mercredi 25 août 2021

Lettre ouverte à ceux qui ont choisi la barbarie

 

Lettre ouverte à ceux qui ont choisi d'obéir à une loi scélérate, rétrograde, anti-constitutionnelle, ségrégationniste, liberticide, incivique, inique, immorale..


Presque tout, dans la civilisation, est fondé sur la couardise. Il est très facile de civiliser en enseignant la couardise. Vous atténuez les normes qui pourraient mener à la bravoure. Vous restreignez la volonté. Vous régulez les appétits. Vous bouchez l'horizon. Vous faites une loi pour chaque mouvement social. Vous niez l'existence du chaos. Vous inculquez à tous, même aux enfants, de respirer lentement. Vous domptez.

Frank HERBERT



Les gens vertueux se demandent parfois comment l'Allemagne du début des années 1930 a pu devenir entièrement nazie, puisque tous les Allemands ne pouvaient pas être sincèrement nazis. Il y a plusieurs réponses possibles à cette interrogation : outre, bien sûr, les gens qui étaient d'accord avec l'idéologie nazie, certains avaient peur d'être assassinés par les Chemises brunes ; ou bien ils avaient peur d'être déportés ou exilés, dépossédés ou avilis ; ou encore, ils croyaient sincèrement que la nazisme ne durerait pas, que la Justice de leur pays ferait son travail et condamnerait le nazisme, ou que la Justice internationale interviendrait et les libèreraient ; ou bien encore, ils étaient indifférents à toute question politique et estimaient que leur opinion personnelle n'avait aucune importance, aucun poids, aucune valeur. Tous ces arguments ont un point commun : passé un certain seuil d'oppression, ces Allemands "humains", pour rester allemands, n'avaient que deux alternatives au nazisme : la dissimulation (avec son risque inhérent d'être découvert et châtié pour traîtrise) ou l'exil (que seuls ceux qui en avaient les moyens pouvaient choisir).

La réponse que je préfère donner à cette question est moins agréable à entendre : si vous voulez savoir comment l'Allemagne tout entière a pu devenir nazie, c'est pour les mêmes raisons que la France d'aujourd'hui est en train de devenir un cauchemar totalitaire issu de la cervelle d'un sociopathe exemplaire formaté par plusieurs siècles de capitalisme sauvage et propulsé au pouvoir par des monstres sans âme pour qui le fric tient lieu de seule morale.

Nous vivons, encore et toujours depuis plus de cinq mille ans, dans l'ombre de sociétés pyramidales où tout découle de la volonté de ceux qui sont au sommet. Ce sommet peut être légèrement tronqué (comme en démocratie représentative – à condition que celle-ci fonctionne correctement), cela n'y change rien : c'est toujours un petit nombre qui décide pour tous, donc à la place de tous.

Pourtant, le moyen le plus efficace par lequel ce petit nombre (voire, cet individu unique, dans le cas de la France d'aujourd'hui et d'autres dictatures) dirige ne s'exerce pas seulement du haut vers le bas. Ce n'est pas seulement parce que vous avez peur du gendarme, de la punition, de l'amende, de la "perte de valeurs" (ce serpent de mer des idéologies de droite, comme si aucune société n'avait jamais changé de valeurs au cours de son existence), de l'ostracisation ou de la mort, que vous avez fait le choix d'obéir. C'est bel et bien parce qu'en fin de compte, quelqu'un a fait le choix d'obéir, et ce quelqu'un, c'est vous.

Votre voisin l'a fait aussi ? Et alors ? C'est vous, pas votre voisin, qui avez décidé d'appliquer le passe sanitaire dans votre magasin ou votre entreprise. C'est vous qui avez décidé de ne pas dire merde au flic qui est venu vous coller une amende pour avoir désobéi aux ordres du président inamovible. C'est vous qui avez décidé de lancer, avec une moue vertueuse digne d'une comédie moraliste américaine des années 1940, "C'est la loi !" au citoyen lambda qui voulait vivre normalement, librement, simplement, mais qui ne peut plus le faire, parce que vous - oui, vous - le lui avez interdit dans le seul but de vous éviter une punition. Est-il possible d'imaginer un comportement plus puéril, plus égoïste, plus mesquin ? Plus nuisible ?

