lundi 28 janvier 2013

Parce que Marilou



 


Le soir où tu imites les aigles
je suis à cent mètres de là, au Sémaphore
(il ne s'agit pas de la machine désuète qui permet d'émettre des signaux que plus personne ne sait lire, c'est le nom du cinéma d'art et d'essai où nous sommes allés voir un film ensemble un jour, il y a quatre ou cinq ans ; un film pour enfants, que nous avons vu presque en cachette, pour que ce soit meilleur)
Après le film, tu me dis, un peu effrayée : Alfred, tu ris comme les enfants ; c'est un peu déroutant, au début, mais on s'y fait.

J'enregistre. J'oublierai plus tard, si j'ai le temps

Je suis donc à cent mètres de toi pendant que tu contemples vingt siècles d'histoire, et je ne le sais pas plus que toi ; je ne l'apprendrai que deux jours plus tard

samedi 26 janvier 2013

La Châsse aux Talents ou Nos amis les Vedettes


La Châsse aux talents


des gens biens sous tous rapports
à garder bien au chaud sous le coude





Laura fille de Johnny et Nathalie ; David fils de Johnny et Sylvie ; Charlotte fille de Serge et Jane ; Lou fille de Jacques et Jane ; Vincent fils de Jean-Pierre ; Emmanuelle fille de Guy ; Antony fils d'Alain ; M. fils de Mathieu fils d'Andrée ; Arthur et Azia enfants de Jacques ; Thomas fils de l'autre Jacques ; Jennifer fille de Chantal ; Guillaume et Julie enfants de Gérard ; Hippolyte fils dAnnie ; Romane fille de Richard ; Benjamin fils de Catherine fille de Simone et Yves ; Mathieu fils de Jacques et Agnès ; Marylou fille de Josyane ; Sagamore fils de Jean-François ; Marie fille de Jean et nièce de Michel ; Nicolas fils de Guy ; Marie fille de Jean-Louis et Nadine ; Jean-Michel fils de Maurice ; Chiara fille de Catherine et de Marcello ; Lambert fils de George ; Lagaf' frère d'Alain ; Léa petite-fille de Jérôme ; Martine fille de Jacques ; Carlos fils de Françoise ; Eva fille de Marlène ; Emma fille d'Antoine fils de George et de Jacqueline ; Claude fils de Pierre ; Tonie fille de Micheline ; Dorothée petite-fille de Claude ; Antoine fils de Gaston ; Françoise fille d'Hubert ; Irène fille de Jérôme ; Joëlle fille d'Eric...

lundi 14 janvier 2013

ATLAS des NUAGES, suite de l'"aventure"

Photo DR

Le distributeur du film Cloud Atlas a annoncé la sortie officielle en France pour le 13 mars 2013, soit six mois après la plupart des autres pays. A ce moment-là, il sera déjà disponible en blu-ray ; nul doute qu'il aura été considérablement piraté aussi. Sera-ce toujours une bonne idée ? Les exploitants de salles auront-ils envie de louer (évidemment très cher) un film qui risque de faire un flop pour cause de cafouillage médiatique ? A moins que tout cela ne soit au contraire savamment orchestré, bien sûr ? L'éditeur français de David Mitchell fait-il pression sur tout ce beau monde en attendant que la traduction de number9dream soit terminée et prête à commercialiser ? (On peut rêver.) Le frère et la soeur Wachowski ont-ils eu une illumination de dernière minute et ont-ils voulu rétablir l'esprit du roman de David Mitchell, au lieu de leur sauce bouddhico-chrétienne ? (On peut rêver encore plus fort ; sur la photo ci-contre, on pourra apprécier les mentions "Evil", "Neutral" et "Good", qui sentent bon le catéchisme et le jeu de rôles antédiluvien... A quand le jeu de cartes à échanger ?)

Réponse à toutes ces questions le 13 mars... ou pas.

HYBRIDES & MONSTRES MUSICAUX

Demy-groupe de rock. 

