lundi 15 février 2021

Femmes, révoltez-nous !

 

En ces temps de démocratie violée, de libertés assassinées et de culture étranglée, on pourrait croire que la peuple n'a de cesse de se révolter. Ce n'est pourtant pas le cas. Qu'il y ait quelques grèves çà et là, et des manifestations ponctuelles, c'est vrai. Mais un mouvement de révolte massive? Non. Pourquoi? Parce que nous avons toujours Internet, le plus puissant de tous les divertissements jamais inventés.

En 2011, quand le président Moubarak a fait "fermer" Internet, la jeunesse égyptienne est descendue dans la rue, mettant le feu aux poudres et provoquant le Printemps arabe. Aujourd'hui, combien des pays où ce feu s'est répandu sont-ils devenus des démocraties? Aucun. Tout est redevenu comme avant, ou presque. Chez nous? Tout a empiré.

Emprisonné pour ses idées, éborgné pour l'exemple, mutilé pour obéir, noyé pour se taire, étranglé pour rien, matraqué sans sommation, violé pour le plaisir, fauché en traître, le peuple français n'en finit pas de souffrir et de crever aux mains de ses autorités, qui ne gardent plus la paix, préférant faire la guerre, une guerre larvée et hypocrite, une guerre anticonstitutionnelle commanditée par des élites bouffies de suffisance et de mépris, qui ont les moyens de se protéger physiquement et juridiquement (en ce qui concerne l'aspect moral, il y a longtemps qu'ils ont choisi leur camp, celui de l'impunité).

Devant l'ineptie et la mauvaise foi de ceux qui pourraient et devraient nous aider mais ne le font pas (ONU, Cour de Justice internationale, parlement européen..), il n'y a d'autre solution que la riposte armée totale, le soulèvement du peuple entier, la désobéissance civile absolue, l'insurrection permanente. Pourquoi tarde-t-elle? Parce que nous (moi y compris) sommes rivés devant nos écrans, où se distillent en vrac: distractions stupides, divertissements putassiers, discours vomissant la morve et la haine, apologies du vide ou de l'insane, éloges de la pédophilie, et gangrènes publicitaires pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la merde en plastique ou en silice.

Quand un système est entièrement corrompu, est-il prudent d'attendre qu'il s'effondre de lui-même? Alors, oui, agir; mais agir comment? En France, les seuls individus armés sont les flics et les chasseurs, autrement dit les pires défenseurs de cette corruption. La Justice reste aux ordres ou est morte de trouille. L'Armée, effrayée par son ombre, continue à faire ce qu'elle sait faire de mieux: rien. Un rien parfaitement lâche et ignoblement surpayé.

Alors, vers qui se tourner?

Si chaque femme de flic, de sénateur, de lobbyiste ou de journaliste vendu, émasculait son mari au cours de la même nuit, que se passerait-il le lendemain matin? Le peuple descendrait dans la rue et pourrait enfin, sans obstacle, aller jusqu'au bout de sa volonté: emprisonner à vie les crevures qui nous privent de nos libertés et de nos cerveaux, pour remettre la démocratie en place. (Et, accessoirement, les porteurs d'uniformes constateraient à quel point un système hospitalier déficient est problématique quand on est trop nombreux à saigner du bas-ventre et qu'il faut choisir quels gorets sacrifier).

Mais peut-être qu'il ne serait pas nécessaire d'aller jusqu'à couper les "nobles attributs" de ces messieurs? Après tout, il y a aussi de nombreuses femmes moisies du cerveau, comme l'ont prouvé à une infinité de reprises les membres féminins du parti La Répugnance en Marche, ce bras armé de la finance tarée et du capitalisme sans foi ni loi. Je ne vois qu'une seule minorité capable de renverser physiquement un tel mur d'horreur; le plus étrange, c'est que cette minorité n'en est pas vraiment une. Je veux dire qu'elle est considérée comme une minorité mais que les membres qui la composent sont en réalité un peu plus nombreux que ceux qui les oppriment.

Femmes, révoltez-nous !

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[Extrait vidéo de la série Tremé, de David Simon (saison 4, épisode 1, 2013). L'action se situe en 2008; le personnage d'Albert Lambreaux (Clarke Peters) répond à son fils et sa fille qui vont voter pour Barack Obama et lui demandent pourquoi il n'y va pas. Sa réplique "Vous croyez vraiment que ça va changer quoi que ce soit?" constitue l'une des analyses politiques les plus lucides jamais réalisées.]