vendredi 19 novembre 2021

Lettre ouverte à ceux qui vont rester

 

Acte de Désespérance Civile Irréversible



date :      /      /20   



Je, soussigné·e _______________________________________________________,

sain·e de corps et d'esprit, atteste par la présente que je vais tenter de m'ôter la vie pour la·es raison·s suivante·s :

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mercredi 10 novembre 2021

À l'attention du Juge Trottard

  


Juge !

(au fait, quel est le diminutif de ce mot ? Juju ? Jugeot ? Jugeotte, au féminin ? Je plaisante, bien sûr. Rien de péjoratif dans ma démarche. Sois-en assuré|e. D'ailleurs, je ne te tutoie pas par mépris mais par républicanisme exacerbé.)

Or, donc : Juge !

Tu nous demandes, à nous les réprouvés de la République française, les parias, les exilés intérieurs, de t'expliquer en termes précis pourquoi nous, les vingt-cinq mille plaignants contre l'Etat français actuel, nous sentons opprimés par les mesures illégales, anti-constitutionnelles, liberticides, scélérates et dégueulasses du décret N° tant instaurant le passe sanitaire obligatoire dans les lieux dits de vie sociale. Tu veux savoir en quoi cela nous empêche de vivre et de respirer pleinement, de voir qui bon nous semble où bon nous semble, d'aller où nous avons besoin d'aller, bref, d'être libres.

Normalement, quelques indices glissés dans ma phrase précédente devraient te permettre de répondre toi-même à ta question ; après quoi, tu n'aurais plus qu'à faire ton métier (qui a la réputation d'être beau, noble et utile à tous) puis exercer le pouvoir correspondant aux hautes responsabilités qui t'incombent (responsabilités qui te donnent droit à un salaire sympathique et quelques avantages afférents, notamment celui d'ignorer la peur du chômage), pouvoir qui te permet(trait) de condamner l'Etat français à payer une dette sociale pour sa forfaiture et des dommages-intérêts à ses victimes. Au lieu de quoi, tu veux que l'on t'explique quel est le problème. Voire, où il est. Voire, s'il y a réellement un problème.

C'est pourtant simple : le problème est là. Juste là. Sous ton nez. Là où tu ne regardes pas. Le problème, c'est toi. Toi aussi, devrais-je ajouter. Toi qui, du haut de ton siège des hautes oeuvres de la république, poussé|e par un doute dont on peut se permettre de questionner l'origine, te permets de tergiverser, de gagner du temps (c'est-à-dire, de nous en faire perdre tout en permettant aux criminels de s'échapper), de repousser aux calendes grecques et de diluer la justice sociale dans le néant et l'indifférence d'un public anesthésié, d'une presse aux genoux bien lustrés, d'une police barbarisée, d'une justice opportunément aveugle, sourde et ventriloque.

Corruption ? Duplicité ? Stupidité ? Conflit d'intérêts ? Folie ? Prétention ? Crise de moraline aiguë ? Peu importent, franchement, la ou les raisons de ton refus de nous aider à temps ; ces influences que tu subis (à ton insu, peut-être ; il a bon dos, ton inconscient ; de loin, on dirait un chat qui ronronne) sont si nombreuses, diffuses, clandestines, inavouables, que tout (littéralement, tout) est possible. Tu peux même aller jusqu'à être intimement convaincu|e que tes raisons sont justes, valables, bonnes et mûrement réfléchies.

Hélas, pour résumer : tu as tort.

Quoi que tu dises, quoi que tu penses, quoi que tu fasses maintenant ou plus tard, tu as tort, irrémédiablement tort. Parce qu'il sera trop tard. Il est déjà trop tard. Tout comme ces chefs d'Etats qui ne représentent plus rien ni personne, qui jettent des pièces dans une fontaine pour faire croire aux imbéciles qu'ils font quelque chose pour retarder la fin de l'Humanité, ce que tu fais est entièrement, définitivement, inéluctablement inutile, vain et je-m'en-foutiste.

Avec les gens comme toi (ceux qui croient aux vertus du système en place, comme un religieux croient que ses évangiles disent la vérité), il est toujours trop tard. C'est même votre raison d'être, votre fonction première et dernière, votre credo ultime et absolu, indépassable et imputrescible : agir, oui, parce que c'est ce qu'on vous demande et ce pour quoi on vous paye, mais agir toujours trop tard ; quand ça ne sert plus à rien ; quand les victimes sont mortes. Cela vous permet de garder la conscience tranquille et de conserver vos rémunérations, votre statut social, vos amis/alliés ; et surtout, votre train de vie, celui-là même qui vous permet d'échapper à la misère, cette malédiction qui vous terrorise plus qu'un virus vaguement dangereux, plus que la guerre, plus que l'inconnu, plus que votre ombre.

C'est pourquoi, juge Trottard, je n'ai pas l'intention de te répondre, de t'expliquer ton travail, de t'obliger à faire ce que tu n'as pas la moindre intention de t'abaisser à faire. Tu n'as pas, tu n'as jamais eu, tu n'auras jamais la moindre intention de m'écouter, encore moins de m'entendre.

Va ton petit bonhomme de chemin, juge Trottard ; l'avoine qui sera ta récompense t'attend à l'étable, ainsi que ton seau d'eau croupie ; peut-être même, si ton dieu-patron est de bonne humeur, que tu pourras lécher un peu de sel. Tu pourras alors braire tout ton soûl que la société humaine est bien faite car le bonheur de tous s'obtient grâce au sacrifice de quelques-uns.

Et le plus important pour toi, c'est de ne pas faire partie de ces quelques-uns, pas vrai ?