 |
Cerveau de scientifique exténué. |
John
C. Eccles était un neurologue (australien, puis britannique, puis suisse) qui a écrit plein de livres scientifiques,
avec des schémas, des formules biochimiques et
des mots longs comme le bras ; dans l'un d'eux (Évolution du cerveau et création de la conscience), il a tenté de découvrir
à quoi est due la conscience humaine. Il y raconte comment il a
passé presque toute sa vie à se demander comment il est
possible que l'homme réfléchisse plutôt que de se
contenter de suivre ses instincts.
Pendant
trois cents pages, il décortique des cerveaux (humains et
animaux) et fouille, farfouille, soulève, analyse, prend
des notes, calcule, compare, pèse, soupèse,
relit ses notes, ajoute des produits, IRMise, découpe,
humecte, dissèque, insère sous un microscope, cite des
collègues, en critique quelques-uns, en encense d'autres (pas
beaucoup), continue à chercher, se réveille en sursaut,
vérifie, est déçu, garde le moral, ne part
jamais en vacances (apparemment), ne cite pas une seule fois les
travaux de Henri Laborit (entre chrétiens, pourtant, ils devraient s'aimer comme eux-mêmes), n'a pas de vie de famille (ou alors elle
reste soigneusement à la maison ; ah si, j'ai vérifié, il - enfin, sa femme ! - a eu neuf enfants), continue de chercher,
reçoit des médailles, se fait adouber, change de titre, de pays, regarde la retraite approcher, décide de faire le bilan de sa
vie de recherches, le rédige à la sueur de son front et
de celles de ses assistants, relit son manuscrit, exténué
mais exalté, pour finalement conclure que l'origine de la
conscience humaine ne peut être que...