Si
vous vous demandez à quoi ressemblera demain l'édition française,
je peux vous en faire un portrait hurlant.. de terreur et
d'abjection. C'est tout frais, puisque ça s'est produit le 10
février 2014. Une heure après cette rencontre anhistorique, j'avais
encore des nausées et, depuis, je traîne un vague relent qui ne se
dissipe pas tout à fait. Je vais donc essayer de ne pas avoir le mal
de mer, en vous racontant "ça" par le menu.
Travaux d'Alfred Boudry : récits, contes, nouvelles, poèmes, essais, chroniques, photographies, dessins, billets d'humeur, histoires vécues, critiques, satires, pamphlets, curiosités, objets inclassables, ateliers d'écriture et même des romans...
PROJET ADYNATA: MAISON D'EDITION SANS EDITEUR
- HIC ET NUNC
- PROJET ADYNATA : Maison d'édition sans éditeur
- PUBLICATIONS disponibles
- REVUE de PRESSE
- AUTRES PUBLICATIONS immanentes ou non
- Les DESAMANTS : le rêve perdu de George Bass
- SUITE NOMEDIENNE : 7 documents de la 2e génération
- SIX CONTES illustrés
- L'EUSTACHE boîte à outils universels
- LOGOTOMIE apologie de la liberté d'écrire
- L'EPOUVANTABLE CHARNIERE essai sur les 100 ans du cinéma
- METHODE D'EDITEUR ou comment traiter un manuscrit
- APHORISM'N'BLUES à méditer ou à railler
- BEAUX & BONS LIVRES à lire et à offrir
- Comment vous procurer mes publications?
samedi 22 février 2014
samedi 25 janvier 2014
MARSEILLE, capitale de l'acculture 2013
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Photo vachement DR |
En 1985, je m'installe à Aix-en-Provence pour passer le bac. Un an plus tard, j'achète ma première voiture (une 4L d'occasion) et le soir même, je descends à Marseille pour participer à ma première émission de radio, à Radio-Grenouille. Coup de bol ou clin d'œil du destin, je trouve le studio tout de suite (normal, il y a écrit TOURSKY en énormes néons au-dessus). Je me gare, je vais faire l'émission; je reviens une heure plus tard: portière pliée. Comme il n'y avait rien dedans, rien n'a été volé. Pas un seul des Marseillais à qui j'ai raconté cette histoire n'a manqué de dire: "Normal, vé! C'était ton baptême."
Au cours des quinze années suivantes, une fois sur deux quand je vais à Marseille, quelque chose de négatif arrive: panne de voiture sous un tunnel, ratage de spectacle pour cause d'embouteillage, vol de matériel, injures gratuites, taré qui montre un couteau au feu rouge, autre taré qui montre un fusil à pompe, bande de morveux qui piquent le portefeuille, le vident et te le rendent en disant "vous avez perdu ça!"... J'en passe et des poussières, pas la peine d'épiloguer. Pas un seul des Marseillais à qui je raconte l'une ou l'autre de ces histoires ne manque de me dire "M'enfin, ça arrive ailleurs aussi, tout ça!" Peut-être, mais pas à moi. Ça ne m'arrive qu'à Marseille. Partout ailleurs, on me fout la paix. (Bon, j'avoue: presque partout).
vendredi 17 janvier 2014
LA COULEUR D'UNE VENGEANCE (conte cinéphile)
La Couleur d'une Vengeance
Fucking Icons !
(in your dreams)
Je faisais des rêves. Des rêves
invraisemblables. Oh, ils étaient stupides. Pourquoi ? Eh
bien, il y avait Burt Reynolds. C'est bizarre mais c'est ainsi. Il ne
m'a jamais fait grand-chose dans la vie ; en revanche, dans mes rêves... C'était toujours lui.
L'inondation, dans Les
Monologues du Vagin, Eve ENSLER
*
Laura s'éveilla en sursaut deux
secondes avant la sonnerie du réveille-matin.
– Oh, non ! Non ! eut-elle le
temps de gémir avant que le son strident ne retentisse.
Ses plaintes furent ensuite étouffées
par les vociférations synthétiques de la
Comptable-de-nuit.
mardi 17 décembre 2013
DE PI EN PI (léger hommage au psy*** Lucien Israël)
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Acteur imitant un méchant qui fait semblant d'être gentil. |
On
a tous connu un personnage ambitieux au cours de notre vie. On l'a
même peut-être été. Mais on ne l'est plus,
sinon on ne serait pas ici, en train de lire une chronique de blog (ou
de l'écouter dans un bar d'amateurs de rugby). Quand on a eu
beaucoup d'ambition et qu'on l'a satisfaite, on ne traîne pas
dans les activités gratuites, c'est-à-dire qui ne
rapportent rien. On fait des trucs de riches ; on n'a pas le
choix, puisqu'on n'a plus d'amis.
Par
exemple, si vous ne savez pas quoi faire le week-end du 22-25 janvier 2014, allez donc
à Davos pour le sommet annuel du Forum économique
mondial. C'est une association à but non lucratif, dont
l'adhésion ne coûte que 42.500 francs suisses (34.000 €) ;
pour l'édition de cette année, le PAF est de 18.000 FS (14.500 €).