(à gauche, Mathieu Demy, fils de Jacques et d'Agnès Varda ;
à droite, Eléonore Pourriat, l'une des dernières actrices
françaises à n'être que la fille de ses parents ; 
photo extraite du film Qui m'aime me suive, de Benoît Cohen)



Vous connaissiez déjà Delpech Mode, le duo qui mélangeait des chansons de Michel Delpech et de Depeche Mode...
Eh bien, avec les membres du collectif de musique expérimentale pata-réaliste Massacre du Printemps, nous avons inventé quelques groupes maudits dont nous espérons ardemment qu'ils ne verront jamais le jour.
Quoique...

jeudi 27 décembre 2012

Le CAPITAL de Costa-Gavras


 Affiche Le Capital

Costa-Gavras est une légende vivante du cinéma, l'une des dernières. Il a commencé comme assistant-réalisateur de HG Clouzot sur L'enfer, le film "au budget illimité", inachevé en 1963. C'est dire s'il a connu des gens mythiques et des secrets innombrables. C'est dire si certains attendent avec impatience ses mémoires... ou avec crainte.
Je ne reviendrai pas sur sa filmographie pleine de chefs-d'oeuvre, notamment de films destinés à ouvrir l'esprit et la conscience politique de ceux qui aiment se laisser bercer d'illusions. Avec l'âge, bien sûr, le rebelle s'est calmé ; par exemple, pour obtenir l'autorisation de filmer Amen au Vatican même, il a bien fallu atermoyer et minimiser la complicité de l'Eglise catholique et romaine dans l'Holocauste. C'était fatal.
Le Couperet était intéressant, voire incisif, mais n'accusait personne, sinon la conjoncture. Et puis, à la base, c'était un polar, pas un livre politique. Heureusement, José Garcia y était au mieux de sa forme.

The TELEPORTATION ACCIDENT, roman de Ned Beauman



Photo DR
THE TELEPORTATION ACCIDENT
de Ned Beauman (Sceptre, 2012)

Quand on est décorateur dans le monde du théâtre berlinois à la fin des folles années 1920, on n'a guère le choix : soit on est un ami de Bertolt Brecht, soit on n'est l'ami de personne. Egon Loeser, lui, n'admire que le précurseur Adriano Lavicini – concurrent du génial Torrelli en son temps, le XVIIe siècle – mais surtout pas Brecht. D'ailleurs, il ne comprend rien à ses pièces. Les seules choses qui intéressent Loeser sont : 1/ comment reproduire (et améliorer) la "Machine à Téléportation" que Lavicini avait conçue pour Le Prince Lézard, spectacle à la fin duquel lui et vingt-quatre personnes avaient trouvé la mort dans la destruction du fameux Théâtre des Encornets ; et 2/ comment convaincre la jeune et délicieuse Adèle de coucher avec lui (entre autres).
Apolitique et imperméable au monde qui l'entoure, Egon Loeser suivra l'acide Adèle à Paris d'abord, puis à Los Angeles, navigant dans les milieux interlopes de l'astrophysique, du cinéma hollywoodien et de l'émigration juive allemande, le tout sans jamais absorber la plus petite parcelle de conscience politique. D'ailleurs, le fait que la jeune femme qu'il poursuit de ses assiduités s'appelle Hitler n'a absolument aucune influence sur son désir.

dimanche 16 décembre 2012

Un journaliste assumant


Comme on le sait, la vie est faite de hasards, de coïncidences, de rencontres, signifiantes ou non, selon le tempérament de chacun et (peut-être) l'état d'esprit au moment où on les vit. Les miennes, de coïncidences, ont souvent tendance à tourner en eau de boudin à plus ou moins longue échéance. En voici une, assez complexe, qui a entraîné de nombreuses conséquences, pas très agréables, mais d'autant plus édifiantes.
Quelque part en mars 2003, un journaliste a fait un papier sur moi, qui a paru dans l'édition locale d'un canard régional. Ledit journaliste m'avait contacté par téléphone, ayant obtenu mon numéro par l'intermédiaire du directeur du théâtre où je suivais des cours hebdomadaires. Il m'y avait vu plusieurs fois, avait entendu parler de mon initiative (les Epistoleros, un "commando-poésie" qui devait officier pendant la semaine du Printemps des Poètes dans les rues d'Aix) et voulait m'interroger à ce sujet, voire faire un portrait, si on lui en accordait la place.

mercredi 12 décembre 2012

Alwin Nicolaïs et le Spectre du Communisme

Photo DR


Alwin Nicolaïs
ou
chronique du communisme spectral et de l'incompatibilité réputée de l'art et de la politique




Quand je vois un film américain datant de la "guerre froide", je suis toujours amusé par les réactions de vertueux personnages confrontés au "spectre" du communisme. Cela va de "Oh, mon dieu !" à "Salauds de rouges ! On les aura !" en passant par un crachat, une pâmoison, voire une simple grimace de dégoût. En tout cas, jamais le bon Américain ne manque de réagir vivement. Il y a quelques années, en me rendant à une soirée dont je n'attendais rien de particulier, j'eus la chance de vivre deux expériences hors-normes en quelques heures.

