dimanche 30 août 2015

Parodie Céleste - Chapitre 8

8

La manifestation en hommage à Guilhem était prévue pour midi, le dimanche. Semántico profita de la matinée pour faire le plein d'énergie, en prenant un petit déjeuner monumental dans la salle de l'hôtel et en lisant les journaux. Vers onze heures et demie, il contourna l'Opéra pour aller observer du plus loin possible les préparatifs des uns et des autres. Il ne vit guère que du bleu, du brun et un peu de rouge.

samedi 29 août 2015

Parodie Céleste - Chapitre 7

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Après minuit, Semántico ne pouvait plus faire grand-chose de productif ; de plus, il était crevé. Il aurait pu continuer à humer l'air de la ville mais préféra rentrer à l'hôtel. Sur le chemin, il eut plusieurs fois la sensation d'être suivi, ce qui était absurde. Il fit exprès de prendre les ruelles les plus désertes, jetant chaque fois un coup d'œil par-dessus son épaule, se perdant une bonne demi-douzaine de fois. Mais rien de décisif.

vendredi 28 août 2015

Parodie Céleste - Chapitre 6

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Dans l'immédiat, il n'avait rien d'autre à faire que de prendre la température de la ville. Celle de l'air était déjà idéale, il ne manquait qu'une bière pour que le tableau soit parfait. Les bars de la place de la Parodie ne l'inspiraient pas ; trop exposés, trop parisiens, certainement trop chers pour ce qu'ils avaient à proposer, qui ne devait d'ailleurs pas être original. Il lui fallait de l'authentique, voire du départemental.

jeudi 27 août 2015

Parodie Céleste - Chapitre 5

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Il était tôt. Semántico avait deux problèmes : il ne pouvait absolument pas accéder aux images de télé-surveillance qui avaient fatalement filmé l'incident. Il pensa à passer une petite annonce dans le canard local, pour demander si quelqu'un avait pris des images en amateur ; la chose était possible, puisque aujourd'hui, les êtres humains filment tout ce qu'ils font, même aller aux chiottes. Mais c'était lent et n'importe qui pouvait remarquer son annonce.

mercredi 26 août 2015

Parodie Céleste - Chapitre 4

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Semántico contourna le pâté impérieux que constituait l'Opéra et dénicha un hôtel deux étoiles dans une rue tranquille, pile dans l'alignement du bâtiment, le Novaritch. Il prit une chambre, paya deux nuits d'avance en liquide, monta poser son sac et s'étendit un moment en étudiant le plan du centre-ville.

mardi 25 août 2015

Parodie Céleste - Chapitre 3

3

Direction Montchauvier, donc. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion d'y aller ; le séjour précédent ne l'avait pas marqué. Il savait que c'était la plus grosse agglomération du sud entre Toulouse et Marseille, que la ville connaissait une prospérité certaine depuis les années 80, époque à laquelle sa mairie était devenue socialiste, en la personne de son maire Roger Damoureddo, figure médiatique entreprenante, voire remuante.

lundi 24 août 2015

Parodie Céleste - Chapitre 2

2

Semántico passa chez lui vite fait, prépara un petit sac pour quelques jours et fonça chez Ernesto, son fournisseur officieux. Quand il arriva à la villa d'Ernesto, Cité des Fleurs, personne ne répondit à son coup de cloche. Il avait pourtant bien composé le code habituel : gling gling glooong gling glong ! Sans trop savoir pourquoi, il essaya de se rappeler quel jour on était. Samedi. Il savait très bien qu'on était samedi ; pourquoi devait-il faire un effort pour s'en rappeler ? En tout cas, il n'y avait aucune raison valable pour qu'Ernesto ne soit pas là.

dimanche 23 août 2015

Parodie Céleste - Chapitre 1

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Comme tous les samedis à midi quand il était dans sa ville plus ou moins natale, Semántico Goya déjeunait à la cafétèria du cinéma d'art et d'essai de son arrondissement, rue Truffaut : le Projecteur. Il en aimait l'ambiance bon enfant, non commerciale, les petites lampes individuelles qu'on pouvait déplacer à son gré, les prix raisonnables, les tartes maison, les expositions occasionnelles d'artistes autochtones, et les affiches de films.

vendredi 21 août 2015

Parodie Céleste - Prologue

à Aïnhoa Equis,
Olivier Montanari
& Marilou Grattini,
disparus sans rien dire

*   *   *

« Sois sage et sois sans indulgence. »
(Albertine S.)

« Quiconque compose un programme
de société future est réactionnaire. »
(Karl M.)

« Schedièn anemoisi pheresthai callipe. »
(H.)

