Monsieur le députain
(version française)
En 1990, je bullais dans
un stage. Un intervenant (moustachu, chauve et 3-pièces+cravate) vint nous causer de
la future Europe. Il présenta cartes et diagrammes ; il n'avait rien à
faire dans une formation professionnelle mais le faisait très bien. En sortant
un magnétophone, il nous "informa" que l'Europe avait un hymne
"officiel", l'Hymne à la joie de Beethoven, et que, comme tous
les hymnes, celui-ci s'écoutait debout. Incrédule, je vis dix de mes onze
camarades se lever ; la onzième hésita puis se leva quand même. Le cravaté
me toisa alors : « Je disais : cela s'écoute debout ». Je
l'informai démocratiquement : « Je ne me lève pas pour les
hymnes. » « Ah, oui ? glapit-il. Eh bien, pas loin d'ici, il y a
des gens qui se lèvent pour la
Coupo Santo ! » Puis il poussa le volume à
fond. J'hésitai alors à m'emparer de l'engin nasillard pour le fracasser contre
un mur ; mais d'abord, j'aurais dû me lever, et le costumé en aurait conçu
un bref sentiment de triomphe ; ensuite, je me souvins que Beethoven était
mort sourd, ce qui est la plus belle des bénédictions pour un musicien ;
enfin, j'avais compris que la stupidité insondable de sa repartie était de la
rhétorique pure, du concentré de sectarisme crétin, bref, de la connardise
absolue. J'avais rencontré mon premier lobbyiste, un de ces ânes bâtés sans qui
les idéologies ne parviendraient jamais à s'imposer aux peuples, et
certainement futur députain (voulais-je dire "député
européen" ?). Le supplice se prolongea. Je regardais mes drougs
bien dressés. Une seule finit par se rasseoir, peu avant la fin, celle qui
avait hésité. Douze ans plus tard, les banquiers européens s'engraissaient sur
le dos des peuples en "imposant" l'euro (au double sens du terme).
Vas-y, Ludwig, fais-nous
pleurer de joie ! Moi, il y a longtemps que je me suis défoncé les tympans
médiatiques.
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Monsieur le députain
(version orange mécanique)
En 1990, je varitais dans
un stage. Un tchelloveck (sans voloss sur le gulliver et en platrusques
sophistoques) vint nous faire un govoritt sur la future Europe. Il présenta
cartes et diagrammes ; il n'avait rien à faire dans une formation
professionnelle mais le faisait dobby. En sortant un magnéto, il nous skazita
que l'Europe avait un hymne "officiel", l'Hymne à la joie du divin Ludwig, et que,
comme tous les hymnes, celui-ci se slouchait debout. Incrédule, je vis dix de
mes onze drougs se lever ; la onzième hésita puis se leva quand même. Le
viokcho me toisa : « Je disais : cela s'écoute debout ». Je
l'informai démocratiquement : « Je ne me lève pas pour les
hymnes. » « Ah, oui ? Eh bien, il y a des gens qui se lèvent
pour la Coupo Santo ! »
Puis il poussa le tzvouk à fond. Je faillis alors skvater l'engin nasillard
pour le toltchocker contre un mur ; mais d'abord, je me souvins que
Beethoven était mort sourd, ce qui est la plus belle des bénédictions pour un
musicien ; ensuite, j'avais pommé dans mon rassoudok que la stupidité
insondable de son govoritt gouspineux était de la rhétorique pure, du concentré
de sectarisme gloupide. J'avais rencontré mon premier lobbyiste, un de ces
malinfrats popovs sans qui les idéologies ne parviendraient jamais à s'imposer
aux populos, et certainement un futur députain (skazit : député européen).
Le tzvouk tzarrible se prolongea, m'empêchant de piquer un spatchka. Je
reluchais mes drougs bien dressés ; seule odine devotchka finit par se
rasseoir, malenky vers la fin. Douze ans plus tard, le shaïka des nadminis
bratchnis européens devenait grassoument bugatti en crastant le lollypop des
petits peuples.
Vas-y, bratti Ludwig,
fais-nous platcher de radostie ! Moi, ça fait longtemps que je me suis
razrézé les oukos médiatiques.
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