Il était une fois une forêt communale qui poussait gaiment au soleil du Midi ; on y trouvait des truffes et des pommes de pin, les chiens y gambadaient comme des fous, se sentant si bien qu'ils ne coursaient même pas les lièvres, se contentant de les regarder détaler sous leurs yeux d'un air patelin. C'était l'éden au pays de Tartarin.
Un jour, un maire qui se croyait vachement élu décida de construire un grand lotissement à la place de la garrigue. Il fit poser des panneaux de plastique, croyant que cela suffisait à légitimer son action. Quelques bulldozers anémiques taillèrent deux ou trois chemins, déracinèrent une poignée de taillis et... furent arrêtés parce que des citoyens sourcilleux avaient dénoncé l'illégalité de la procédure et qu'un magistrat tatillon leur avait donné raison.
Pendant quelques mois, les choses restèrent en l'état ; la nature reprit ses droits (hélas, pas imprescriptibles, encore moins inaliénables) et quelques lapins revinrent, inquiets, toutefois.
Monsieur le maire élu par la crasse divine fit semblant de s'avouer battu. Mais dans l'ombre, il faisait appel à ses potes de la grande ville voisine, ceux qui (dit-on) ont été élus par la mafia de la grosse métropole du sud (vous savez, celle qui se vante d'être la capitale européenne de la culture en 2013 ; vous avez déjà vu un platane emballé dans du tissu orange à pois plus ou moins gris ? Vous devriez venir voir ça ; on a du mal à imaginer que, deux siècles plus tôt, la populace pendait des avocats et des fermiers généraux aux mêmes arbres... Je ne sais pas pourquoi, cette dernière idée m'impressionne plus que le tissu à pois).
Quoi qu'il en soit, grâce à ses nouveaux potes qui lui prêtèrent de très gros bulldozers vachement bien nourris, monsieur le maire réalisa son rêve en moins de temps qu'il n'en fallait à des citoyens emmerdants pour réagir :
C'est une belle histoire, non ?
Comment ça, non ? Oh, ce que vous êtes chiants, les voteurs ! Allez donc apprendre à lire au nid, ça nous fera des vacances !
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