*   *   * 

Histoires d'amours interminables

à Sarah-Lane
*


Je sais que vous allez avoir un choc, M. Goldwyn, mais depuis l'aube de l'humanité (ce qui comprend des milliards et des milliards de gens), pas une seule histoire ne s'est bien terminée.
Dorothy PARKER






1

Los Angeles, dimanche 1er novembre 1936

Ma chère Dottie,
je t'écris en désespoir de cause, car je sais que seuls ton talent, ton esprit et ton expérience peuvent me sauver ; ainsi que tes contacts et.. que sais-je encore ?
Oh, mon dieu ! Voilà que je me comporte comme la dernière des petites arrivistes écervelées. Mais j'ai de bonnes raisons ; figure-toi que l'un de nos rêves communs est à portée de main.
Je m'explique : hier soir, à la fête chez Busby Berkeley (peu après ton départ en doulce avec Je-ne-sais-déjà-plus-son-nom-et-je-ne-crois-pas-que-ça-me-reviendra), j'ai rencontré.. W. Horace Schmidlapp ! Mais si, voyons, ce jeune producteur de Broadway. Il est ici en villégiature, dans un but secret qu'il a fini par me confier, je vais te raconter comment.
Car nous avons longuement discuté, M. Schmidlapp et moi, et il m'a donné rendez-vous le lendemain matin (ce matin !) à son hôtel, et je me suis dit, Lillian, ma fille, ça va faire comme d'habitude : ce type va te promettre la lune, et une fois au pied de l'escabeau, il n'y aura plus personne : Prenez ce paquet de promesses parfumées et au revoir, madame !
Si je t'en avais parlé auparavant, tu m'aurais dit de ne surtout pas y aller ; sauf si je voulais m'offrir une partie de galipettes, bien sûr (mais tu sais que tout va bien sur ce plan-là, avec Dashiell). De fait, ça s'est passé très vite et je n'ai pas eu le temps de réfléchir. Quoi qu'il en soit, il n'y avait rien à craindre. Au petit matin (11 heures !), le monsieur était ravi de me voir, il se souvenait de mon petit nom (Lillian !!), il se rappelait que je cherchais à réaliser un film, et même que je voulais faire un film "de femme, pour les femmes, à propos des femmes" (Sans voix !!!)
Il m'a donc "révélé" que son ambition réelle était de devenir producteur de cinéma, qu'il était là pour "prospecter et sentir l'ambiance", que son premier succès à Broadway lui avait rapporté "assez" d'argent, et m'a proposé d'emblée 10.000 $ de mise de fond, avec en prime l'un de ses futurs studios en guise de lieu de répétition secret.
Oui, pour le premier film hollywoodien sur la condition féminine !

J'ai mis toute la journée à m'en remettre.

Seulement voilà : tu connais le bon vieux principe de réalité ; à sept heures du soir, il (le principe, pas Schmidlapp - bon sang, quel nom impossible à taper sur une machine à écrire !) le principe de réalité, donc, est revenu au grand galop toquer à mon crâne, et me voilà au pied du mur. Le hic majeur, c'est que je n'ai qu'une semaine pour trouver le truc imparable qui convaincra ce cador des planches avant qu'il ne retourne à New York, où la vie trépidante l'absorbera de nouveau et lui flanquera des trous de mémoire. D'ailleurs, il m'a bien précisé qu'ensuite, il se consacrerait à d'autres choses ; il a une énorme comédie musicale en cours de production, etc.
(Ah, si seulement June Mathis n'était pas morte en 1927, on aurait pu s'adresser à elle ! Quoique, je me demande si elle nous aurait aidées, avec ses idées et ses goûts de luxe ; elle était plutôt du genre à miser sur Rudolph Valentino ou Sessue Hayakawa..) Je digresse ; en réalité, je suis trop contente.

Heureusement, il ne s'agit pas d'écrire tout un scénario en cinq jours ; seulement de trouver et rédiger le synopsis ébouriffant qui fera chanceler le (futur) chancelier des studios. On le développera ensuite. Le scénario, pas le chancelier ! (Ah, là, là ! Écrire sans brouillon, c'est comme faire la funambule fans filet. Flûte !)
Malheureusement, mon voyage à Paris - où les membres du Bureau de la Contemporary Historians, Inc. m'attendent pour soutenir The Spanish Earth - a été avancé d'une semaine, pour cause d'événements précipités en Espagne. Les Franquistes viennent de mettre le siège devant Madrid et les Républicains ont commencé à faire retraite sur Valence. C'est un coup dur pour eux. Bref, je pars demain matin à l'aube et ne serai donc absolument pas disponible pour écrire ce synopsis. Alors, j'espère que tu ne me détesteras pas, ma chérie, mais je te confie cette lourde responsabilité.
Fais-toi plaisir. Couche sur le papier l'une de ces idées formidables dont tu as le secret. Fais-en un chef-d'œuvre qui marquera notre époque de son empreinte létale.

