou Musso !
Voyager
en Nomédie, c'est vivre littéralement une aventure : découvrir
des paysages enchanteurs de premiers matins du monde, mais aussi
affronter de terribles coups de vents ; c'est, parfois, prendre
le temps de réfléchir et pourquoi pas, oser ouvrir un dictionnaire
ou une encyclopédie, ou pis encore, un atlas. En cinglant vers les
mers du sud avec nos Gaillards d'avant, je vous invite à enrichir
votre périple (la bibliographie est abondante) ; vous
pouvez aussi (et c'est peut-être le plus important) participer
vous-même à l'aventure, car l'auteur principal et les Gaillards
d'avant vous proposent, sur leur
site, de
tenter votre chance en gréant votre propre galion, c'est-à-dire en
écrivant votre propre description de la Nomédie.
A
tous, bon vent !
Marco
Polo
Le
Courrier français
Un
ouvrage d'exception peut parfois ne pas venir seul ! La
Bibliothèque nomédienne, ouvrage
collectif signé Alfred Boudry et huit autres fous littéraires (six
rédacteurs et deux graphistes), retrace l'histoire d'un continent
quelque part au milieu du Pacifique, apparaissant puis se
volatilisant au fil des siècles. Le mystère de la Nomédie, pure
création littéraire, est retracé depuis sa première découverte,
faite évidemment par des navigateurs du XVIIè siècle... Continent
fantôme ? Second Atlantide ? La Nomédie, objet de quête, devient
rapidement objet de rêve, création littéraire au fil des
nombreuses pages de ce " roman " où s'entassent documents
et témoignages, sorte d'énorme dossier au fil des siècles
d'histoire et de mythes...
Comme
chez Danielewski, l'écriture éclate, se fragmente et se recompose
au fil du temps, et ce sont quatre siècles de témoignages et
d'inventions à travers une Histoire revisitée qui nous sont livrés
dans cette frasque étonnante. Plus qu'un roman, cet ouvrage est un
voyage que l'on voudrait infini.
Christian
Robin, Le Courrier français
n° 3341, 26 septembre 2008
Science-fiction
magazine
L'histoire
littéraire est émaillée de ces livres décrivant des continents
perdus ou oubliés, enfouis, resurgissant des flots au gré des
marées, tremblements de terre ou de quelque mystérieux jeu de la
nature. Ces cités célestes, ces îles du bonheur sur lesquelles
courraient encore nos chers ancêtres dinosaures sont légions. Rares
furent celles qui suscitèrent autant d'enthousiasme. Qu'est-ce donc
que la Nomédie ? C'est un continent mythique qui servirait en
quelque sorte de terre promise née d'on ne sait quel miracle
géologique, quelque part au beau milieu du Pacifique. Le point du
vue du livre part du fait que, le monde ayant connu un cataclysme
informatique général, les données sur cette terre se sont vu
effacées, égarées.
Des
compilateurs décident alors de se réunir autour d'une nouvelle
fondation d'archives relatives à cette patrie des rêveurs/voyageurs,
et vont faire en sorte d'en établir une eschatologie à rebours.
Contactant des confrères ou parfois de parfaits inconnus, ils
réinventent le mythe par le seul moyen qui leur reste, l'écriture...
Partant
d'une judicieuse thématique de science-fiction sur la disparition de
l'information, la bande de joyeux drilles et de passionnés à
l'origine de ce nouvel ovni s'est amusée à un exercice somme toute
assez difficile dans le genre : la croyance. Le postulat étant
d'affirmer comme valide l'existence d'une terre mythique, lieu de
tous les possibles, les compilateurs vont s'amuser à l'exercice du
fix-up, à savoir l'édification lente et méticuleuse d'une vaste
toile de fond faite de textes et de témoignages, enquêtes de
logiciens ou déambulations de promeneurs solitaires autour d'un
noyau central, cette île mystérieuse. Difficile d'en résumer le
corpus. Se nourrissant de lieux communs du genre comme ces "et
si" bien connus de l'utopie, cette bande de copains s'est donc
amusée à croire en un rêve collectif, chaque chapitre servant à
alimenter une communauté de sentiments sincères et dévoués à
cette île rêvée. De La Pérouse à soi-même, ce magnifique
recueil nous invite dans un va-et-vient entre passé et "futur
présent" à un même voyage intérieur. Les documents qui
accompagnent le texte sont autant de pièces à ajouter au mythique
musée surnaturel d'un Humboldt-Fonteyne que les témoignages
sincères sur la survivance sentimentale d'une terre de tous les
espoirs.
Un
très beau recueil, plein de chapitres poignants, passionnés,
parfois amers ou gais, jamais désespérants, qui rappelle combien le
mot suffit parfois à simplement supporter la pénibilité du grand
présent par lequel nous ne faisons que passer, sans aucune
explication à l'être-là. Ce recueil n'apporte pas de réponse, il
ouvre des chemins de traverse et des sentiers lumineux aux voyageurs
insatiables qui n'ont jamais oublié leur serment de rêveur
impénitent.
Emmanuel
Collot
nooSFere
Qu'est
ce que La Bibliothèque nomédienne ?
Ce livre-concept résulte d'un projet initié dans un atelier
d'écriture montpelliérain animé par Alfred Boudry. Pour stimuler
ses « élèves » (surnommés les Gaillards d'Avant), ce
dernier leur a proposé de construire un monde à partir d'un texte
original, avec pour principale contrainte de devoir aller « un
peu au-delà de leur imagination ».
Le
récit primitif, "Et si La Pérouse avait trouvé ce qu'il
cherchait ?" ouvre le présent ouvrage et relève à
l'évidence de l'uchronie : son auteur imagine que La Pérouse a
découvert dans le Pacifique une île paradisiaque, la Nomédie. A
partir de là se développe une Histoire parallèle à la nôtre,
jusqu'aux années 2020, date à laquelle le réseau informatique
mondial plante au point d'effacer toutes les données enregistrées
sur les disques durs. Au redémarrage du réseau, la Nomédie a
disparu ! Voila donc rassemblés dans ce livre tous les documents
relatifs au « continent égaré » qui ont pu être retrouvés et
qui dressent le bilan d'une utopie fondée sur cette hypothèse
uchronique. […]
En
effet, La Bibliothèque nomédienne
est un ouvrage utopiste, un roman qui dépeint un monde meilleur, un
paradis dont nous savons qu'il n'existe pas et qu'il ne peut exister,
dans la lignée d'un genre très ancien dont l'œuvre fondatrice,
l'Utopia
de Thomas More, date du XVIème siècle. Dans ce roman-mosaïque, les
auteurs sont allés un peu au-delà de leur imagination et ont fait
ce que nous aimons tous faire : rêver d'un monde meilleur, loin de
notre matérialisme effréné et de notre individualisme outrancier.