dimanche 9 décembre 2012

Le Mensonge de Pippo del Bono & Souvenirs théâtraux



J'ai plein de souvenirs liés au merveilleux monde du théâtre ; beaucoup, et de divers ordres. Du bon, du moins bon, du pas si pire, du grave, du mauvais, du mitigé, du je-sais-pas-trop, et du faut-voir autant que du j'ai-rien-compris. J'ai vu des centaines de spectacles, participé à une douzaine, dont trois que j'ai écrits, un que j'ai co-écrit, un de quelqu'un d'autre que j'ai mis en scène. J'ai vu quelques grands hommes et femmes, seuls sur scène, l'emplissant de leur présence parfaite, prouvant que le charisme et l'autorité sont des armes redoutables, qu'il faudrait retirer à certains individus qui s'en servent comme des manches ou à des fins un peu trop personnelles (je ne citerai personne ; la politique ne m'intéresse plus depuis que j'ai vu un "grand" acteur – M. Michel Blanc – déclarer en direct, avec des trémolos d'effroi dans la gorge, que la politique est une affaire de professionnels, et que lui, humble et simple comédien, ne pouvait se permettre de porter un jugement sur ce domaine. Quelques années plus tard, il interprétait magistralement un chef de cabinet ministériel tourne-casaque dans L'exercice de l'Etat ; avais-je mal compris son intervention ? Peut-être a-t-il changé d'avis).

samedi 10 novembre 2012

PAUVRE DEMOCRASSEUSE!

Toujours en chantier...


« PAUVRE, PAUVRE DÉMOCRASSEUSE !1 »

Fin 2010, une amie biblio (aussi -phile que -thécaire), soucieuse de ma santé morale, me conseilla d'adhérer à une association d'écrivains. Puisque j'étais isolé (c'est-à-dire sans alliés), une bonne solution était, selon elle, d'intégrer un groupe déjà actif. Son argument n'était ni faux ni idiot, et je voulus lui faire plaisir autant qu'essayer. La réalité et son principe bien connu allaient me faire miroiter des alouettes pendant à peu près six mois.
(Zut ! J'ai cassé le suspens. – Non, vraiment, tu crois ?)
Après avoir farfouillé le bordel inextricable qu'est la Toile, je jetai mon dévolu sur l'association ADA (Autour des Auteurs) qui regroupe une centaine d'auteurs résidents en Languedoc-Roussillon et publiés au moins une fois à compte d'éditeur, critères auxquels je correspondais. Je pris contact par Internet, reçus une réponse rapide et encourageante, vins assister à une première réunion, où je rencontrai des frères et sœurs de plume, dotés de cerveaux apparemment en état de marche (en tout cas, plus que la moyenne du client lambda que l'on croise "chez" Cultura, par exemple). A vrai dire, il y en avait un ou deux que je connaissais déjà ; c'était encore mieux. Encore que : pourquoi ne m'avaient-ils jamais invité à les rejoindre chez ADA ? Distraction, sans doute. Ou bien parce que, comme disait Arthur Kœstler (qui n'a pas connu Internet, le pauvre) : « L'information aujourd'hui n'est pas un privilège, c'est une inquiétude ». Traduction (pour les geeks) : si t'as Internet, t'es censé savoir tout ce que tu devrais connaître, sinon t'es qu'un gros nul.
(C'est logique, ça ? – Passons.)

mardi 6 novembre 2012

CLEVELAND / WALL STREET : le verdict des mots cratiques

Photo DR
film documentaire de Jean-Stéphane Bron (2010)

Étrange démarche que celle de ce "procès pour de rire" fait comme un vrai, donc pas drôle du tout. Il m'a fallu un moment pour remarquer le seul détail qui, dans le prétoire, trahit la facticité (disons, l'invalidité juridique) du procès : tout simplement l'absence de greffier. Personne, en effet, n'y prend les débats en notes ; ce qui est normal, puisque ceux-ci sont enregistrés par les caméras qui justifient le film.
C'est donc un vrai-faux procès, où "les" banques (virtuelles) qui ont provoqué la crise des subprimes en 2008 sont accusées par la ville de Cleveland (sévèrement touchée par ladite crise) d'avoir abusé de la crédulité des habitants en les persuadant de contracter des emprunts à tiroirs qu'ils n'avaient aucune chance de pouvoir rembourser. Pour simplifier, un seul avocat (mais c'est un vrai) représente toutes les banques.

vendredi 26 octobre 2012

FLICAILLE ou RACAILLE? le retour



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Passe ta BAC d'abord !