Lillian Hellman

PS : je dois présenter le synopsis à Horace Schmaldipp (zut ! je ne retrouve toujours pas le "corrector") dimanche 7 novembre, à 10 heures du matin. Je serai rentrée de la veille, minuit, si tout va bien. Pourras-tu le faire déposer chez moi avant ? Je le lirai dans mon lit.
Tu seras un amour.

*
* *

2

Los Angeles, samedi 6 novembre 1936,
si tard qu'on est déjà dimanche
(on dirait un couplet de chanson, tu ne crois pas ?)

Ma "chère" Lillian,
Que ferais-je sans toi ? Moi qui avais prévu de m'ennuyer toute la semaine, en restant au chaud, chez moi, les pieds bien calés dans la chaufferette, les mains coincées dans un manchon, le nez dans un grog, et Je-ne-sais-plus-qui-moi-non-plus affairé sous la couette à faire ce qu'il sait faire de mieux (non, ce n'est pas du tricot).
Au lieu de quoi, grâce à ton initiative et à celle d'un ponte ambitieux (pardon pour le pléonasme), j'en suis réduite à taper sur ma machine à écrire et simultanément sur les parois de mon crâne pour en extraire (que dis-je ? en extruder) une IDÉE de film.
Si je t'aimais moins que mon chien, ma Lil' chèrie, je t'aurais envoyée paître sans autre forme de procès. Mais j'avoue que tu sais mieux que personne diriger mon principal outil de travail. Et heureusement que tu m'as fourni l'idée principale, sans quoi..
C'est vrai, il y a longtemps que je parle de ce projet de "film de femmes" sans m'y coller vraiment. Il faut dire que la chose présente bon nombre d'ambiguïtés qu'il faudrait avant tout gommer. Mon problème, c'est que j'essaie toujours de gommer avant d'avoir dessiné.

Trève de suspense, sache que je n'ai pas dormi depuis lundi (j'ai viré Je-ne-savais-même-plus-son-nom mercredi, en prétextant être tombée enceinte ; ce qui, pour quelqu'un qui a fait une fausse couche et une tentative de suicide dans les trois derniers mois, est particulièrement osé, tu le reconnaîtras ; Machin est parti tellement vite qu'il n'a enfilé ses chaussettes qu'une fois dans l'ascenseur !), j'ai fait passer à la trappe une demi-douzaine de mondanités assommantes auxquelles j'aurais assisté de mauvaise grâce (mais qui m'aurait valu autant d'inspirations pour des articles ravageurs ; tant pis, tant mieux, ploum-ploum-tralala) et j'ai planché, planché, planché comme une forçate.
Et voilà le résultat. J'ai fait fructifier ton idée, qui a fait office de graine luxuriante dans la jungle de mon cerveau (toujours plus fertile que mon utérus). Il te suffira de piocher. Il va sans dire que je me suis inspirée de ma vie et de quelques faits divers glanés dans les journaux de province ; je serais bien en peine de faire la différence, maintenant.

HISTOIRES D'AMOURS INTERMINABLES

(ou : Love à la French)

-film à sketches-


Situation de départ : une femme de 30 ans (actrice, danseuse ou chanteuse ; appelons-la Lily) rencontre un homme de 40 ans (romancier, journaliste ou librettiste d'opéra ; baptisons-le Henry) ; c'est le coup de foudre (immédiat, intense, déclaré, réciproque, bref : incroyable et beau) ; lui est libre mais elle est mariée (à M. Jaloux : Jim). En accessoire, on a aussi Kim, blondasse inutile (donc parfaite).
A partir de ce canevas ô combien classique (soupir !), j'ai tissé les trames suivantes, que je t'invite à développer à l'envi, selon ton fameux sens de l'improvisation, devant ton public composé de W. Horace Squidlamp (et sans doute de sa secrétaire-maîtresse-petite cousine).
Sans le faire exprès, je crois qu'elles se sont d'elles-mêmes plus ou moins classées par ordre croissant d'invraisemblance. A mon avis, la première couvre à elle seule 75 % des cas de figures, mais bon, je l'ai notée pour la forme.