La Nomédie est utopique, non parce que c'est une île paradisiaque
où il fait toujours beau et où les filles sont belles, mais parce
que ses habitants ne connaissent pas l'argent, la propriété, la
haine, ni même la religion... Ils y vivent totalement heureux.
En
soi, la peinture d'une utopie n'est pas un projet très original.
Mais ici les écrivains ont travaillé la forme de manière extrême,
pour façonner une utopie indirecte. Selon une autre règle énoncée
par le capitaine, nous n'avons pas affaire à l'histoire d'un
nomédien plongé dans une intrigue avec un début, un milieu et une
fin mais à un recueil de documents et d'œuvres disparates. Cela va
d'un essai sur la langue nomédienne à un véritable roman, en
passant par des études sur les animaux de ce continent, divers
autres essais, des nouvelles... et même un projet de scénario
évoquant le continent égaré. Cette variété dans les formes
permet de ne pas s'ennuyer, d'autant que si les documents sont de
tailles diverses, la plupart ne dépassent pas une vingtaine de
pages. De plus, elle offre un regard extérieur, « occidental »,
sur ce continent : le regard d'un étranger qui découvre un monde
nouveau. C'est d'ailleurs peut-être cette vision qui embellit cet
univers et en fait une utopie. On peut imaginer que les narrateurs
déforment la réalité (même involontairement) pour voir dans la
Nomédie le monde meilleur qu'ils espèrent. Voilà encore un des
intérêts du livre : bien que nous sachions qu'il n'existe pas d'île
égarée dans le Pacifique (d'ailleurs qu'en savons-nous ?), on se
met à rêver avec les auteurs de sa possible existence, car les
divers récits apportent en même temps qu'un certain degré de
réalisme, une incontestable dose de doute (paradoxal, non ?).
Avant
de conclure, je me permets de relayer deux appels formulés par
Alfred Boudry : il souhaite d'abord voir continuer l'aventure, la
recherche / découverte du Continent Egaré, et il invite tout un
chacun à venir écrire sur la Nomédie, sur sa Nomédie. Pour cela,
il suffit d'aller sur le site http://eratos10.free.fr
et d'embarquer.
Le
second appel est moins sérieux (ou peut-être plus, au contraire)
puisque les Gaillards d'Avant s'adressent à Crésus : si vous êtes
« riche à crever », si « vous avez quelque part dans le monde, un
coin de paradis où vous n'avez jamais mis les pieds parce qu'il n'y
a pas de casino à proximité » alors « donnez-la nous ». A bon
entendeur...
Au
final, cette monumentale Bibliothèque forme une œuvre incomparable
et très réussie. En dépit de l'extrême étrangeté de certains
documents, cette uchronie utopiste s'avère suffisamment réaliste et
envoûtante pour que cet original patchwork de récits de toutes
formes permette à l'univers imaginé (désiré ?) par ses auteurs de
prendre vie sous nos yeux.
Gaëtan
DRIESSEN, Noosfere
, 24 février 2009.
bibliomanu.blogspot.org
Voici
quelques mois, j'avais entendu dire qu'un OLMOepcNI (Objet Littéraire
Mystérieux et Original et, par conséquent, Non Identifié)
viendrait semer le trouble sur les tables ronronnantes des librairies
de l'Imaginaire. On le disait également issu d'un atelier d'écriture
et cette information seule suffit à muer ma curiosité en une réelle
impatience. Sans doute parce qu'en plus de l'élaboration d'une
histoire et de la narration qui s'ensuit, il s'agit là d'un
processus d'écriture fascinant, souvent méconnu d'un point de vue
pratique et qui aboutit rarement à une édition de cette trempe là.
Ah oui, parce que j'avais oublié de vous dire que cet ouvrage,
d'après mes premiers renseignements, devait voir le jour dans une
collection de référence en matière de science-fiction, j'ai nommé
: La Dentelle du Cygne aux éditions
de l'Atalante qui,
une fois n'est pas coutume, étaient disposées à jouer la carte de
la découverte et de l'innovation.
Et
puis... Il y eut la confirmation (tant attendue !) qu'on tenait
bien là un OLMOepcNI dans toute sa splendeur. Esthétiquement
parlant, une véritable réussite : un format à ma connaissance
jamais utilisé par cette maison d'édition ; une couverture qui
résonne à elle seule comme un appel à l'évasion ; un papier digne
de ce nom...
Très
bien, très bien, vous dites-vous certainement, mais la Bibliothèque
nomédienne,
c'est quoi au juste ?
Voici
le moment où j'aurais bien été tenté de me débiner tant il est
difficile de résumer un tel ouvrage. Mais loin de moi, aussi, l'idée
de vous laisser en plan car je ne saurais trop vous inviter à le
lire comme il vous plaira, d'une traite, dans l'ordre, de ci, de
là...
En
2026, quelques années avant le Big Bug qui a vu tous les réseaux
informatiques voler en éclats, et remis au goût d'un autre âge les
techniques de communication, la Nomédie, continent "égaré",
serait à nouveau apparu au coeur du Pacifique.
Durant
ce laps de temps où les réseaux répondaient aux abonnés absents,
le comité de rédaction de la Bibliothèque nomédienne a entrepris
de remonter à la source de ce continent mystérieux ayant suscité
bien des passions et fait couler de l'encre sans qu'elle ne soit
forcément nommée. Pour ce faire, les membres de cette cellule ont
collecté des documents traitant de la Nomédie auprès de tous ceux
qui étaient susceptibles d'en posséder : en tout et pour tout
vingt-quatre documents de styles, de tailles, de longueurs et de
formes variables qui invitent à l'exploration et à la découverte
de la Nomédie.
Peu
nombreux ont été les textes auxquels je n'ai pas adhéré, car il y
en a eu, soit parce qu'ils étaient trop longs, soit parce que je
n'avais pas les clés ni les connaissances pour les assimiler
pleinement. Mais c'est bien là peu de choses au regard de cette
fascination émergente et continue pour la Nomédie et ses habitants
insaisissables : l'aventure (et l'aventurier !), l'exploration,
le langage, la faune, la flore, l'art, les absences d'us et de
coutumes... et j'en passe, bien sûr, l'étendue est si vaste qu'elle
mérite qu'on y revienne de temps à autre.