Ses membres sont tous persuadés "d'œuvrer pour le bien de l'humanité". Si vous avez pensé que je faisais de l'ironie, c'est que vous
n'êtes pas "assez" ambitieux.
samedi 7 décembre 2013
LA VOIX SUAVE: Elisabeth Wiener
Contre toute attente, l'un des messages les plus visités de mon blog est l'hommage à l'acteur Georges Aminel (alias Jacques Maline). Cet article a suscité quelques réactions inhabituelles, ainsi que (je l'espère) des rencontres imprévues. Je songeai donc depuis quelque temps à renouveler l'expérience.
C'est fait : voici le visage de quelqu'un que vous connaissez surtout par sa voix.
C'est fait : voici le visage de quelqu'un que vous connaissez surtout par sa voix.
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Photo extraite du tournage de La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot, 1968) |
mardi 26 novembre 2013
Du Cauchemar au Récit : atelier d'écriture créative
A l'occasion de la sortie des deux tomes du Sang de Robespierre, s'est déroulée le 24 novembre 2013 une séance d'écriture créative sur le double thème du Cauchemar et du Monstre. Les éditions numériques Le Peuple de Mü (représentées par Davy Athuil) et moi-même étions accueillis par le magasin Ukronium1828 à Lyon, en la personne d'Eddy, l'un des huit responsables de ce lieu magique. Qu'il soit ici remercié d'importance (ainsi que sa famille, qui a accepté ce sacrifice).
dimanche 13 octobre 2013
Prescription for reading Marisha Pessl's NIGHT FILM
I've just finished reading Marisha Pessl's second novel, NIGHT FILM. Or rather, it has finished me. The day after that simply did not register in my perceptive mind; it was null and void, it vanished into thin and dark air; it's gone away and will have no date. Do you remember that feeling of mental and physical numbness after you saw The Shining for the first time?
Well: "the same".
As a consequence, and in order to avoid too many casualties among my friends and fellow readers, I have designed a few instructions to follow - that is, if you wish to read this book and remain more or less alive:
A la limite de Philip Roth...
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"Je ne pleure pas. Je prie à voix haute !" |
Il
ne fait aucun doute que Philip Roth est l'un des plus grands
écrivains contemporains (quantitativement et qualitativement). Nul
autre n'arrive à sa cheville en matière d'élaboration d'un récit
(à part peut-être David Mitchell), d'universalité des sujets
traités (à part peut-être Salman Rushdie), d'éruditon qu'il
maîtrise (à part peut-être Vladimir Nabokov) et distille au fil
des pages (mettant les lecteurs dans la meilleure des positions
imaginables pour apprendre quelque chose : celle de l'expert
passionné qui transmet son savoir en espérant qu'il transmet aussi
sa passion par là-même)... Et surtout, personne (à part peut-être
Jack Vance) ne se fait aussi peu d'illusions sur la Nature humaine,
nous la présentant sous son jour le moins flatteur mais le plus
incisif, avec une si maigre lueur d'espoir à l'horizon qu'on
n'envisage d'y survivre que par une sorte de curiosité malsaine,
pour voir jusqu'à quel tréfonds boueux elle est encore capable de
chuter.
vendredi 27 septembre 2013
Il était une mauvaise foi, suite sans fin
Quelques petites nouvelles du front (bas) de l'édition française médiocre (pardon, je voulais dire moyenne, les lecteurs auront rectifié d'eux-mêmes) :
Libellés :
#MauvaiseFoi,
édition,
littérature,
satire
vendredi 16 août 2013
Le Worst of de la Musique de partout
C'est l'été; on s'ennuie en vacances. Pour s'occuper, voici une liste (ouverte) des pires morceaux de musique qu'on ne cesse d'entendre et qui (me) donnent envie de : crisser des dents / gifler la première personne à portée de main / tuer / hurler / cracher du feu / vomir légèrement / déchirer ma carte d'identité... selon le cas, et parfois tout cela à la fois.
jeudi 8 août 2013
Pétition pour le Boycott des Fils et des Filles à Papa/Maman
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(Photo: par le fils de Machin) |
Quelle merde! Dialogues ineptes, mise en scène glaireuse, acteurs misérables (même Bill Murray, bon sang!), propos consternant, message moral nullissime (Noël, c'est fait pour se réconcilier, youpi!), clichés à gogos, musique lamentable et systématiquement inappropriée... Le tout sur fond de moyens financiers évidemment disproportionnés, image "californienne" m'as-tu-bien-vu quand je pète en compagnie des stars et clinquant à la noix...
vendredi 26 juillet 2013
La SACD et l'algèbre ou Petit Exercice de mathématique transcendantale
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Encaisseur de la SACD, dans une ruelle d'Avignon. |
Dans sa dernière plaquette à usage interne, Mme SACD (Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques) présente un bilan de son assemblée générale 2013. Parmi les chiffres annoncés, on trouve celui-ci: sur 100 € perçus, 87,83 sont "destinés à être répartis aux auteurs".
QUESTION A (10 points)- Sachant que Mme SACD encaisse 24 % des droits des auteurs pour que ceux-ci aient le droit de percevoir leurs droits, expliquez l'équation : 100 - 24 = 87,83.
QUESTION B (7 points)- Lorsque vous aurez calculé le pourcentage fantôme, expliquez la nuance entre "destinés à être répartis aux auteurs" et "effectivement reversés aux auteurs". (Attention, piège: vérifiez bien le sens du mot "destinés" dans le dictionnaire avant de vous lancer).