*

1. Personne ne change rien et rien ne se passe.

2. Lily reste avec Jim mais prend Henry comme amant secret ; triangle isocèle classique.

3. Lily hésite à quitter Jim et finit par lui présenter Henry ; ils couchent tous les trois ensemble : triangle équilatéral moderne.

4. Lily quitte Jim avec ménagement puis se met avec Henry ; Jim déprime puis oublie Lily dans les bras de Kim.

5. Lily quitte Jim mais sans le dire à Henry ; un an plus tard, ils se croisent dans la rue ; elle ment à Henry, lui disant qu'elle est toujours avec Jim. Ils boivent un café, puis se quittent en promettant de se revoir ; ils mentent tous les deux.

6. Lily persuade Jim de la laisser partir pour vivre avec Henry ; contre toute attente, Jim accepte. Rien de grave n'arrive. Lily et Henry vivent ensemble pendant sept ans puis se quittent, bons amis.

7. Lily se soûle, couche avec Henry sous le nez de Jim, qui la largue après l'avoir frappée ; le lendemain, Henry, dégoûté, ne veut plus d'elle.

8a. Lily pousse Jim à bout, afin qu'il la largue ; une fois libre, elle rejoint Henry.
8b. Lily pousse Jim dans les bras de Kim, afin d'avoir un alibi pour le larguer ; une fois libre, elle rejoint Henry.
8c. Lily pousse lentement Jim à bout, afin qu'il la largue ; une fois libre, elle rejoint Henry. Mais entre-temps, Henry a épousé Kim.

9a. Henry fait une tentative de suicide ; effrayée, Lily s'accroche à Jim toute sa vie et devient une femme acariâtre.
9b. Henry fait une tentative de suicide ; effrayée, Lily quitte Jim et rentre dans les ordres.
9c. Henry fait une tentative de suicide ; effrayée, Lily quitte Jim et rentre dans les ordres. Rapidement, Jim se met avec Kim, avec qui il avait trompé Lily quelques fois.

10a. Lily avoue à Jim son amour pour Henry ; Jim, se sentant trahi, se tue ; Lily se met avec Henry, par peur de ce que celui-ci pourrait faire.
10b. Lily avoue à Jim son amour pour Henry ; Jim, se sentant trahi, tue Lily ; de douleur, Henry se suicide. Jim va en taule, bourrelé de remords.
10c. Lily avoue à Jim son amour pour Henry ; Jim, se sentant trahi, tue Lily, puis Henry ; Jim va en taule, sans le moindre remords.
10d. Lily avoue à Jim son amour pour Henry ; Jim, se sentant trahi, tue Lily, puis Henry ; puis il disparaît sans laisser de traces.
10e. Lily avoue à Jim son amour pour Henry ; Jim, se sentant trahi, tue Lily ; Henry tue alors Jim puis se constitue prisonnier.
10f. Lily avoue à Jim son amour pour Henry ; Jim, se sentant trahi, tue Lily ; Henry tue alors Jim puis se suicide.
10g. Lily avoue à Jim son amour pour Henry ; Jim, se sentant trahi, tue Lily ; Henry tente de tuer Jim mais rate son coup et Jim le tue.

11a. Henry, désespéré, tue Lily, puis se suicide. Jim se console dans les bras de Kim.
11b. Henry, désespéré, tue Jim, puis se suicide sous les yeux de Lily ; traumatisée, celle-ci finit sa vie dans un hôpital psychiatrique.
11c. Henry, désespéré, tue Jim mais Lily, horrifiée, ne veut plus le voir ; Henry se livre à la justice.
11d. Henry, par dépit, tue sauvagement Kim puis se jette dans l'Hudson River en sautant du ferry de Staten Island.

12a. Lily, oppressée par Jim, le tue accidentellement et rejoint Henry ; mais la police découvre tout. Lily passe cinq ans en prison ; à sa sortie, Henry l'attend.
12b. Lily, oppressée par Jim, le tue avec la complicité de Henry ; crime parfait. Ils vivent ensemble, heureux mais coupables. Ils n'ont jamais d'enfant.
12c. Lily, oppressée par Jim et Henry, les envoie balader et devient lesbienne (mais pas avec Kim).
12d. Lily, oppressée par Jim et Henry, les envoie balader et devient lesbienne (peut-être avec Kim) ; l'ayant appris, Jim et Henry se mettent ensemble.