A
noter tout de même, là où les dystopies se font l'écho des
travers de nos sociétés à trop vouloir jouer avec le feu, Alfred
Boudry et les Gaillards d'avant ont préféré, eux, dresser le
tableau vivant d'une utopie riche et passionnante où l'Homme n'est
pas qu'un loup pour l'Homme et où la simplicité fait figure d'
aspiration récurrente. "Par
contre, je vous promets qu'à l'instant où nous toucherons à notre
but mon statut deviendra celui d'un homme simple".
La
représentation en est en tout cas saisissante.
"Car
qui sait ? peut-être en refermant ces pages suffira-t-il au lecteur
inspiré de sortir de chez lui pour se retrouver en plein coeur de la
Nomédie".
Je
vous laisse sur ces mots, je continue mon propre voyage.
Emmanuel
Quentin
La
Gazette de Montpellier
L'Arche
de Nomédie :
L'aventure
de la Bibliothèque nomédienne
a commencé en 2006 au cours de l'atelier d'écriture bilingue de la
librairie montpelliéraine BookInBar. A partir d'un texte signé par
le capitaine Boudry (Alfred de son prénom, traducteur au Diable
vauvert, auteur et metteur en scène de théâtre, mi-aixois,
mi-montpellérain) et inspiré des journaux des explorateurs La
Pérouse et Bougainville. Les membres de l'atelier devaient écrire à
sa suite en évoquant une terra
incognita : la Nomédie. Une
contrainte, entre autres : évoquer la Nomédie sans user de la
technique du témoignage direct.
S'y
sont collés : Marc Vassart, vétérinaire et romancier, Poppy
Burton, poétesse américaine vivant en France, Alain Guyard,
professeur de philosophie, Grégoire Hervier, auteur de polars,
Graham Chadwick, un Britannique à la raison sociale indéterminée,
et Edwin Hill, documentariste australien.
Le
résultat est un pavé improbable, assez génial, un grand naufrage
organisé d'une veine aventurière et encyclopédique à la Tristam
Shandy, où l'on croise Freud fumant la
pipe, Amélie Nothomb maniant un sabre japonais, des terres
idylliques où l'on ignore les notions d'autorité et de mauvaise
foi, des voiliers échoués, des lettres, des journaux, des rapports
scientifiques, en français, en créole, une conférence à la
faculté de Montpellier, une taupe qui mange plus vite que son ombre,
une analyse confondante sur les difficultés à jouir de
l'aventurier...
Ce
continent théorique étant inventé, Boudry et ses acolytes
cherchent un lieu pour cette Arche de Nomédie (complètement
nomédien, ce Boudry).
Valérie
Hernandez, La Gazette de Montpellier n°1070, décembre 2008
La
Gazette de Nîmes
C'est
le livre le plus excitant de la rentrée. La Bibliothèque
nomédienne, publiée aux éditions l'Atalante, est un "roman
mosaïque" écrit à plusieurs mains. Un recueil des textes
existants sur la Nomédie, ce fameux continent égaré qui se situe
presque, mais pas tout à fait, au milieu du Pacifique.
Explorations :
à l'origine de ce projet, Alfred Boudry, auteur pour le théâtre,
traducteur et graphomane de toujours, il a l'idée d'élargir un
atelier d'écriture qu'il anime au Bookinbar de Montpellier.
"L'évidence de la Nomédie m'est apparue grâce à une carte
qui représente toutes les grandes explorations au cours de
l'histoire. Sur cette carte, une zone inexplorée, un pot au noir
grand comme quatre fois la Méditerranée, où nul, faute de vent, ne
s'est jamais aventuré. Pour Alfred Boudry, ce monde existe bel et
bien, et "La Pérouse lui-même l'aurait trouvé".
Les
membres de l'atelier et quelques autres sont invités à imaginer une
"utopie sans règles, en creux". Alain Guyard, animateur
des cafés-philo de l'association Diogène Consultants, est de
l'aventure, de même que Marc Vassart, vétérinaire écrivain,
Grégoire Hervier, auteur des romans Scream
Test et Zen
City, l'Américaine Poppy Burton,
l'Anglais Graham Chadwick et l'Australien Edwin Hill. Le résultat
est envoûtant. Ces Gaillards d'avant invitent ceux qui le souhaitent
à poursuivre l'aventure de la Nomédie.
Frédéric
Delon
Un
dernier livre avant la fin du monde <undernierlivre.net>
Je
ne sais pas vous, mais à l’approche des premiers frimas, après ce
passage à la grise heure d’hiver et tandis que les jours
s’amenuisent, je m’enfuirais bien. Loin. Dans un endroit qui
existerait à peine. Et vous savez quoi? Ça tombe bien…
Il
existe quelque part sur la planète, probablement au centre du
Pacifique, là où s’arrêtent brusquement les îles Marquises, un
continent appelé Nomédie. Si si. On retrouve des traces de son
existence dans de nombreux textes et autres formes de témoignage
remontant jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. Mais la Nomédie a
disparu. Encore. Car elle a une fâcheuse tendance à clignoter cette
Nomédie, émergeant et s’immergeant selon son humeur, se laissant
découvrir pour mieux s’éclipser. A la suite de sa dernière
disparition, qui coïncide avec le crash de 2 ans du réseau
informatique mondial, un comité de rédaction décide de réunir
tous les documents restants qui identifient ou évoquent le continent
égaré. Lettres, catalogue d’exposition, récit, articles
scientifiques… 24 documents dont l’authenticité a été
rigoureusement vérifiée, pour preuve d’existence.
Parce
que des sceptiques il y en a eu, et je suis sûre qu’il en subsiste
encore un certain nombre. Mais les travaux regroupés dans La
bibliothèque nomédienne devraient rendre justice à tous ceux qui
sont passés pour fous au cours des siècles. Analyses linguistiques,
travaux sur la faune locale (êtes-vous familier du condylure
étoilé?), correspondances, journaux de marins, traités
d’hypothéticologie… Tout ce qui reste de connaissances sur le
continent égaré est à portée de main, le meilleur comme le pire…
Car entre réalité et fantasmes, il est parfois dur de regarder
derrière le voile (de brume), ou d’en être arraché sans savoir
quand, et si, on pourra y retourner.