QUESTION C (3 points)- Que font les membres administrateurs de la SACD (qui sont presque tous des artistes aussi, ne l'oublions pas) avec le "fonds des droits non recouvrables" (qui se monte à environ 10% des montants perçus annuels, soit 19,5 millions d'Euros):
1-ils vont manger tous ensemble dans une pizzeria ;
2-ils spéculent dans des placements pépères pour sécuriser leur maison-mémère ;
3-ils organisent une soupe populaire pour nourrir les artistes qui ne peuvent plus se produire parce qu'il n'y a plus de place à Avignon, que les autres festivals sont morts, qu'ils ne sont pas les enfants de personnalités connues, etc.
Attention: les arguments surréalistes, poétiques et fantaisistes ne seront pas pris en compte.
A gagner (si vous obtenez la moyenne): le droit de cotiser à une caisse de retraite fantôme pendant quarante-cinq ans et demi.
jeudi 25 juillet 2013
Une soirée avec HOLMES & WATSON: sherwats n° 19, 20 et 21
SherWat N° 19 :
Le venin de l'autre
Sherlock HOLMES:
Watson! Suis blessé. Mordu par veuve noire. Ne dois pas bouger.
Docteur WATSON:
Juste ciel! Ce n'est pas une de vos plaisanteries, j'espère? Où
êtes-vous?
Sherlock HOLMES:
Guichet des retraits, gare de Paddington. La bête était dans un
colis.
Docteur WATSON:
J'arrive le plus vite possible; je suis à deux pas. Quelle chance!
Sherlock HOLMES:
Soyez prudent. Suis sûr qu'assassin toujours à proximité. Pour
jouir de ma souffrance.
Docteur WATSON:
J'ai une ampoule de sérum dans ma trousse. Mais cessez de vous
agiter. Suis en route.
samedi 13 juillet 2013
Une soirée avec Holmes & Watson: les SHERWATS N° 16, 17 et 18
SherWat N° 16 :
Dans la lueur des crocs
Docteur WATSON:
Holmes, je me demandais si... Non, c'est idiot. Excusez-moi de vous
avoir dérangé pour rien.
Sherlock HOLMES:
Pas du tout, John. Je m'apprêtais à fumer une bonne pipe. Qu'est-ce
qui vous taraude?
Docteur WATSON:
Je ne sais pas trop, à vrai dire. Ce n'est qu'une intuition,
peut-être même une bêtise...
Sherlock HOLMES:
Vous n'êtes pas à l'école. Personne ne vous punira si vous
proférez une bêtise. Nous la corrigerons.
Docteur WATSON:
Bon. Alors, voilà: si je vous dis Dorian Gray, Dracula, Mr Hyde... A
quoi pensez-vous?
vendredi 12 juillet 2013
29. Saynète : La Coquette se régale
29. SAYNÈTE
La Coquette se régale
par Théophile le jeune30
Une chambre coquette - cheminée ardente - une ottomane, deux fauteuils, une table basse, un secrétaire.
Une femme de 30 ans est assise dans l’ottomane, en négligé de dentelle et peignoir de fine soie ; elle semble impatiente, inquiète ; elle a un long visage, le regard sombre mais charmant ; elle lit une lettre, puis son regard se perd dans les flammes du foyer qu’elle va ranimer ; tandis qu’elle se tient debout devant l’âtre et s’y penche pour jeter une bûche, la lueur du feu transparaît derrière les tissus, révélant ses jambes ; elle retourne bientôt s’asseoir, nerveuse, triturant les faveurs de dentelle qui ornent sa poitrine.
Lorsqu’on frappe enfin à la porte, elle se lève subitement, poussant un soupir de soulagement et court ouvrir ; dans l’embrasure de la porte, se tient une femme de 35 ans, petite, engoncée dans une soutane, sous une lourde cape, la tête prise dans une cornette, le visage dissimulé derrière un voile de taffetas noir.
NINON. Christine !
CHRISTINE. Ninon !
Ninon arrache sa cornette, puis son voile ; les deux femmes tombent dans les bras l’une de l’autre, sans réprimer leurs sanglots de joie.
CHRISTINE. Après tout ce temps. Je vous tiens dans mes bras.
NINON. Le cauchemar est terminé. Merci, ma chère sœur. Merci, merci, merci.
CHRISTINE. Ne me remercie plus. C’est aussi pour moi que je t’ai délivrée.
NINON. Laisse-moi t’embrasser, alors.
Elle baise les lèvres de la reine.
CHRISTINE. Mais tu pleures ! Il ne faut pas. Viens te réfugier près du feu. Entre !
Elle attire Ninon vers le divan, après avoir refermé la porte, puis la fait asseoir ; elle s’agenouille devant elle, lui tenant les mains, la dévorant des yeux.
NINON. Il faut pardonner ces larmes. J’ai tant de mal à y croire encore.
CHRISTINE. Ici, rien ne peut nous arriver. Nous sommes les souveraines d’un royaume où nul ne peut pénétrer.
NINON. Mais pour une nuit seulement.
CHRISTINE. Pour une nuit et un jour, qui seront notre éternité.
Ninon sourit enfin et jette sa voilette dans le feu.
NINON. J’ai tort de me plaindre. Ma prison est toute dorée, et tous mes chevaliers servants n’ont aucun mal à y entrer, malgré l’interdiction de la reine-mère.