13a. Lily tue Jim en faisant accuser Henry à sa place ; Henry va en taule ; quand il en sort, dix ans plus tard, Lily l'attend.
13b. Lily tue Henry en faisant accuser Jim à sa place ; Jim va en taule ; quand il en sort, vingt ans plus tard, personne ne l'attend.
13c. Lily organise son propre suicide puis disparaît sans laisser de traces.
13d. Lily, déprimée et opprimée par les conventions sociales, se tue ; Henry ne l'apprend jamais et croit qu'elle l'a simplement oubliée. Dix ans plus tard, il croise Jim dans la rue et lui demande des nouvelles de Lily ; Jim (qui a étranglé Kim la veille et cherche un moyen de se débarrasser de son corps) ne lui répond pas.

14a. Henry abandonne tout espoir de rencontrer l'âme-sœur et se met à coucher avec n'importe qui ; un soir où il organise une partouze chez lui, Lily, trempée par la pluie, débarque à l'improviste ; elle s'enfuit, écœurée.
14b. Henry abandonne tout espoir de rencontrer l'âme-sœur et se met à coucher avec n'importe qui ; un soir où il organise une partouze chez lui, Lily, les cheveux saupoudrés de neige, débarque à l'improviste ; elle s'incruste, faisant semblant d'être ravie.
14c. Henry abandonne tout espoir de rencontrer l'âme-sœur et se met à coucher avec n'importe qui ; un soir où il organise une partouze chez lui, Lily, en sueur, débarque à l'improviste ; elle s'incruste, ravie.

15a. Lily décide de tout plaquer, part vivre à l'étranger, sombre dans la déchéance, se prostitue ; un jour, elle couche avec Henry sans le reconnaître. Il s'en va sans rien dire.
15b. Lily décide de tout plaquer, part vivre à l'étranger, sombre dans la déchéance, se prostitue ; un jour, elle couche avec Henry, mais, au petit matin, l'appelle "Jim". Henry l'étrangle en pleurant.
15c. Lily décide de tout plaquer, part vivre à l'étranger, sombre dans la misère ; un jour, elle couche avec Jim, mais, au petit matin, l'appelle "Henry". Jim l'étrangle en grognant.

16a. Henry persuade Kim de séduire Jim pour qu'il trompe Lily ; à la suite de quoi, Lily largue Jim et tombe dans les bras de Henry.
16b. Henry persuade Kim de séduire Jim pour qu'il trompe Lily ; à la suite de quoi, Lily largue Jim et tombe dans les bras de Henry. Mais elle finit par découvrir la vérité et largue Henry avec pertes et fracas.
16c. Henry persuade Kim de séduire Jim pour qu'il trompe Lily ; à la suite de quoi, Lily largue Jim et décide de rester célibataire toute sa vie.
16d. Henry persuade Kim de séduire Jim pour qu'il trompe Lily ; à la suite de quoi, Lily largue Jim et tombe dans les bras de Henry. Elle finit par apprendre la vérité et se découvre un goût prononcé pour la perversité. Lily et Henry deviennent un fameux couple d'échangistes qui croquent dans toutes les pommes, même les plus pourries.

17a. En fait, Lily a inventé Jim pour dissuader Henry de la poursuivre. Celui-ci ne s'en rend jamais compte et finit par oublier Lily. Plus ou moins.
17b. En fait, Lily a inventé Jim pour dissuader Henry de la poursuivre. Celui-ci ne s'en rend jamais compte et finit par oublier Lily dans les bras de Kim.
17c. En fait, Lily a inventé Jim pour dissuader Henry de la poursuivre. Celui-ci finit par s'en rendre compte et, fou de douleur, il tue Lily puis se suicide.
17d. En fait, Lily a inventé Jim pour dissuader Henry de la poursuivre. Celui-ci finit par s'en rendre compte et, fou de douleur, il tue Lily puis épouse Kim sur un coup de tête, en faisant son esclave à vie.
17e. En fait, Lily a inventé Jim pour dissuader Henry de la poursuivre. Celui-ci finit par s'en rendre compte et, pour éviter de devenir fou de douleur, devient l'être le plus normal de la Terre.
17f. En fait, Lily a inventé Jim pour dissuader Henry de la poursuivre. Kim le lui apprend quarante ans plus tard, alors qu'il est à l'article de la mort. Il hausse les épaules et tourne la tête vers le mur.

18a. Henry, déprimé, rompt le contact avec Lily et renonce à elle. Dix ans plus tard, il reçoit un message d'une femme de 40 ans qui cherche à le revoir. Il ne reconnaît pas Lily et l'envoie paître.
18b. Henry, déprimé, rompt le contact avec Lily et renonce à elle. Dix ans plus tard, il reçoit un message d'une femme de 40 ans qui cherche à le revoir. Il se souvient parfaitement d'elle ; ils ont vieilli mais le sentiment est toujours là. Ils vivent tout le reste de leur vie ensemble et n'ont jamais d'enfant.
18c. Henry, déprimé, rompt le contact avec Lily et renonce à elle. Dix ans plus tard, il reçoit un message d'une femme de 40 ans qui cherche à le revoir. Il se souvient parfaitement d'elle ; ils ont vieilli mais le sentiment est toujours là. La première fois qu'ils font l'amour, Lily tombe enceinte.