Travail
pour le moins original, La bibliothèque nomédienne est née à
l’initiative d’Alfred Boudry et de ses 6 Gaillards d’avant,
groupe franco-anglais (de langue) qui a travaillé plusieurs mois,
voire plusieurs années sur ce projet. Utopie uchronique (ou était-ce
l’inverse), La bibliothèque est un livre-puzzle à entrées
multiples dont l’île illusoire (ou pas…) est encrée dans la
réalité grâce au talent et à l’intelligence de ses rédacteurs.
Je
pourrais encore en dire beaucoup, mais le meilleur moyen de
comprendre la Nomédie c’est encore d’y aller, quelque soit les
risques. Et puis je dois faire ma valise, retrouver mon passeport,
trouver un bateau. C’est loin le Pacifique…
Marcelline
Perrard
LA DIGITALE
actuSF,
2010
nooSFere
Alors
qu'Alix Sexy Grey, enquêtrice indépendante, manque de boulot, un
client potentiel apparaît enfin à sa porte. Mais avant qu'il ait pu
dire un mot, le voilà terrassé par une crise cardiaque. La jeune
femme, entêtée, décide d'enquêter sur les motifs de la visite du
vieillard et nous entraîne alors dans l'univers du parfum et des
machinations financières.
Alfred
Boudry s'inspire ici des grands romans d'espionnage pour créer une
intrigue foisonnante, aux ramifications toujours croissantes. Il
emprunte au polar noir son style percutant et rapide mais aussi son
personnage désabusé. Enfin, côté SF, il mêle anticipation,
univers post-apocalyptique et réalité virtuelle, imaginant un futur
proche où une grande catastrophe (l'Effondrement de la Grande Faille
de l'Océan Atlantique) a balayé l'Amérique et tué près de deux
milliards d'individus, où les américains les plus riches ont trouvé
refuge en Islande en y parquant les autochtones.
Ce
mélange des genres permet à Alfred Boudry de jouer sur beaucoup de
tableaux à la fois : critique sociale, action, complot,
questionnement sur la réalité, et même analyse du fonctionnement
de notre odorat. S'il paraît assez difficile de tenir autant de
thèmes dans un format aussi court, l'auteur surmonte aisément
l'épreuve. Premier point positif : l'intrigue, bien ficelée et
bien amenée, ne comporte aucun temps mort. Deuxième avantage :
le personnage haut en couleur d'Alix — jeune femme
indépendante, grande gueule, entêtée, etc. — s'avère
l'héroïne idéale pour faire bouger les choses et développer
l'histoire.
Enfin,
dernier élément de la réussite de l'œuvre : sa forte dose
d'humour. De celui qui faire rire le lecteur tout seul devant son
livre. Un humour noir tout d'abord, propre aux polars les plus
sombres, mais aussi ce mélange si efficace d'ironie désabusée et
distanciée, de réflexions ridicules ou encore de non-sens. Par
l'intermédiaire de son personnage cinéphile, Alfred Boudry ajoute
encore une autre saveur : de nombreuses références au septième
art. Ainsi, au détour d'une page, en pleine intrigue, Alix a d'un
coup envie de déclarer à un interphone « Dick Laurent est
mort »... On met quelques secondes à réagir puis on se
surprend à rire : ce genre de références idiotes semble
tellement inapproprié et pourtant réaliste (qui n'en a pas en
tête ?) que le récit en devient meilleur. Le lecteur attentif
découvrira ainsi plusieurs clins d'œil, plus ou moins faciles à
percevoir.
Le
seul défaut de l'ensemble tient peut-être au caractère artificiel
du dénouement. En effet, le radicalisme final d'Alix manque de
réalisme. Malgré son fort caractère, elle semble plus blasée
qu'engagée, aussi son changement abrupt d'humeur vers des prises de
position relativement violentes rend le personnage moins crédible.
En outre, cette fin laisse un goût d'inachevé, car si l'histoire
est cohérente et si toutes les pièces se mettent parfaitement en
place, la révélation ultime reste trop rapide pour ne pas
déstabiliser le lecteur.
Malgré
ce petit point négatif, La Digitale demeure un livre marquant
et jubilatoire, qui se lit d'une traite. De plus, sous le vernis d'un
très bon divertissement, se cache une critique de notre société et
de son système punitif : ce roman réussi n'est pas si anodin
qu'il y paraît.
Gaëtan
DRIESSEN : 2/5/2010
Bifrost
n° 60
Alix
S. Grey (S. pour Sexy) est détective privée. Comme tous ses modèles
classiques, elle a besoin d'argent. Comme ses prédécesseurs, elle
manie l'humour brut avec aisance. Comme eux, elle se retrouve dans
des situations rocambolesques.
Un
matin, un client arrive dans son bureau, s'assied... et meurt devant
elle. Sans raison apparente. Sans avoir pu dire quoi que ce soit de
révélateur. Quelques maigres indices lui permettent de se diriger
vers le monde du parfum et de ses créateurs. C'est le début d'une
enquête au rythme haletant.
Le
point de départ de l'écriture de ce roman est, selon Alfred Boudry,
un concert de Dead Can Dance et une odeur. La relation entre les
deux. Les liens entre parfums et sentiments, l'influence des premiers
sur les seconds. C'est effectivement l'un des thèmes qui traversent
ce récit, très riche en sujets de réflexion pour qui le souhaite.
Mais c'est avant tout un roman policier digne de ceux de Dashiell
Hammett ou de Léo Malet.
L'auteur
s'est amusé en écrivant ce récit et le lecteur lui emboîte le pas
avec plaisir. Le ton est léger, malgré la violence de certaines
scènes, et on ne peut s'empêcher de penser à Audiard, aux livres
et films policiers de cette époque. L'intrigue y était assez
simple, les personnages bien troussés, les répliques ciselées.
Alfred Boudry a d'ailleurs truffé son roman de citations et de clins
d'œil (Ah ! Le « Hou ! Li-Po ! », le
« Kwisatz-D.R.H. » !).
Il a créé pour l'occasion une famille digne des soap-opéras les
plus farfelus (il nous en fournit même l'arbre généalogique !).
