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Cerveau de scientifique exténué. |
Pendant
trois cents pages, il décortique des cerveaux (humains et
animaux) et fouille, farfouille, soulève, analyse, prend
des notes, calcule, compare, pèse, soupèse,
relit ses notes, ajoute des produits, IRMise, découpe,
humecte, dissèque, insère sous un microscope, cite des
collègues, en critique quelques-uns, en encense d'autres (pas
beaucoup), continue à chercher, se réveille en sursaut,
vérifie, est déçu, garde le moral, ne part
jamais en vacances (apparemment), ne cite pas une seule fois les
travaux de Henri Laborit (entre chrétiens, pourtant, ils devraient s'aimer comme eux-mêmes), n'a pas de vie de famille (ou alors elle
reste soigneusement à la maison ; ah si, j'ai vérifié, il - enfin, sa femme ! - a eu neuf enfants), continue de chercher,
reçoit des médailles, se fait adouber, change de titre, de pays, regarde la retraite approcher, décide de faire le bilan de sa
vie de recherches, le rédige à la sueur de son front et
de celles de ses assistants, relit son manuscrit, exténué
mais exalté, pour finalement conclure que l'origine de la
conscience humaine ne peut être que...
divine !
divine !
Vous
ne me croyez pas ? Vous l'aurez voulu. Je cite (p. 317 de l'édition Champs/Flammarion) :
« Puisque
les solutions matéralistes sont incapables d'expliquer notre
expérience d'unicité, je me sens contraint d'attribuer
l'unicité du moi (ou de l'âme) à une création
spirituelle d'ordre surnaturel. Pour m'exprimer en termes
théologiques : chaque âme est une création
divine nouvelle implantée dans le fœtus à un moment
compris entre la conception et la naissance. C'est la certitude de
l'existence d'un noyau intérieur d'individualité unique
(figure 9.5) qui rend nécessaire l'idée de cette
"création divine". Je prétends qu'aucune
autre explication ne tient. [...] Cette conclusion est d'une
importance théologique inestimable. Elle renforce notre foi en
l'âme humaine et en son origine miraculeuse par création
divine. Ainsi, il existe non seulement un Dieu transcendant, créateur
de l'Univers, le Dieu d'Einstein, mais aussi un Dieu aimant à
qui nous devons notre être. [...Cette foi est] proche de la mienne, que
j'étendrais personnellement à toutes les religions
évoluées. »
Je
ne m'étendrai pas, personnellement, sur les inepties (le "Dieu
d'Einstein" !), l'absence totale de logique voire de
raison, les insinuations racistes et condescendantes (les religions
"évoluées") qui exsudent de cette conclusion
pour le moins peu nietszchéenne. Ces mots ont été
publiés en 1989 1
et non au moyen âge comme on pourrait le croire au premier
abord.
En
d'autres termes, et pour vous la refaire au ralenti : selon le Dr
Eccles, éminent neurologue, sommité mondiale (je n'ai
pas dit "mondialisée") en la matière (grise),
chercheur (et géniteur) infatigable, etc., ce qui est à l'origine de la
spécifité humaine par rapport aux autres créatures
vivantes, c'est... Dieu ; et pas n'importe lequel, le Dieu des
chrétiens qui, seuls, ont droit au paradis, les autres ayant
celui d'aller crever en enfer (ou n'importe où, du moment que ce n'est pas dans le jardin du noble monsieur, en Suisse). Avec le corollaire qu'un fœtus a bien
une âme, mon brave, cela dit pour que sa fem... pardon: pour que tout le monde sache bien de
quel côté du débat sur la contraception le Dr
Eccles se situe.
Cerise
sur le gâteau : savez-vous ce qu'on lui a donné,
pour avoir ainsi avoué qu'il avait passé sa vie à
chercher une chose (la cause de la conscience biologique) sans l'avoir trouvée ? Le prix Nobel de physiologie et de médecine. Ouais ! Et il
n'a pas remboursé un cent australien, ni le moindre penny (encore moins un centime suisse) de toutes les subventions qu'il a
touchées pour... ça.
Comme
quoi, la blouse de labo, c'est un peu comme la tonsure, la cravate ou le képi :
ça a de terribles conséquences sur la circulation du
sang, donc sur l'afflux d'intelligence au cerveau. Dommage que
personne n'étudie ce phénomène-là. A mon
avis, ça ferait tomber pas mal de têtes... de cons.
Allez, si vous voulez apprendre des choses intéressantes et intelligentes sur l'esprit humain, lisez n'importe quel ouvrage d'Oliver Sacks ; ça sera toujours ça que les Suisses n'auront pas.
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Allez, si vous voulez apprendre des choses intéressantes et intelligentes sur l'esprit humain, lisez n'importe quel ouvrage d'Oliver Sacks ; ça sera toujours ça que les Suisses n'auront pas.
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1Et
en 1992 en France, traduits par Jean-Mathieu Luccioni, éditions
Arthème Fayard.
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