*
Voilà, ma chère chérie, une bonne cinquantaine de scénarios potentiels. Je suppose qu'il y a des centaines d'autres intrigues possibles, mais ma cervelle est épuisée, ainsi que mes souvenirs. Je crois bien avoir écumé là l'entière vie sextimentale (oh ! une faute de frappe) de mes vingt dernières années. Et si j'en oublie, c'est que ça n'en valait pas la peine.
Bonne chance avec ton Horace Schwineclap (?) ; n'oublie pas de me tenir au courant, mais surtout pas avant lundi midi, au bas mot !
La vie étant affaire de choix, je dois maintenant soit faire l'amour soit subir douze heures de migraine. Y a-t-il quelqu'un dans mes placards ? Ohé ? Écho !

Je hais les dimanches.

Dorothy Parker

*
* *

3

Télégramme de Mlle Lillian Hellman à M. Dashiell Hammett, Los Angeles, USA
Chéri, catastrophe - ne peux rentrer à temps pour rendez-vous Schmidlapp - réunion ici repoussée lundi matin - supplie Dottie d'y aller à ma place - si elle rechigne, dis-lui qu'elle peut b***er avec si ça lui chante - dira pas non, à mon avis - je t'adore - Lil

*
* *

4

Télégramme de Dashiell Hammett à Lillian Hellman, Hôtel Georges V, Paris, France
Dorothy morte - barbituriques + veines ouvertes + gaz - trouvée par moi ce matin 9 h - reviens - Dash

lundi 10 août 2015

Un feuilleton pour le Ray's Day

A l'occasion du Ray's Day 2015, je reprends provisoirement ce blog.
Du 22 août au 12 septembre, vous trouverez ici un chapitre par jour du roman :


PARODIE CELESTE
une aventure de Semantico Goya
démystificateur
Nicolas Kalmakoff, v. 1920

lundi 2 février 2015

Pour (en) finir avec (l') optimisme

"Un petit saut pour moi..."                (Ph. Fanny Vozelle)

"Quoiqu’il importe à tous les hommes de connaître la vérité, il y en a très peu cependant qui jouissent de cet avantage. Les uns sont incapables de la rechercher par eux-mêmes, les autres ne veulent pas s’en donner la peine. Il ne faut donc pas s’étonner si le monde est rempli d’opinions vaines et ridicules ; rien n’est plus capable de leur donner cours que l’ignorance ; c’est là l’unique source de fausses idées que l’on a de la divinité, de l’âme, des esprits et de presque tous les autres objets qui composent la religion. L’usage a prévalu, l’on se contente des préjugés de la naissance et l’on s’en rapporte sur les choses les plus essentielles à des personnes intéressées qui se font une loi de soutenir opiniâtrement les opinions reçues et qui n’osent les détruire de peur de se détruire elles-mêmes. (...) De là le penchant qu’elles ont à feindre des causes invisibles, qui ne sont que des fantômes de leur imagination, qu’elles invoquent dans l’adversité et qu’elles louent dans la prospérité. (...) Il n’est pas besoin de longs discours pour montrer que la nature ne se propose aucune fin, et que toutes les causes finales ne sont que des fictions humaines." écrivait Jean Rousset de Missy, en 1721.

mardi 20 janvier 2015

Paradoxes et contre-addictions : phrases notées depuis le 7 janvier...

(photo: DR) La religion, c'est comme un pénis. C'est sympa d'en avoir un. C'est sympa d'en être fier. Mais arrêtez de l'agiter dans tous les sens et de le montrer en public. Et SURTOUT n'essayez pas de l'enfoncer au fond de la gorge de mes enfants.