Le
personnage de l'héroïne rappelle au début « Temple Sacré de
l'Aube Radieuse », le héros de Roland C. Wagner
dans ses « Futurs Mystères de
Paris ». Les deux semblent
inspirés d'illustres ancêtres classiques. Le monde dans lequel ils
évoluent a été bouleversé par une grande catastrophe. Mais la
comparaison s'arrête là : le rythme et l'atmosphère
diffèrent. Roland C. Wagner peut, au cours des nombreux volumes de
sa série, développer le personnage à loisir. Alfred Boudry, au
regard de la brièveté de son format, doit aller à l'essentiel :
une action débridée, passionnante et réjouissante.
Cependant,
le monde qui apparaît derrière cette histoire est tout sauf
plaisant. La Faille s'est effondrée. De là sont nés sept tsunamis,
dont l'un de 150 mètres de hauteur. Les morts se sont comptés par
milliards. Les survivants ont dû se réfugier sur le peu de terres
encore habitables, dont l'Islande, où les glaciers ont disparu.
C'est là que se déroule l'ensemble de La
Digitale.
Malgré
le choc causé par cette catastrophe, les hommes ont fini par recréer
un monde. Mais aussi injuste qu'avant. Le constat est tragique, d'une
épouvantable banalité : quoiqu'il arrive, l'être humain a
toujours tendance à recréer des privilèges, à tenter d'obtenir
plus que son voisin, à oublier le bien commun à son profit.
La
Digitale est un roman léger en
apparence, rapide à lire ; on s'y plonge sans effort et avec
délectation. Ce qui ne l'empêche pas de brasser des thèmes
profonds et sombres. La chute de ce récit, préparée par
l'introduction, en est d'ailleurs un bon exemple. Un exemple qui nous
incite à replonger dans l'aventure, à déguster une nouvelle fois
ce bonbon amer au parfum enivrant. Une réussite.
Raphaël
GAUDIN : 1/10/2010
Mythologica.net
ActuSF
est actuellement la maison d’édition qui monte grâce notamment à
une politique éditoriale qui offre au lecteur une qualité de texte
rare. La Digitale est un de leurs deux derniers nés, une novella de
science-fiction policière qu’il est difficile de quitter. Alfred
Boudry, auteur qui m’était jusqu’alors inconnu, a su me
conquérir d’une plume sagace, pleine de bons mots et qui parvient
à garder le mystère entier jusqu’à la dernière page. Mais
entrons plus avant dans ce monde dévasté qui nous est proposé…
La
couverture signée Owen Freeman donne réellement une idée de ce que
le lecteur va découvrir à l’intérieur du roman : un mystérieux
flacon, une femme charmante et une sombre intrigue où tout vient
s’emberlificoter… De plus elle est, à mon goût, l’une des
plus esthétiques du catalogue ActuSF. Bref, pour ce qui entoure la
novella, je n’ai rien eu à redire.
Passons
maintenant au vif du sujet. Personnellement je trouve qu’une phrase
résume à merveille ce texte : « Une coïncidence, ça ne veut rien
dire, deux coïncidences, ce n’est qu’une coïncidence, trois
coïncidence, c’est le début des emmerdes. » Et des coïncidences
et des emmerdes, Alix va en connaître, et plus qu’elle ne pense…
Tordue
à souhait, cette novella réserve bon nombre de surprises à ses
lecteurs. Entre son univers post-apocalypse climatique et ses mailles
tressées entre les personnages, un ravissement sans nom s’empare
du lecteur lorsqu’enfin, après 175 pages il parvient enfin à
comprendre… Et croyez-moi, la fin n’est pas celle à laquelle
vous pourriez vous attendre. Jouant sur des effets de manche à
répétition Alfred Boudry créé une aventure à laquelle je n’ai
pas trouvé son pareil.
Les
véritables polars SF sont suffisamment rares pour être signalés
mais si en plus ils sont de qualité je pense sincèrement qu’il
faut en parler. Car mêler deux genres n’est jamais simple :
l’intrigue d’un polar peut parfois s’adapter assez
difficilement aux contraintes de la SF. Dans le cas de La Digitale,
Alfred Boudry parvient à créer un univers, un personnage
charismatique et à faire en sorte que le lecteur ait vraiment envie
de le suivre de A à Z. Ce n’est pas rien…
La
Digitale est l’un des deux sorties de ce début d’année pour les
éditions ActuSF et la qualité est une fois de plus au rendez-vous.
Polar saignant et intriguant à souhait, novella de science-fiction
avec un univers entier créé pour ses besoins, texte rare de part sa
qualité. Ce sont là les trois éléments qui définissent le plus
efficacement ce texte. S’il est une chose que l’on pourrait
souhaiter à partir de maintenant ce serait qu’Alfred Boudry nous
régale encore souvent avec ses idées surprenantes mais au combien
attirantes…
Mythologica.net
L'autre
Tigre
L'histoire
Alix
S. est détective. Son quotidien monotone est troublé un beau jour
par un homme muet comme une carpe qui fait une crise cardiaque sur
son tapis et un mystérieux échantillon de parfum que deux jumeaux à
la beauté du diable cherchent à lui reprendre.
Mon
avis
Un
super roman très efficace qui nous remémore les anciens polars et
glisse quelques références aux pères fondateurs du roman policier
et de la SF, clins d'oeil à la chaîne pour amateurs de roman noir
et d'anticipation cumulé. J'ai été légèrement déçue par la fin
qui se termine en une sorte de revirement de situation que je trouve
simpliste, presque comme si l'auteur n'avais pas su comment
se débarrasser de tous ses héros pourtant si attachants
d'un coup, en nous faisant le coup de l'histoire dans l'histoire. Or
donc, bizarrement mieux vaudrait ne pas lire les dix dernières pages
et laisser son imagination voguer en des mers plus tourmentées.
De plus, certains de ses personnages sont sous exploités, il n'y a
pourtant pas de RTT dans les chartes littéraires des héros de
papier. Je grogne, je grogne mais sérieusement j'ai trouvé ça
super, Alix est très attachante et je n'aurais demandé que de
suivre d'autres de ses aventures en compagnie de sa soeur débonnaire
qui fait une apparition fugitive ou plutôt "digitive"
à la fin du roman. S'il te plait, monsieur Boudry raconte nous
encore une histoire !
Note
: Grrrrrrrr !