CHRISTINE. (lui caressant la joue) Ce soir, ton chevalier servant, c’est moi et nul autre. (elle embrasse Ninon). As-tu faim ou soif ?
NINON. Diable, oui ! Les nonnes ne me font rien manger sous prétexte de pénitence.
CHRISTINE. (se levant) Regarde ! J’avais demandé une collation pour toi. Il y a aussi du vin. (elle en verse dans deux verres et en tend un à Ninon)
NINON. À l’union de nos deux royaumes ; celui de Suède et celui de l’esprit... de vin !
Elles boivent d’un trait.
NINON. Dieu que c’est bon ! Et bon dieu, que j’ai chaud !
CHRISTINE. Ta soutane est de trop. Je vais t’aider à l’ôter.
NINON. En es-tu sûre ? C’est que, dessous, je suis nue.
CHRISTINE. Je le suis presque, moi aussi, comme tu vois. Nous connaissons si bien nos âmes ; que pourraient encore cacher ces vêtements ? Quant à celui que tu portes, c’est bien le plus laid de tous.
NINON. C’est vrai. Habille-moi de vérité pure, je t’en prie. Fais vite, je bous.
Ninon s’est mise debout et a levé les bras en croix. Christine la déshabille, délaçant la soutane jusqu’à ce qu’elle tombe en tas au pied de Ninon, dont le corps apparaît dans sa splendeur natale. Christine la contemple alors longuement, tournant autour d’un air gourmand.
CHRISTINE. Les poètes de ton pays n’ont pas menti, pour une fois. Tu es si belle que le temps n’a pas prise sur toi.
NINON. Si fait, majesté. Mais ce qu’il me prend, je le lui reprends sans tarder.
CHRISTINE. Quel est ton secret ?
NINON. Je n’ai jamais dit non à un amant désintéressé.
CHRISTINE. Quoi ? Même ceux qui sont plus laids qu’un cul de singe ?
NINON. Surtout ceux-là, voyons. Ce sont les plus frustrés, donc les plus ardents. Leur vigueur me rajoute des années. Bien sûr, on ne peut se montrer avec eux en société, mais le charme est comme l’argent : on peut le parfumer, le maquiller, l’habiller.
CHRISTINE. Tu as tant de choses à m’apprendre...
Elle embrasse la nuque et les épaules de Ninon, caresse ses bras. Se retirant soudain, elle enlève son peignoir et le pose sur les épaules de Ninon.
NINON. Voilà que tu me rhabilles. Pourquoi ?
CHRISTINE. Tu es trop belle pour que je te résiste encore longtemps. Je préfère...
NINON. Qui parle de résister ? Je suis venue pour céder, moi aussi.
CHRISTINE. Je préfère attendre encore. Un peu. Tu dois manger quelque chose.
NINON. C’est vrai. Et nous devons boire toutes les deux. Surtout toi.
Riant, elles s’asseoient par terre, à côté de la table basse.Tandis que Ninon pioche dans la nourriture, Christine ressert deux verres de vin.
NINON. À ton futur trône de Naples !
CHRISTINE. Comment sais-tu cela ? C’est censé être un secret d’état.
NINON. Ma chérie, je suis la femme à qui l’on fait le plus de confidences en France, et peut-être dans toute l’Europe. Crois-tu donc qu’une telle chose ait pu m’échapper ?
CHRISTINE. (boudeuse) Je ne sais. Chez moi, j’étais toujours la dernière informée.
NINON. Eh oui, c’est le privilège des reines. Reine, tu l’étais ô combien, et tu les gênais. Mais moi, je suis au centre de la volière, et j’ai l’ouïe la plus fine de Paris - pour mon malheur !
CHRISTINE. Tu veux dire, les oreillers les plus moelleux.
NINON. Les oreillers ne sont pas les instruments les plus confortables pour le genre de danse que j’affectionne. Mlle de la Barre m’a dit que tu affectionnais plutôt les bottes de paille des écuries.
CHRISTINE. Oh ! Anne aussi a succombé à ton charme ?
NINON. Disons plutôt que nous avons succombé à nos charmes mutuels. Une partie de sa tactique a d’ailleurs consisté à me décrire une de vos réunions de l’ordre de l’Amarante.
CHRISTINE. Encore un secret qui s’envole par la fenêtre !
NINON. Eh oui, comme tous les os à demi-rongés que l’on ne surveille pas assez. Allons, ma reine de cœur, tu n’escomptais pas vraiment que des orgies impliquant seize hommes, seize femmes et une reine pussent passer inaperçues aux yeux du monde ?
CHRISTINE. Je les ai pourtant toujours choisis avec soin.
NINON. Pour leurs appas et leur vigueur, certainement ; mais pas pour leur discrétion. Il eût fallu pour cela qu’ils fussent muets et incultes.
CHRISTINE. Tu as raison. Peu importe ; les soirées de l’Amarante resteront parmi les meilleurs souvenirs de mon existence aujourd’hui bien malmenée.
NINON. Surtout, je gage, celle où tu te déguisas en nymphe.
CHRISTINE. (rougissante) Anne t’a raconté cela aussi ! Quelle fieffée sorcière ! C’est bien d’une femme, tiens !
NINON. Elle m’a surtout raconté de quelle manière ta nymphe avait atteint le septième ciel, peut-être même au-delà. Quel triomphe ce dut être !