Que cela vous plaise ou non, vous avez lâché la proie pour l'ombre au lieu de vous révolter contre les vrais coupables. Vous punissez les innocents au lieu de cracher à la gueule des vrais salauds, qui ricanent en vous regardant vous avilir vous-mêmes, exactement comme les officiers nazis ricanaient en regardant les kapos polonais humilier les prisonniers juifs ou communistes.

Pire encore (mais vous ne le voyez pas encore puisque vous fermez les yeux), en faisant le choix de la barbarie, vous avez oublié une chose primordiale : en matière d'humiliation, les Français ont la mémoire longue. Surtout ceux dont la liberté a été bafouée. Rectification : ceux dont vous avez bafoué la liberté.

Pire encore : vous oubliez (ou vous faites semblant) que l'ONU a depuis longtemps décrit la ségrégation en tant que crime contre l'humanité. Ce qui fait de vous des complices de ce crime.

Si vous pensez que j'ai tort de vous stigmatiser, c'est que vous n'avez pas compris à quoi sert l'Histoire. Vous ne voulez pas le savoir. Vous vivez dans le déni de réalité le plus complet, le plus abject, le plus ignare. En choisissant de participer pleinement à la ségrégation inique de la population française, vous cautionnez les mesures politiques les plus répugnantes et les plus anti-constitutionnelles depuis le régime de Terreur exercé par le Comité de Salut public en 1793 et 94.

Il s'est écoulé douze ans entre la fondation du parti nazi et sa "Solution finale" imposée à une Allemagne déshumanisée. Le parti LREM a été fondé en avril 2016. Qui, aujourd'hui, oserait prédire qu'en 2028, il y aura des camps de concentration disséminés dans les coins les plus reculés de France dont le but sera d'éliminer les populations jugées indésirables (que ce soient les Immigrés, les opposants politiques, les non vaccinés, les fumeurs de marijuana, les joueurs de jeux vidéo ou les handicapés) ? Mais, au fait, comment avez-vous réagi quand vous avez appris que les flics de votre pays détruisaient des camps de réfugiés et expulsaient manu militari des immigrés ? À qui avez-vous trouvé le plus d'excuses ? Aux flics ou aux immigrés ? Ou avez-vous simplement refusé d'y croire ?

Comment réagirez-vous si un jour prochain, un journaliste (un vrai, pas un Buveur de Foutre Macroniste) révèle qu'il a découvert un camp de concentration au fin fond de la Creuse ou de la jungle guyanaise ? Continuerez-vous à nier sous prétexte que ce journaliste n'a pas de carte de presse ? Continuerez-vous à refuser la liberté de vivre à vos semblables sous prétexte qu'ils ont moins à perdre que vous ? Et s'il y a déjà des camps de concentration, que ferez-vous ?

Vous avez bel et bien fait le choix de la barbarie. À mes yeux, c'est une tache indélébile, une infamie regrettable, une faute irréparable qui vous poursuivra jusqu'à votre dernier souffle. Vous aviez le devoir moral de résister à l'oppresseur. Vous aviez l'obligation humaine de cracher à la gueule des salauds et de tendre la main à vos frères et soeurs.

Vous avez choisi de ne pas le faire. Par peur ou pour toute autre raison, cela importe peu.

Aujourd'hui, pour survivre dans ce monde qui n'a plus d'avenir, vous fermez les yeux sur les conséquences de votre faute en vous persuadant que la situation va s'améliorer toute seule ; que Greta Thunberg ou Harry Potter ou le petit Jésus vont venir tous nous sauver. Vous oubliez que personne n'a jamais sauvé l'humanité pour la simple raison que celle-ci n'a jamais été en danger.

Du moins, jusqu'à aujourd'hui.

 * * *

PS: voici le lien vers le site nopass.fr qui permet de participer au recours collectif contre l'Etat français auprès de la Cour européenne des droits de l'homme: https://nopass.fr/agir.php ; ce n'est pas grand-chose mais c'est déjà mieux que rien.

PPS: un juge européen ayant demandé qu'on lui explique en quoi le passanitaire nous gâchait l'existence, et le décret putassier de macron ayant été reconduit jusqu'en 2022 par sa horde de députains, cette initiative est tombée à l'eau, comme tant d'autres. Ma réponse ici.

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