L'autre
tigre
phenix.org
Il
s’agit d’un roman en abyme, où on est averti dès le début que
l’histoire est une simulation, mais néanmoins révélatrice de la
société post-cataclysmique dans laquelle vit la narratrice. Après
l’Effondrement et le Dégel (réchauffement climatique qui a rendu
inhabitables les zones équatoriales et tropicales), les survivants
de l’humanité occupent les régions nordiques, les Américains
survivants ayant conservé leurs pouvoirs et leur organisation
capitaliste. L’héroïne, détective privé, est embarquée dans
une affaire familiale particulièrement tordue. L’histoire va
mettre à jour, peu à peu, quelques-uns des traits tordus de la
société et la fin de la simulation accroîtra encore les malaises
que l’histoire aura révélés.
On
se laisse prendre par ce polar futuriste aussi haletant qu’un
classique du roman noir et bousculer par la conclusion-épilogue.
Phénix
canalblog
Alix
S. Grey, le S c’est pour sexy, est détective privée en Islande.
Mais une Islande post effondrement annexée par les restes des USA et
où les autochtones ont été parqués au loin pour que puisse être
rebâtie une cité conforme à l’american way of life.
Tout
bascule quand un client putatif vient faire une attaque dans son
bureau, sa fille lui envoie une carte lui demandant de ne pas la
retrouver, qu’un autre membre de la famille l’invite à une
soirée branchée et que les deux petits derniers viennent jouer aux
barbouzes…
Ce
n’est plus une ardoise qu’il y a entre ces types et moi, c’est
la toiture complète.
En
essayant de comprendre de quoi il en retourne Alix se retrouve
engluer dans un thriller technologique et un conflit familial larvé
au sein de la tribu la plus aisée de la planète. Une fois
l’intrigue lancée tout va à la surenchère dans un univers qui
parait de plus en plus irréel.
Une
fois que ma fidèle mémoire biologique m’a communiqué toutes ces
données brutales, je me sens traversée d’un frisson de dégoût
intense et généreux ; un peu comme si je faisais un shampoing à la
Méduse. Et comme
je ne peux m’empêcher d’ouvrir ma grande gueule, même abîmée,
je résume à mes compagnons l’état de service de mes neurones.
«
On n’est pas dans la merde. » Après quoi je m’aperçois qu’eux,
ils y sont depuis toujours.
Un
court roman bien mené, avec un style familier savoureux qui n’est
pas sans rappeler les dialogues à la Audiard. Etrange décalage
entre la violence des faits et l’humour latent du texte, qui trouve
son explication dans le twist final. Un texte très plaisant et une
bonne surprise.
Efelle
Alix
Grey est une privée au caractère indépendant bien trempé.
Toutefois, lorsqu'en quelques minutes de temps elle reçoit une
invitation pour un spectacle de strip-tease de Santal Wood, un
échantillon de parfum assorti d'un message énigmatique d'une
certaine Mira Wood et qu'un dénommé Cyprian Wood vient faire une
attaque dans son bureau sans avoir pu dire un mot, Alix décide que
la famille Wood affectionne par trop les coïncidences à son goût.
Elle ne sait pas encore qu'elle va se retrouver plongée dans
l'enquête la plus difficile qu'elle eut à mener… et tout ça pour
un parfum.
Polar
futuriste mené à fond de train par Alfred
Boudry,
La
digitale
se dévore littéralement. L'omniprésence des convictions politiques
de l'auteur pourra en déranger certains, mais ce ne fut pas mon cas.
Si la trame elle-même est peu originale : une lutte de pouvoir
autour d'une découverte scientifique, le tout dans une riche famille
aux ramifications des plus complexes, le style l'est quant-à lui
beaucoup. Très fortement marqué, il suscitera les réactions les
plus vives mais a en tout cas remporté mon adhésion massive.
Difficile
d'en révéler plus sur ce court roman policier aux accents rock sans
en déflorer l'intrigue, mais en tout cas une rencontre à ne pas
manquer.
Jacques-Erick
Piette
LES DÉSAMANTS
avec
Héléna Demirdjian
L'Aube,
2012
Les
mots de Gwen
Un
roman dans lequel l’évasion se mêle à la passion...
George
Bass et Mademoiselle des X se sont passionnément aimés sur les
côtes Bretonnes. Les lendemains noirs de la Révolution Française
les ont contraints à se séparer. Anglais d’origine, George,
chirurgien, s’embarque sur l’un des navires qui part pour la
Nouvelle-Galles du Sud. Mademoiselle des X doit le rejoindre afin
qu’ils puissent vivre leur amour dans un pays "neuf",
sans préjugés. Pour pallier à cette attente, ils vont s’écrire
des lettres, lettres d’amour certes, mais lettres relatant leur
quotidien aussi. Au fil des mois, ils vont pourtant s’éloigner, la
faute à des mauvais mots, s’éloigner au point de ne plus
s’écrire. Jusqu’à ce que l’un refasse un pas vers l’autre…
Mais, se retrouveront-ils un jour ?
La
première chose qui m’a séduite en lisant ce roman, c’est la
façon subtile dont il mêle le réel et l’imaginaire. George Bass
et Mademoiselle des X ont réellement existé. Le fait que les héros
aient existé permet de s’immerger davantage dans cette histoire
captivante. C’est l'un des points qui rend ce roman aussi
touchant : un amour impossible qu’ils désirent vivre envers
et contre tout. Des moyens de communication complexes (parfois, une
lettre pouvait mettre des mois à parvenir à son destinataire), un
éloignement de plusieurs années, … Aujourd’hui, cela semble
inconcevable, c’est pourquoi Les
Désamants
est à la fois romantique et dramatique. Dramatique, il l’est et
plus d’une fois. Tout d’abord, quand des propos malheureux les
poussent à s’éloigner et ensuite, quand ils se retrouvent.
On pourrait se dire que ça y est, tout est bien qui finit bien, mais
non ; torturés, nos protagonistes vont continuer à se faire
souffrir, encore et encore, jusqu’au bout.
La
deuxième chose qui m’a plu, c’est la vie passionnante de George
Bass. Comme il est écrit en préface, il n’est pas aussi connu que
Cook, mais il fut tout de même l’un des premiers explorateurs
européens de l’Australie. Ses voyages, ses rencontres, sa vie sur
place, c’est enrichissant et instructif. Il note tout et se
passionne sincèrement pour ce peuple encore méconnu. Si bien qu’il
est bon culturellement parlant de lire Les
Désamants :
en plus de lire une histoire d’amour (impossible ?), nous en
apprenons davantage sur la découverte de l’Australie et de la
Tasmanie. Une vie passionnante donc, mais une vie assez courte :
32 ans. George Bass a disparu en mer. Et comme les auteurs, je pense
qu’il aurait été un grand esprit du XIXème siècle tant sa soif
de découverte était grande, une soif associé au regard neuf qu’il
posait sur le monde.