CHRISTINE. Oui, je le reconnais. Je n’ai jamais su qui se cachait sous le masque de ce satyre au teint bistre, mais la constance et la fermeté de son membre viril relevaient certainement de la magie. Dommage qu’il ne soit plus jamais venu à nos réunions ; sans doute l’ordre lui répugnait-il.
NINON. Oh si ! il est revenu. Mais tu ne l’as jamais reconnu.
CHRISTINE. Que dis-tu là ? Tu sais qui il était ?
NINON. (riant) Anne de la Barre, voyons. La bien nommée, en l'occurrence.
CHRISTINE. Mais comment est-ce possible ?
NINON. Tout simplement : enduite de brou, vêtue d’une peau de bête, chaussée d’un crâne de bouc, et harnachée d’une fausse verge de cuir.
CHRISTINE. Voilà pourquoi ce démon était insatiable ! Et moi qui l’avais pris pour un incube d’Égypte, à cause de son vit brun. Ce n’était que du cuir !
NINON. Mais il a bien rempli son office.
CHRISTINE. Et j’ai rendu son plaisir à Anne quelques jours plus tard ; car, fâchée de ne pas revoir mon satyre, j’ai jeté mon dévolu sur elle et lui ai fait l’amour sans relâche pendant une nuit et un jour entiers.
NINON. Ce qu’elle n’oubliera jamais ; elle me l’a dit, des sanglots d’émotion dans la voix. D’ailleurs, avoue-le : c’est pour elle que tu es revenue en France, non pour voir danser Louis XIV, comme tu l’as prétendu ?
Christine fait mine de s’offusquer un instant, puis éclate de rire ; Ninon, amusée, boit un verre de vin, puis son regard se perd dans la contemplation du passé.
CHRISTINE (une fois calmée de son rire). Ninon ?
NINON. Oui ?
CHRISTINE. Crois-tu que nous ayons réellement besoin des hommes ?
NINON. Qui veux-tu dire ? Nous deux ou les femmes en général ?
CHRISTINE. Les femmes en tant que sexe.
NINON. Ma chérie, voilà une étrange question. Bien sûr que nous avons besoin d’eux, pour faire des enfants. Tout comme ils ont besoin de nous.
CHRISTINE. Pour faire des enfants ?
NINON. Non pas ; pour leur rappeler qu’il existe d’autres occupations que la guerre.
CHRISTINE. Mais pour l’amour ? Es-tu sûre qu’ils savent nous aimer plus que les autres femmes ? Plus que nous nous aimons, toi et moi, par exemple.
NINON. Encore une fois, quelle drôle de question ! Je connais bien des femmes que nous détestons aussi, parfois même plus que certains hommes. Voyons, Christine ; ne crois-tu plus à l’amour des hommes ? Toi qui ne jurais que par eux, il n’y a pas si longtemps.
CHRISTINE. C’est que... je crains fort que ton Mazarin ne me donne pas le trône de Naples.
NINON. C’est donc cela qui te chagrine !
Elle s’approche de Christine et la prend dans ses bras.
NINON. Sache tout d’abord que ce n’est pas mon Mazarin ; cet homme-là s’aime assez tout seul sans que quiconque y puisse mais. Et s’il baise à l’occasion la reine-mère, c’est pour assurer ses affaires, tu peux m’en croire. Tout comme ta conversion au catholicisme n’est qu’un moyen pour toi d’échapper à ta famille et de parvenir à tes fins.
Christine se détache de Ninon, furieuse ; celle-ci l’embrasse aussitôt sur la bouche ; elles luttent un instant ; Christine se calme peu à peu.
NINON. Je dis cela parce que c’est vrai, tu le sais aussi bien que moi. Ne t’inquiète pas, je n’irai pas crier ce secret-là sur les toits. De toute façon, je suis la seule à l’avoir compris ; personne d’autre ne te connaît assez. Tu as clamé haut et fort ton horreur du mariage, et tu as bien raison sur ce point, car le mariage est bel et bien un esclavage reconnu d’utilité publique, comme les sources d’eau minérale. Mais toi aussi tu as sacrifié à ce Moloch, en épousant la cause catholique. Celle-là ou une autre...
CHRISTINE. En restant protestante, je demeurais cantonnée au nord. Et je ne supportais plus le nord. C’est le pays des fantômes et du vent qui hurle nuit et jour. Le sud est plus accueillant, et plus chaud. Au sud, on peut faire l’amour nu dans les champs, neuf mois de l’année, et...
NINON. Et il y a le trône de Naples qui te tend ses bras.
CHRISTINE. Il faut bien que j’entretienne mes deux cent cinquante suivants, sans quoi ils me quitteraient. Comme tous ceux de leur race, leur loyauté est à vendre.
NINON. N’oublie pas tes deux cents chevaux, tes cent statues, tes trois cents tableaux, tes huit mille livres, tes meubles, tes robes, tes selles et tes harnais, tes chariots, tes armures... et la machine à calculer de Pascal ! Heureusement que tu as daigné renvoyer les dix navires que tu as empruntés à ton cousin pour quitter Stockholm. Il a dû te mépriser un peu moins pour ce geste magnanime.
CHRISTINE. Je croirais presque que tu te moques de moi.