Un soir, assez tard, je décide (sans raison particulière ; pour changer de la routine, disons) de rentrer chez moi par les petites routes plutôt que par ce stupide périphérique avec son interminable chapelet de ronds-points à feux, où tu poireautes pendant des heures sans qu'aucune bagnole ne passe jamais, à part bien sûr, la traditionnelle poignée de blaireaux engoncés dans une 205 GT qui fonce à 110, parce que "plus tu va vite, putain, plus t'as de chances que y a personne!"
Au moment de sortir de la ville, j'aperçois dans mon rétroviseur central une voiture qui roule tous feux éteints. De deux choses l'une: ou c'est un crétin d'ivrogne qui a oublié d'allumer ses feux (auquel cas, il est plus prudent de me ranger pour le laisser passer) ; ou ce sont des flics qui croient que je ne les verrai pas. La troisième hypothèse (que ce soient des truands qui veulent me faire la peau) est nettement moins probable.

lundi 22 octobre 2012

Fleur de Guillotine : un parfum d'avenir ?




Un jour, quand j'avais 24 ans, j'ai eu besoin de trouver du travail. Un emploi. Une job, comme disent nos cousins les Québécois. Comme tous les gens qui n'ont pas de qualification particulière, j'étais cantonné (condamné ?) aux boulots alimentaires, donc dans l'alimentaire ; bref, serveur ou plongeur.
Assez vite, je trouvais une proposition dans une brasserie en bord-de-mer, où l'on me proposa de faire un bout d'essai. La société s'appelait quelque chose comme G2Q (en réalité, j'ai oublié l'acronyme exacte, mais c'était un peu ridicule ; il y avait un jeu de mots laids qui s'y cachait, certainement sans que les fondateurs de la boîte s'en fussent aperçus). Mon interlocuteur téléphonique, tout fier et content, m'expliqua que sa société comptait pour l'instant un seul établissement mais, face à leur succès, allait en ouvrir un second. Ils en cherchaient le futur personnel.

lundi 15 octobre 2012

L'Europe des Bouze

Photo D.R.



C'était en 1990 ; l'Europe était encore divisée. Je bullais dans un stage de formation aussi flou que le projet européen. Un intervenant vint nous causer pendant deux heures de la future Europe. Il portait la quarantaine, le costume trois-pièces avec cravate assortie de rigueur, était chauve, moustachu et ventripotent. Il présenta des cartes dont Jean-Christophe Victor aurait eu honte, des diagrammes qui auraient fait marrer Normand Baillargeon, et cita maints grands hommes dont je n'avais jamais entendu parler. Il n'avait rien à faire dans une formation professionnelle mais le faisait très bien. On sentait qu'il avait réussi à vendre sa sauce en noyant le poisson.

lundi 8 octobre 2012

Ceci n'est pas une publicité pour bagnole

Publicité authentique, D.R.



Je roulai. Sur une route. Dans une voiture poussive. Une Renault.
Ça sentait bon les vacances. D'ailleurs, la route était celle du Soleil, quelque part entre la Grande-Motte et Palavas-les-Flots ; bref, entre une chaleur à fondre le beurre et le zonzon des moustiques. Il y avait autant de nuages dans le ciel que sous mon crâne. La foule des touristes était puissamment absente. Tout allait bien ; c'était Byzance.

dimanche 7 octobre 2012

FLICAILLE ou RACAILLE?

Patrouille de sécurité du Capitole
Depuis les années Chirac, la télévision française est envahie, empoisonnée, vérolée de séries bien françaises montrant des gentils flics héroïques, compétents, bien français, voire presque humains. Pendant les années Sarkostazi, cette épidémie a connu son apogée ; il fallait bien inciter les chômeurs et les chômeuses à entrer dans la police pour justifier le "besoin" de sécurité des bourgeois enchaînés à leur télévision. Cela s'appelle un cercle vicieux ; c'est une technique bien rodée qui fonctionne vachement bien depuis l'aube du pouvoir.
Aujourd'hui que nous sommes de "gauche" (je veux dire, officiellement ; 'faut pas trop en demander), on a enfin le droit de dire (et même de prouver à l'occasion ; pour ce qui est de condamner, c'est plus rare et plus risqué) que les flics peuvent être pourris, salauds, dégueulasses, cons, morveux... bref : malhonnêtes. Je vais donc raconter quelques exemples vécus dans la vie réelle au cours de ces 17 années noires.