Toutefois,
j’ai été partagée au début quant au caractère de George :
fou amoureu de Mademoiselle des X, il l’inonde, dans ses lettres,
de jolies paroles, de souvenirs et n’hésite pas à relater ses
rêves érotiques. En fait, je le trouvais un peu trop "fleur
bleue" et j’avais parfois envie de dire "Mais soit un
homme !". Elle, elle n’hésitait pas à se montrer
franche et tenait même des propos assez secs sur certains faits. A
première vue, les rôles étaient inversés ! Mais, dès lors
qu’il a pris conscience que son amour n’était que chimère, il
s’est absorbé dans ses travaux et m’a davantage plu ! Et
plus encore quand il remet Mademoiselle des X à sa place !
Un
proverbe dit "Loin des yeux, loin du cœur" ; c’est un
peu ce que mettent à l’épreuve George Bass et Mademoiselle des X.
Peut-on s’aimer sincèrement malgré l’éloignement, la distance,
la tentation ?
Une
construction originale puisque l'on alterne les lettres de George et
Mademoiselle des X, mais aussi leurs écrits tirés de leurs carnets
secrets. A cela, se rajoute une écriture agréable, aussi bien pour
lui que pour elle. Un style propre à chacun qui nous prouve, si
besoin en est, que nous avons bien deux auteurs ! Deux auteurs, donc
deux styles, mais qui s'accordent pour nous offrir un beau roman.
Je
remercie énormément les Editions de l’Aube de m’avoir permis de
découvrir ce roman captivant ! Les
Désamants,
un roman passionné sur bien des plans : l’amour, l’excitation
de la découverte et celle de l’inconnu. Inconnue, Mademoiselle des
X le reste jusqu’à la fin. Et encore, nous ne lisons que des
suppositions ! Je le recommande à tous ceux qui aiment les
histoires d’amour avec pour toile de fond une période troublée de
l’histoire, mais aussi à tous ceux qui aiment voyager et
s’enrichir.
Gwen
Dimedia.com
Les
Désamants est un
roman épistolaire d’aventures utopiques dont l’action se situe
au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Ce livre a pour originalité,
outre la force historique et la passion de ses protagonistes, que les
deux auteurs ont joué le jeu jusqu’au bout : Helena Demirdjian a
écrit les lettres de Mademoiselle des X, Alfred Boudry celles de
George Bass.
C’est
donc un ouvrage de dialogues à tous les niveaux : entre les
personnages et leurs auteurs, entre les personnages et entre les
auteurs.
Commentaire
Amazon
Voyage
dans le temps, dans l'espace et au coeur des âmes... un style
d'écriture original et authentique ; j'ai adoré ! (D. Suddath)
LE SANG DE ROBESPIERRE
Le
Peuple de Mü, 2013
Un
dernier livre avant la fin du monde
1843
– Salomon Balthazar, premier comte de Greystoke, occupe
aristocratiquement son manoir anglais, en compagnie de ses amis,
Marie-Paule Dorgerens, marquise de M., Ilse Von Bohra, Friedrike
Haüffe et Belà Bartoszan. Poésie, littérature, politique, tout
sujet de conversation est bon à nourrir l’intellect vif de ces
représentants d’une noblesse en déclin. Et entre deux disputes,
un saut au village pour se rafraîchir le gosier au cou d’une jeune
fille ou d’un vigoureux paysan. Certains vieux de 3 ans, pour
d’autres cela se compte en siècle, ces nobles créatures de la
nuit vivent en totale autarcie, loin de se préoccuper de la vie des
mortels ou de leurs semblables, aidés dans lur quotidien par le bon
et fidèle Edward, valet du comte.
Mais
le monde se rappelle à eux lors d’une journée de sommeil, sous la
forme d’un quatrain qui les visite tous dans leurs rêves. Hantés
par ces mots et leur prégnance dans leur esprit, ce ne sera que le
début d’une intrusion mystérieuse dans leur vie. D’abord deux
mortels du voisinage, se disant poète et journaliste, puis un groupe
de leurs semblables aux intentions plus que malveillantes, il n’est
plus question de tergiverser: quelque chose se trame, ils le sentent
tous et le poème en était l’avertissement. Nos cinq noctambules
partent donc pour un périple incertain, d’Angleterre à paris,
puis jusqu’à Tübingen, sur les traces, qui sait, d’une société
secrète, d’un groupe mystérieux qui souhaite bouleverser le cours
du monde? Une chose est sûre, la toile tissée est serrée, et
chaque découverte apporte son lot de questions, tel un tarot qui se
révèle dans l’ombre.
Le
peuple de Mü, jeune maison lyonnaise, nous fait un plaisir immense
en éditant Alfred Boudry. On vous en avait parlé ici, avec
La bibliothèque nomédienne, et là
pour Exploration totale, paru également chez
Le peuple de Mü.
Si
son talent de conteur n’est plus à prouver, son ingéniosité et
son goût pour l’expérimentation littéraire est sans limite!
Après avoir réussi, avec La
Bibliothèque nomédienne,
un livre tiré d’un atelier d’écriture avec une fluidité et une
unité impressionnante, puis un livre court mais d’une intensité
extraordinaire, il s’essaie ici à nous romancer une partie.. de
jeu de rôles! Tiré d’une campagne selon les règles de Vampire-La
mascarade, Le
sang de Robespierre
est donc (presque) une histoire vraie! Et le résultat est un vrai
plaisir!
Tandis
que la vieille Europe tremble sur ses fondations après la Révolution
française, une troupe de vampires se retrouve embringuée dans une
course contre la montre pour sauver leurs vies, et peut-être bien
découvrir la vérité (si tant est qu’il y en ait une) sur les
événements de la Révolution. Société secrète, morts-vivants en
stand-by, poètes maudits, sibylles, médium manipulatrice et lames
de tarot entourent les précieux mystères des grandes figures
révolutionnaires… Qui étaient vraiment Saint-Just et Robespierre?