NINON. Non, pas le moins du monde. Je sais que tu voulais être reine et que le monde étriqué des hommes ne t’a laissé aucune chance. Je sais que tu as renoncé à un royaume mais pas à la royauté. Je sais même exactement ce que tu tentes de faire aujourd’hui en sillonnant l’Europe.
CHRISTINE. Si tu le sais, alors tu lis en moi comme dans un livre ouvert ; car je l’ignore moi-même.
NINON. Tu ne l’ignores pas ; ce sont seulement tes principes d’éducation - ceux que l’on t’a inculqués avant que ta conscience n’ait les moyens de les remettre en question, avant que tu ne saches dire "non" - qui t’interdisent de le reconnaître pour ce que c’est.
CHRISTINE. Et de quoi s’agit-il, selon toi ?
NINON. Tu cherches à fonder une nation où les femmes régneraient ouvertement sur les affaires du monde, dans l’égalité avec les hommes, et en paix avec le reste du monde.
Christine se lève et contemple Ninon.
CHRISTINE. Crois-tu que je verrai cela un jour ?
NINON. Bien sûr que tu le verras. Si tu fermes les yeux et si tu rêves très fort.
Christine reste tendue un moment, les paupières frémissantes, puis se laisse tomber dans les bras de Ninon, qui lui caresse alors la nuque.
CHRISTINE. Sais-tu ce que je hais le plus dans ce monde d’hommes qui a rendu les femmes si sottes que je ne les supporte pas ? C’est que parfois, même en l’absence d’hommes, je me sens si faible que j’ai l’impression d’être redevenue une enfant.
NINON. C’est ce qu’ils appellent leur force, qui n’est que bestialité.
CHRISTINE. Je n’ai connu que trois hommes qui ne me traitaient pas comme une enfant : mon père, le cardinal Azzolino, et Gabriel Naudé.
NINON. Pas Descartes ?
CHRISTINE. Lui moins que tout autre. Sous ses dehors innovants et philosophards, il n’était qu’un bigot confit en dévotion, prêt à tout pour perpétuer le joug des hommes sur les femmes et la croyance stupide en un dieu supérieur.
NINON (après un temps et avec un sourire en coin). Tu n’as tout de même pas... facilité son trépas ?
CHRISTINE (faisant une grimace féroce). Même pas ! Il n’a succombé qu’à la froideur de son âme. (réprimant lentement sa grimace) Sais-tu que seuls les trois hommes que j’ai mentionnés auraient osé me poser cette question ? Cela fait donc de toi leur égale.
NINON. Alors, je comprends mieux pourquoi tu es ce que tu es : un prodige. Car moi, je n’ai connu aucun homme qui me traitât en égale.
Christine regarde Ninon, incrédule.
NINON. Et pour me défendre des hommes, je n’ai trouvé qu’un moyen dont je ne suis pas particulièrement fière.
CHRISTINE. Lequel ?
NINON. C’est moi qui les traite comme des enfants. Et ils me mangent dans la main. Pas seulement dans la main, à vrai dire.
Elles éclatent de rire. S’embrassent.
CHRISTINE. Je suis heureuse de te savoir ici, avec moi.
NINON. Et moi, donc ! Ma captivité vaut bien ton exil.
CHRISTINE. Je l’ai choisi, pourtant.
NINON. Et qui te dit que je n’ai pas choisi mon sort ? Ce n’est pas la première fois que je suis prisonnière.
CHRISTINE. Qu’y gagnes-tu ?
NINON. Crois-le ou non, mais grâce à mes arrangements, je parviens à recevoir au couvent des visites qui, autrement, ne viendraient jamais me voir.
CHRISTINE. Pour quelle raison ?
NINON. Parce que mes soirées privées sont pour ainsi dire publiques, maintenant, même si les invités sont triés sur le volet. Et lorsque le repas se termine et que je commence, par quelques signes discrets, à désigner ceux et celles qui resteront à l’après-dîner, il se trouve toujours certaines gens pour s’éclipser sans demander leur reste.
CHRISTINE. Par discrétion ? Par fidélité ?
NINON. Par ti-mi-di-té, ma chérie.
CHRISTINE. Cela existe donc ? Est-ce que cette émotion étrange ne cache pas plutôt chez ces personnes une volonté de t’avoir pour elles seules ?
NINON. Veux-tu dire, comme toi en ce moment ?
CHRISTINE. Oui, c’est ce que je voulais dire. Et comme mon rang et ma maudite notoriété m’empêchent d’aller te voir au couvent...
NINON. ...tu as préféré me faire enlever. C’est là une preuve d’amour que personne ne m’avait offerte jusqu’à aujourd’hui. Pourtant, j’en ai eu mon content.
CHRISTINE. Oui, de l’amour. Et aussi de l’égoïsme, je l’avoue. Car, dans ton couvent où l’on entre apparemment comme dans un moulin, nous n’aurions jamais été tranquilles.
NINON. C’est loin d’être faux. Rien que la nuit dernière, j’ai dû recevoir comme ils le méritaient un baron, deux comtes et une abbesse. Tout ce joli monde m’a épuisée ! Au matin, j’ai dû me faire porter pâle pour échapper aux prières et me reposer. Heureusement que mes geôlières n’osent pas me punir.
CHRISTINE. Et que pense de tout cela ta tortionnaire en titre ?
NINON. Anne d’O ? Elle aurait beau jeu de me faire un procès, elle qui subit en miaulant les assauts de son cardinal à queue de velours. Oh ! Éminence ! Oh ! Mon Dieu ! Oh ! Il en rougit, le traître !