"Quand l'aube se leva sur les corps entassés, les oiseaux chantaient quand même. Qu'est-ce qu'on peut dire d'autre, après un massacre, sinon cui cui ?" (Kurt Vonnegut, Abattoir 5)



Ce qui a changé le 7 janvier 2015, c'est que la France est devenue un pays du tiers-monde ; un pays où n'importe qui peut désormais se faire tuer pour ses idées par un de ses « semblables » ; la dernière fois que cela était arrivé en France, c'était en 1871. Nous avons donc eu 144 ans de paix spirituelle. Qu'en avons-nous fait ?

mardi 13 janvier 2015

e-LUCIDE : auto-défense athéiste


e·LUCIDE
projet d'auto-défense athéiste contre tous les fondamentalismes



« La plus grande religion, c'est de ne point parler de religion. »

Gabriel de FOIGNY, 1666


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- Qui a dit : « Ceux qui refuseront mon commandement, vous les mènerez devant moi et vous les égorgerez sous mes yeux » ?
- Quand, où et pourquoi l'Inquisition a-t-elle été créée ? 
- Quand et pourquoi le meuble appelé confessionnal a-t-il été inventé ? 
- Qu'a fait Asma bint Marwan pour mériter la mort ?..

Si vous connaissez les réponses à ces questions, alors vous n'avez pas besoin d'e-LUCIDE. Mais si vous croyez les connaître ou si vous les ignorez, alors ce projet est nécessaire.

Un échantillon de Questions (et leurs réponses) est présenté en deuxième partie de cet article. Commençons par la description du projet.

vendredi 9 janvier 2015

Je suis Charlie & Giordano Bruno & Asma bint Marwan...


& Abu Afak, Asma bin Marwan, Porphyre, Hypatie, les frères Gracques, Paolo Scarpi, Ferrante Pallavicino, Arnaud de Breschia, Ciecho d’Ascoli, Thomas Scoto, Hermann de Rijswijck, Pietro Pomponazzi, Hermann Küchener, Berthold von Rohrbach, Metza von Westenhove, Johannes Hartmann le Tisserand, Jeanne Dabenton, Martin de Mayence, John Cobham, Hans Becker, Francesco da Pistoia, Jean de Castillon et François d'Arquata, Michel Perti, Hans Böhm, Jérôme Savonarole et ses deux disciples, Jules-César Vanini, Jean Fontanier, Étienne Durand, les frères Siti, Pic de la Mirandole, Étienne Dolet, Jacques Gruet, Michel Servet, Noël Journet, Sébastien Castellion, Juan Lopez, Éloi Pruystinck, Dominique d'Uccle, Raimond Delaire, Arnaud de Savinhan, Jacqueline den Carot, Guillemette d’Ornolac, Hugues Lescantelier, Caso Hocq, Quintin Thierry, Jörg Ratgeb, Philippe Dietmar, Thomas Münster au drapeau arc-en-ciel, Heinrich Pfeiffer, Hans Hut, Melchior Hoffmann, Jean de Leyde, Knipperdollinch et Krechting, Geoffroy Vallée, Théophile de Viau, Jan Torrentius, Jean Jacques Bouchard, Claude Le Petit, Willem Cornelis, Tilman Riemenschneider, Sophie Scholl, John Lennon, Rebecca Lucile Shaeffer... 

et des millions d'autres.

mercredi 7 janvier 2015

La Paix est morte... Vive la Paix !



La Paix est morte,
piétinée
par les soldats d'un dieu quelconque.
Les portes du temple de Janus ont été abattues
incendiées
par la bêtise, l'ignorance, la lâcheté et la peur.
L'humour a été assassiné
annihilé
par la joie nauséabonde du cynisme.
La tolérance n'est plus qu'une fille violée
mutilée
enceinte d'un monstre répugnant
qui déchirera bientôt ses entrailles pour naître.
Photo Droits bafoués
La Guerre maudite a beuglé son cri de jouissance
obscène
à la face d'un pays somnambule.

Vous trouvez que le réveil est douloureux ?
Dormir était une erreur...
Le cauchemar ne fait que commencer
et il a pour nom Réalité.

Bienvenue en 2015
première année de la première guerre de religion mondiale.

lundi 22 décembre 2014

LA LOI DU MILLIEME: ou les petits comptes de noël


Imaginez tous les Harry Potter qui ont été achetés depuis le début. Vous voyez la montagne de livres que cela représente ? Les cent et quelques millions d'exemplaires (ou les trois mille hectares de forêt que cela a necessité, si vous préférez) ?
Bon. Ajoutez-y les X millions d'exemplaires de Cinquante nuances de Truc, les Y millions d'exemplaires du Da Vinci Bidule, les Z millions d'exemplaires de Twilight, les péta-millions de Millénium...
Pas la peine d'en rajouter, on va s'arrêter là. Cela suffira pour cette expérience. Plus gros, ce serait sans doute trop gros. Moi, en tout cas, j'ai beaucoup de mal à imaginer une montagne de cinq cents millions de bouquins. C'est pourtant ce que la majorité d'entre vous a acheté, au nom de cinq personnes seulement, au cours des vingt années écoulées.

