Quand
j'avais 27 ans, j'ai suivi un stage de "Production et
réalisation cinématographique et audio-visuelle", nom pompeux
pour désigner un vague programme de quelques dizaines d'heures de
bidouillage plutôt théoriques dispensés par des professionnels en
manque cruel de profession - et même, en une occasion, en manque de
tout, puisque l'un d'entre eux, un jour, nous envoya sa femme à sa
place.
L'un
des stagiaires se distingua très vite par son esprit remarquablement
borné et son absolue incapacité à comprendre les choses les plus
simples. Un jour, pendant la pause-déjeuner, il ouvrit une boîte de
plastique et en montra fièrement le contenu à ses collègues,
stupéfaits. C'étaient... des crêpes fourrées au jambon et à la
sauce Béchamel.
"Et
alors ?" se risqua à demander une personne à l'indulgence
infinie (en tout cas, moins finie que la mienne).
"Alors,
glapit le sinistré, ma femme s'est levée à cinq heures du matin
pour me les préparer. C'est pas une preuve d'amour, ça ?"
Inutile
de préciser que personne ne lui avait demandé de prouver quoi que
ce soit. Quant au silence qui s'abattit sur le réfectoire après
cette sortie, il avait exactement la consistance, l'odeur et le goût
de la Béchamel.
Ce
jour-là, je ne réussis pas à avaler grand-chose.
A
quelque temps de la fin très attendue de ce stage, j'appris par
l'intermédiaire de la personne indulgente, que l'individu très-aimé
avait chez lui, dans une armoire, tous les films X diffusés par
Canal+ depuis leur début. Il en montrait des extraits à ses
invités, pour leur expliquer les mouvements de caméra, sous le
regard "amoureux" de son épouse.
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