Elles rient.
CHRISTINE. Veux-tu dire que tu n’as rien à craindre d’elle ?
NINON. Si, bien sûr ; mais elle sait que je pourrais la blesser mortellement avant de succomber moi-même. Aussi, elle feule beaucoup mais ne mord point. Et Mazarin s’y entend fort bien pour atermoyer.
CHRISTINE. C’est le moins que l’on puisse dire. Si seulement je parvenais à lui coincer les noisettes, j’en ferais du pralin.
NINON. Ma chérie, quel langage ! Je reconnais bien là la Christine que d’autres timorées ont dépeinte.
CHRISTINE. Au diable ce que pensent les femmes ; ce ne sont que des bigotes confites en dévotion, à genoux derrière leurs hommes !
NINON. Et parfois devant, aussi. Je ne te reprochais rien, tu sais. Au contraire, j’avoue que, moi aussi, à l’occasion, j’aime me laisser aller à...
CHRISTINE. À quoi ?
NINON. À m’encanailler.
CHRISTINE. Ah oui ? Par exemple ?
NINON. Par exemple, je ferme les yeux et je pense à... Eh là ! Madame, n’êtes-vous pas en train de me faire chatouille ?
CHRISTINE. C’est pour vous faire songer tout à trac à une rime facile.
NINON. Et maintenant, ce que vous faites m’excite...
CHRISTINE. Là aussi, la rime est toute trouvée. Que dirais-tu si nous composions un poème en deux langues et à quatre mains ?
NINON. Je vois déjà une chose qui rime avec mains. J’y pose les miennes, à condition que tu fasses de même sur mes globes dardés.
CHRISTINE. Ils sont délicieux au toucher. Le tissu est si fin, délicat et nacré. Comme une caresse en soi.
NINON. Donne-moi un baiser de reine. Ne sens-tu pas mon corps qui frémit tout entier ?
CHRISTINE. Je te le donne volontiers si tu m’embrasses à ton tour comme si ton souffle en dépendait.
NINON. C’est bien le cas. Et goûter à tes lèvres me fait penser à une rime pour caresse.
CHRISTINE. Si c’est bien celle que je crois, tes mains vont descendre vers le bas de mon dos. Et nos ventres, bientôt, entreront en contact.
NINON. Comme cela. Toi aussi, ceins-moi les reins. Laisse-moi m’abreuver encore à ta bouche.
CHRISTINE. Prête-moi ta langue un moment, que je l’aiguise entre mes lèvres.
NINON. Puis-je immiscer une main entre tes cuisses ?
CHRISTINE. Nul besoin de demander cette permission, à laquelle il ne peut y avoir qu’une rime valable ; tu la rencontreras en remontant un peu le long de ce chemin étroit mais accueillant.
NINON. Cette douce chaleur qui envahit le bout de mes doigts... Permets-moi d’y goûter. Tu me donnes si soif.
CHRISTINE. Quant à moi, je préfère aller boire à la source. Couche-toi sur le divan et montre-moi la voie.
NINON. Tu n’auras que ce peignoir de soie à écarter, s’il ne le fait de lui-même sous ton souffle de braise.
CHRISTINE. Tu es décidément très douée pour la rime. Je n’en suis pas étonnée.
NINON. Maintenant que me voilà sans entrave allongée, et que, d’une langue suave, tu explores les abords de mon antre secret, monteras-tu bientôt sur ce divan, pour venir te coucher à têtes-bêches, m’offrant à suçoter ta friandise suprême ?
CHRISTINE. Patiente encore un peu, que j’aie la certitude de ne trouver aucun corps étranger dans ta douce caverne.
NINON. Tu es ma seule invitée pour cette nuit, je te le garantis. Me crois-tu ? Tu ne me réponds pas. C’est que tu dois être très occupée, je le sens maintenant. Ah ! je ne connaissais pas ce recoin. Oh ! ni cette alcôve. C’est un véritable palais que tu découvres en moi. Une galerie secrète ! Des salons immenses, et des chambres, des chambres, des chambres par milliers aux ruelles brûlantes. Une pour chaque nuit de ma vie ; une pour chaque plaisir ; une pour chaque cri. Je ne sais plus ce que je dis.
CHRISTINE. Continue à parler, cependant. Je jouis d’entendre ta voix résonner dans ton corps.
NINON. Viens ! Viens sur moi, que je te parle droit au ventre. Que je joigne mes lèvres à tes lèvres. Que ton nectar se mêle à ma salive ! Que l’on se noie l’une dans l’autre. Enfin, te voilà à portée de ma bouche. Écoute-moi bien, j’ai un secret à te confier, un secret que tu devras enfouir au plus profond de toi-même, là où nul ne peut s’enfoncer, pas même avec une perche de trois pieds de long, là où personne d’autre ne pourra jamais l’entendre. Ce secret, c’est que... C’est que... j’ai trouvé... une rime... absolue... et divine... au verbe ouïr !
Note finale de Théophile le jeune : c’est là une fin possible, que j’ai dû écrire d’un long jet pour des raisons d’inspiration - que dis-je ? d’emportement - artistique ; mais nous pourrons intervenir plus tôt afin de prendre place et ainsi éviter à nos deux demoiselles de s’achever elles-mêmes par des gestes contre nature. À ce moment-là, je gage que nous serons raides comme des perches de trois pieds de long, tout prêts à charger.