Cul-de-sac et Gros-Bourbier sont dans un bateau... Devinez ce qui tombe à l'eau.

Contrairement à l'annonce trop optimiste faite précédemment, "Fantaisie baroque" n'est toujours pas édité. Et ne le sera sans doute pas avant longtemps. Ceci est dû à l'incompétence absolue de l'éditeur pressenti, dont les prestations techniques se sont révélées lamentables, sans parler de leur "don" en communication, qui oscille entre le grotesque et l'inconséquent. Entre autres exemples, ces messieurs, n'ayant pas vu arriver un e-mail qu'ils espéraient, n'ont rien trouvé de mieux à faire que de m'envoyer une mise en demeure par courrier recommandé. On en déduira que dans leur univers étriqué, le téléphone, c'est bon pour les chiens. Ce doit être ça qu'on appelle l'intelligence du caniveau...

En treize ans dans l'édition, j'ai évidemment croisé pas mal de bras cassés, de margoulins, de nazes, d'enflures, de pauvres mesquins et de cruches fêlées de naissance, mais là, les limites de la nullité ont été pulvérisées, atomisées et converties en Total-Merdier calibre 88.
Et comme la loi française défendra toujours les ânes et les requins contre le menu fretin, le roman est désormais coincé dans les limbes du droit civil, au moins jusqu'en 2017. J'hésite donc à remettre en ligne l'intégralité des lettres et du pamphlet, mais nul doute que si je le faisais, "on" me le ferait regretter d'une manière ou d'une autre.

Quoi qu'il en soit, je ne ferai désormais plus la moindre confiance à un éditeur rencontré sur Internet

Merci, charmant destin ! J'avais tellement besoin de ça.

lundi 17 novembre 2014

Cela change tout ! ou Naomi Klein contre le Capitalisme

« Dans la lutte de l'organisation révolutionnaire contre la société de classes, les armes ne sont pas autre chose que l'essence des combattants mêmes. » (Guy DEBORD, La société du spectacle, thèse 121).
Les livres de Naomi Klein sont comme l'air et l'eau : indispensables à notre survie. NK n'est pas seulement une journaliste ès économie, ès politique, ès écologie, etc. ; elle a un don pour nous expliquer tout ce qui, dans l'actualité, relève déjà de l'Histoire et s'apprête à nous concerner tous, sans exception. Autrement dit, quand je lis une enquête de NK, je ressens la même impression qu'en lisant un livre de Howard Zinn, pour l'avenir au lieu du passé. Les mots de NK ont une portée signifiante qui dépasse largement le cadre limité (et par qui d'autres que les gros magnats médiatiques ?) de l'édition. On constate avec plaisir (voire jubilation intense) qu'elle n'a de comptes à rendre à personne, ce qui est le meilleur (voire le seul ?) moyen d'écrire en toute liberté, donc de ne pas mentir – y compris à soi-même.

dimanche 9 novembre 2014

De l'éclosion de la conscience et de ses défaillances occasionnelles..

Cerveau de scientifique exténué.
John C. Eccles était un neurologue (australien, puis britannique, puis suisse) qui a écrit plein de livres scientifiques, avec des schémas, des formules biochimiques et des mots longs comme le bras ; dans l'un d'eux (Évolution du cerveau et création de la conscience), il a tenté de découvrir à quoi est due la conscience humaine. Il y raconte comment il a passé presque toute sa vie à se demander comment il est possible que l'homme réfléchisse plutôt que de se contenter de suivre ses instincts.
Pendant trois cents pages, il décortique des cerveaux (humains et animaux) et fouille, farfouille, soulève, analyse, prend des notes, calcule, compare, pèse, soupèse, relit ses notes, ajoute des produits, IRMise, découpe, humecte, dissèque, insère sous un microscope, cite des collègues, en critique quelques-uns, en encense d'autres (pas beaucoup), continue à chercher, se réveille en sursaut, vérifie, est déçu, garde le moral, ne part jamais en vacances (apparemment), ne cite pas une seule fois les travaux de Henri Laborit (entre chrétiens, pourtant, ils devraient s'aimer comme eux-mêmes), n'a pas de vie de famille (ou alors elle reste soigneusement à la maison ; ah si, j'ai vérifié, il - enfin, sa femme ! - a eu neuf enfants), continue de chercher, reçoit des médailles, se fait adouber, change de titre, de pays, regarde la retraite approcher, décide de faire le bilan de sa vie de recherches, le rédige à la sueur de son front et de celles de ses assistants, relit son manuscrit, exténué mais exalté, pour finalement conclure que l'origine de la conscience humaine ne peut être que...