Fouché et Talleyrand? C’est un formidable roman d’aventures et
de quête, qui va de rebondissements en surprises. Chaque pages,
chaque chapitre (ou plutôt chaque lame) amène son lot de suspense,
de fausses pistes et de révélations. Mais Alfred Boudry, comme dit
plus haut, est non seulement un très bon conteur, mais aussi un
excellent écrivain, et chaque page de ce roman est un plaisir de
lecture. Plein d’humour, de poésie et de style, construit de
manière ingénieuse et fruit de nombreuses recherches, Le
sang de Robespierre
est un roman historique et fantastique passionnant, qui n’aurait
pas à rougir à côté du Cimetière
de Prague,
par exemple. Pas besoin d’être rôliste pour apprécier cette
aventure folle, mais les amateurs, et les non-initiés, risquent bien
de vouloir rejoindre la table de jeu de Maître Boudry, pour y vivre
toutes sortes d’histoires!
Marcelline
Perrard
Commentaires
Amazon
-
Pour une toute neuve maison d'édition, publier un roman passionnant
et dans un format sans bugs ni accrocs ne semblait pas aller de soi.
et pourtant, rien à dire, sinon félicitations, et pourvu que ça
dure. (dictastar)
-
Si vous aimez les thrillers historiques et/ou les histoires de
vampires, Le Sang de Robespierre est pour vous. Ce livre vous
entraîne dans une enquête menée tambour battant à travers
l'Europe du 19e siècle. Les personnages sont attachants et raffinés
et l'intrigue est bien menée. Grâce à des descriptions détaillées
assorties de références et anecdotes historiques, on s'y croit! À
lire sans hésitation. // Après la lecture du tome 1, il me tardait
de retrouver la galerie de personnages éclectiques rencontrés dans
le Monde d'en Bas et de connaître le dénouement de l'intrigue.
Comme dans le volume précédent, les histoires de chacun se
déroulent sur fond d’évènements historiques authentiques,
croisant habilement réalité avec une fiction élaborée et
rebondissante. Le tout dans un style précis et raffiné, pour une
lecture captivante. (anonyme)
-
Un peu réticente au départ (je ne suis pas amatrice du genre
histoire de vampires). J'ai fini par me laisser entraîner dans cette
épopée à travers l'Europe, avec des personnages attachants, dans
cette histoire totalement à contre courant de ce qui a été fait
dans le genre. Je recommande. (wabiski)
-
J'avais adoré le premier tome, je n'ai pas été déçu par le
second. Les rebondissements étaient superbes, vraiment on est tenu
en haleine jusqu'au bout. A quand une suite ? Merci à l'éditeur
lepeupledemu.fr de nous avoir permis de découvrir ce petit bijou.
(Seb de Lyon)
EXPLORATION TOTALE
Le
Peuple de Mü, 2014
Un
dernier livre avant la fin du monde
Xanten
est médecin à bord d’un vaisseau d’exploration spatiale.
Coupable, selon lui, de la mort du navigateur du vaisseau, il s’est
attiré l’ire des autres membres de l’équipage. Aussi n’est-il
pas surpris que personne ne vienne lui porter secours lorsque
l’appareil rentre en collision avec un objet non identifié dans
l’espace. Survivant miraculeusement à la chute de l’appareil, il
essaie de s’adapter à la nouvelle planète sur laquelle il vient
de s’écraser. Il arrive à retrouver des survivants de son
équipage, qui vont vite décéder à leur tour. Que se passe-t-il
donc sur ce monde si proche et si éloigné à la fois de la Terre?
L’immense
avantage des textes aussi courts est qu’ils ne s’embarrassent
jamais de fioritures, d’introductions trop longues ou de
développements bâclés. La concision du format oblige les auteurs à
une précision et à un style direct qui permettent un rythme effréné
tout au long du livre. Et c’est bien là qu’Alfred Boudry m’a
plus qu’agréablement surpris.
En
effet toute la première moitié du livre répond parfaitement à ces
impératifs. L’action est trépidante et la cadence soutenue de
l’action captivent. La seconde moitié est toute autre. Commençant
par un réveil fragmenté, parcellaire (même la mise en page est
ajustée en fonction de ce que pourrait ressentir le personnage au
sortir d’un profond sommeil), le texte se conclut sur une sorte
d’immense rêverie, entre délire shamanique et rêve
d’omnipotence.
Ce
court roman offre plus que ce que la minceur de sa tranche pourrait
suggérer, et c’est bien tout ce que l’on peut demander à un
livre!
Jérémy
Commentaires
Amazon
-
Roman de science-fiction très bien écrit, avec des incursions
idéologiques percutantes (la définition de la religion) et un
univers imaginaire maîtrisé. La curiosité du lecteur porte la
lecture. Effectivement s'arrêter à la taille apparente du livre
(120 pages) ne signifie rien: l'ensemble a une certaine densité et
la qualité, de toute façon, ne se mesure pas au poids. Pour 11
euros, le risque vaut donc la peine d'être pris. Moi qui d'ordinaire
ne lis pas de science-fiction, je recommande cette expérience de
lecture. Encore faut-il être capable d'apprécier le bon style ;-)
(Alicia)
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Voilà un excellent récit de SF ! Direct, ingénieux, ludique,
ironique et maîtrisé de son Alpha à son Omega ! Alfred Boudry
propose un récit qui tient son lecteur en haleine par un art
consommé du suspens, tout en se jouant de ce qu'il (le lecteur)
croit deviner de la situation à venir ! Qu'il est bon d'embarquer
vers l'inconnu, l'originalité, et d'en revenir avec ce supplément
d'âme propre aux grands récits d'anticipation. Car oui, Exploration
Totale se permet, en moins de 120 pages divertissantes, d'être aussi
une œuvre réflexive sur la condition de l'Homme au sein de nos
sociétés autant que sur sa place dans l'Univers ! Une Exploration
Totale pour un plaisir total ! (Claude M.)
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Un bon petit roman qui permet de passer une petite après midi en
super compagnie de notre Héros !!! Très accessible en terme de
style littéraire, se lit très bien et on rentre facilement dans
l'histoire avec de super décors qui nous font voyager !! Je le
recommande vivement, ne vous arrêter pas à l'épaisseur du livre,
il en contient bien plus qu'il n'y parait !!! (Julie Vallier)
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Contrairement à des personnes qui se sont arrêtées à l'épaisseur
du livre, en le lisant on découvre qu'en plus de 100 pages, un roman
est capable de nous happer dans un univers profond et imagé. Le
rythme est soutenu sans se presser pour autant. Bref à lire sur la
plage pour un voyage qui ne vous laissera pas de marbre ! (Emany)
mise
à jour le 30 juillet 2019
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