Nous pourrions aussi bien leur demander de se lancer dans un impromptu. Ou garder cette idée pour le deuxième assaut. Ou le troisième...31
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30Saynète :
Ce document figurait à la suite de la liasse dans le maroquin de Sylviane Carelberg. Théophile le jeune sera plus tard le pseudonyme utilisé par Claude Le Petit pour signer son Bordel des Muses. Le titre La Coquette se régale me paraît avoir été ajouté sur le tard par une main différente, sans doute celle de Sylviane Carelberg. L’allusion au roman de Ninon de Lenclos, La Coquette vengée, paru en 1659 (la même année que le Theophrastus redivivus), est transparente.
31Il va de soi que cette saynète relève du fantasme absolu. L’entrevue de Christine de Suède et Ninon de Lenclos a effectivement eu lieu, mais dans des circonstances toutes différentes, en présence de nombreux témoins (comme tout ce que faisaient les têtes couronnées) et après que les autorisations adéquates avaient été délivrées par les personnes le plus haut placées, mais surtout... une année plus tôt, en 1656, lors du premier voyage de la reine ambulante en France. On doit donc en conclure que l’auteur satisfait là son sens morbide de la jalousie, le faisant passer pour de la satire mordante. Le résultat est plutôt mitigé, à mon sens. De plus, il faut signaler que, lors de ses passages en France, Christine a visité au moins deux autres dames de la noblesse, Mme de Brégy et Mme de Villars... lesquelles n’ont point fait fantasmer notre excitable auteur (même si, comme l’a écrit la reine ambulante à leur sujet : "Pourquoi veulent-elles toutes m’embrasser ? Peut-être parce que j’ai l’air d’un homme"). Notons toutefois que le "M. de Vill." qui prête un pavillon à Mme Vaistas a toutes les chances d’être le mari de cette dernière courtisane. Enfin, le 9 novembre, c’est la fameuse marquise de Sévigné qui rendit spontanément visite à la reine de Suède au château de Fontainebleau ; était-ce pour lui apporter de nouvelles révélations qui allaient précipiter l’affaire ou pour un tout autre sujet ?
mardi 9 juillet 2013
CALLIOPE : projet de Coopérative d'auteurs sans éditeur dedans
Maintenant que la parution d'Il était une mauvaise foi est terminée, force est de constater qu'aucun éditeur pourri n'a été arrêté et que la condition des auteurs en France est toujours la même. Voici donc les bases d'une proposition de collaboration ayant pour objectif principal de FAIRE AUTREMENT. La discussion est grande ouverte...
CALLIOPE
COOPÉRATIVE
D'AUTEURS
LITTÉRAIRES LIBRES & INDÉPENDANTS
ORGANISÉS POUR SE PASSER D'ÉDITEURS
ORGANISÉS POUR SE PASSER D'ÉDITEURS
Le
monde de l'édition est en pleine mutation. Les nouvelles
technologies et les nouvelles lois sont en train de provoquer des
changements profonds qui mèneront sous peu à une approche
différente de la lecture et de l'univers des livres. Nous
envisageons de créer une structure mieux adaptée à la mentalité
naissante : celle d'auteurs qui ne peuvent plus se permettre
d'abandonner leur confiance à des éditeurs, qui doivent
désormais compter sur eux-mêmes en priorité, et
éventuellement sur leurs pairs.
jeudi 13 juin 2013
La fille du 14 juillet - film d'Antonin Peretjatko
![]() |
"Demandez la Commune !" (photo libertaire) |
"Ah, nom de dieu de bordel de merde !" comme disait Jean-Pierre Marielle en peignant des fesses. Enfin un film gauchiste pas caviardé, sur les écrans français ! Il était temps, plus que temps, temps-ta-cu-laiaiaireuh ! Enfin un film qui dit merde à la droite et aux cons (voire à la droite des cons) et qui cherche une autre voix pour sex-primer.
Alors bon, l'histoire, c'est celle d'Hector qui tombe amoureux de Truquette un 14 juillet au Louvre et qui part en vacances avec sa collègue Charlotte et son ami Pator le non-médecin pour tenter de la séduire (Truquette, pas Charlotte). Parce qu'évidemment, la fille s'est enfuie après avoir compris qu'elle était amoureuse d'Hector ; c'est normal, pour une fille. Et donc, Hector la poursuit, parce que sinon il n'y a pas d'histoire, pas de film, et on est triste.
vendredi 7 juin 2013
Une soirée avec Holmes & Watson: les Sherwat 13, 14 et 15
SherWat
N° 13 : Coup de bol et pain béni
Docteur
WATSON : Holmes, si vous êtes chez vous ou au restaurant, retournez
votre pain, je vous en conjure.
Sherlock
HOLMES : Docteur, qu'est-ce qui vous prend de me parler ainsi? Je ne
mangerai pas de ce pain-là.
Docteur
WATSON : Vous vous moquez de moi, c'est ça? Je sais que vous ne
l'avez pas retourné. Avez-vous au moins vérifié?
Sherlock
HOLMES : Mon pain est à sa place, sur la table, attendant que je le
coupe en tranches idoines.
Docteur
WATSON : Mais il est à l'envers, je parie. A cause de vous, je
n'arrête pas de perdre.
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