Au fait, vous savez ce que signifie le mot "police" ?
Pouvoir Occulte Lié Inopinément au Chef de l'Etat.
Ce qui explique pas mal de choses...

ANNONCE : N'hésitez pas à envoyer vos témoignages du même acabit. La rubrique de Commentaires vous est ouverte . Anonymat garanti. Ou pas...

lundi 1 octobre 2012

Survivre au soleil

Soul pleureur





Par une belle après-midi de printemps, sur le Prado à Marseille, j'ai croisé une vieille femme, une terriblement décrépite et usée vieille vieille femme, comme seule la misère la plus poisseuse sait les fabriquer, une de ces femmes pauvres au-delà de toute expression, une femme que la société roule et triture entre les doigts gras et sans pitié de sa structure imparfaite qui hurle sa prétendue beauté pour ne pas entendre les cris de ceux qui grouillent de faim. Elle avait, cette femme, les jambes de la mort qui lui pendaient aux épaules, et toute une rangée de dents jaunes ricanaient sur son bonnet raide de crasse.

jeudi 27 septembre 2012

L'Affaire des Bisoux



Un jour, pendant une pause entre deux cours, je fus abordé par la sous-directrice de l'établissement où j'étudiais. Elle avait l'air ennuyé et semblait chercher à éviter les regards de mes camarades, assis çà et là. Après avoir attiré mon attention, la sous-directrice se pencha vers moi et me dit à l'oreille "Vous êtes convoqué chez la directrice, vous et Mlle S. Elle y est déjà. On vous attend."
Allons bon ! Mlle S. – N. de son prénom – était ma petite amie du moment ; nous nous étions rencontrés dans cette école et nous étions "ensemble" depuis quelque temps ; tout allait bien entre nous. Je ne voyais pas ce qui pouvait clocher au point de finir chez la dirlo. A vrai dire, je ne pensais même pas que quelque chose clochait ; je pensai plutôt que N. avait eu un accident.
Je me levai aussitôt pour suivre la sous-dirlo, sous les regards inquiets de mes camarades, qui n'osaient rien dire. Une fois dans le bâtiment administratif, je posai quelques questions qui n'obtinrent pas de réponse ; sinon, peut-être, que ce n'était pas un accident. Je ne me souviens pas ; mais je me souviens que lorsque j'entrai dans le bureau, N. était assise sur une chaise, face au bureau de la directrice, et qu'elle ne me regarda pas.

lundi 24 septembre 2012

Une preuve d'amour









Quand j'avais 27 ans, j'ai suivi un stage de "Production et réalisation cinématographique et audio-visuelle", nom pompeux pour désigner un vague programme de quelques dizaines d'heures de bidouillage plutôt théoriques dispensés par des professionnels en manque cruel de profession - et même, en une occasion, en manque de tout, puisque l'un d'entre eux, un jour, nous envoya sa femme à sa place.

dimanche 23 septembre 2012

Le soir juste avant les ruelles

Photo DR



Je marchais un jour dans la rue d'Italie à Aix-en-Provence. C'était en février et il faisait un froid de canard. La rue d'Italie est dite semi-piétonne, un terme technocratique pour camoufler le fait que les voitures y tentent d'écraser les piétons pendant que les piétons font tout ce qu'ils peuvent pour emmerder les automobilistes. Aix étant ce qu'elle est – une ville snob conçue pour les snobs – et la rue étant l'une des plus commerçantes de la ville, s'y déplacer relève de l'exploit, quel que soit le mode de locomotion. Les choses y vont vite, atteignant souvent une frénésie digne des soirs de réveillon. Quant aux soirs de réveillon, ils sont invivables.
Bref, j'avais toutes les raisons de me dépêcher d'en finir, de sortir de cette rue pour aller... où j'allais. Il me restait une dizaine de mètres à parcourir lorsque j'avisai une silhouette rencognée sous un porche. Je ne sais ce qui attira mon attention. C'était une silhouette masculine, assez petite, vêtue d'un pantalon sombre quelconque et d'une veste de survêtement couleur de muraille. Elle n'avait rien de remarquable ; le capuchon du survêt' lui recouvrait entièrement le visage, mais vu la température, c'était on ne peut plus normal. Ce qui attira mon attention, c'est peut-être que l'individu n'avait pas l'air de se protéger du froid mais d'être à l'affût. Nuance que j'aurais du mal à expliquer.