vendredi 7 juin 2013

Une soirée avec Holmes & Watson: les Sherwat 13, 14 et 15


SherWat N° 13 : Coup de bol et pain béni

Docteur WATSON : Holmes, si vous êtes chez vous ou au restaurant, retournez votre pain, je vous en conjure.
Sherlock HOLMES : Docteur, qu'est-ce qui vous prend de me parler ainsi? Je ne mangerai pas de ce pain-là.
Docteur WATSON : Vous vous moquez de moi, c'est ça? Je sais que vous ne l'avez pas retourné. Avez-vous au moins vérifié?
Sherlock HOLMES : Mon pain est à sa place, sur la table, attendant que je le coupe en tranches idoines.
Docteur WATSON : Mais il est à l'envers, je parie. A cause de vous, je n'arrête pas de perdre.

Sherlock HOLMES : Vous êtes encore au tripot? Et vous rejetez votre malchance sur moi! Honte à vous, docteur.
Docteur WATSON : Ayez pitié, Sherlock! J'ai besoin d'argent pour faire soigner ma fiancée.
Sherlock HOLMES : Une fiancée, maintenant! Et puis quoi, encore? Nous en sommes donc là: vous voulez m'attendrir.
Docteur WATSON : Dois-je me mettre à genoux? Voilà, j'y suis: je vous implore de retourner votre pain.
Sherlock HOLMES : Comment voulez-vous que je le vérifie au twittographe? Je n'ai d'autre choix que de vous croire sur parole.
Docteur WATSON : Merci. Avez-vous exécuté votre part du contrat?
Sherlock HOLMES : Ah bon, c'est un contrat? Eh bien, oui: le pain est à l'endroit. Votre chance a-t-elle tourné?
Docteur WATSON : Je ne sais pas, il faut que je mise. Je n'ai presque plus rien.
Sherlock HOLMES : Il va falloir prendre des mesures radicales, Watson. En êtes-vous conscient?
Docteur WATSON : J'ai perdu! Il ne me reste qu'un shilling. Vous avez menti; vous n'avez pas retourné votre pain.
Sherlock HOLMES : Elle est bien bonne. Et que comptez-vous gagner en vous comportant ainsi? Mon admiration?
Docteur WATSON : Vous êtes dur avec moi, Holmes. Un jour prochain, cela pourrait vous jouer des tours.
Sherlock HOLMES : Espérons que ce seront des tours de magie. C'est toujours plus divertissant que la superstition.
Docteur WATSON : J'en étais sûr. Vous ne croyez en rien. Vous n'êtes qu'un bougre de nihiliste nietszchéen.
Sherlock HOLMES : A vos souhaits, mon vieux. Misez donc votre dernier kopeck sur le 13. Pour voir.
Docteur WATSON : Le 13! Le 13 est sorti. Je suis renfloué. Comment avez-vous fait?
Sherlock HOLMES : Je ne vous le dirai jamais; vous refuseriez de me croire.


SherWat N° 14 : Vacances à Ibizarre

Sherlock HOLMES : Watson, on a besoin de nous de toute urgence à Gatwick.
Docteur WATSON : Holmes, je suis en vacances. Je vous l'ai dit quatorze fois au cours du mois écoulé.
Sherlock HOLMES : En... vacances? A quoi bon? Interrompez-les. Rejoignez-moi à Gatwick, chez Lord–
Docteur WATSON : Vous ne comprenez pas: je suis à Ibiza. Et pas seul. Débrouillez-vous sans moi, mon ami. Pour une fois.
Sherlock HOLMES : Ibiza? Mais c'est trop loin. Vous ne serez jamais à Gatwick à temps.
Docteur WATSON : Je suis heureux que vous en preniez conscience. Bonne chance pour votre affaire.
Sherlock HOLMES : C'est tout? Vous ne voulez même pas savoir de quoi il s'agit? Figurez-vous qu'il y a eu un cambriolage chez–
Docteur WATSON : Je n'y peux et n'y pourrai rien, mon vieux. Je vais éteindre mon twittographe. ¡Salud!
Sherlock HOLMES : Ne faites pas ça, malheureux; vous– Vous avez éteint! Misérable. Je sais ce qui me reste à faire.
Docteur WATSON : Holmes! Comment diable avez-vous réussi à joindre ma compagne sur son twittographe?
Sherlock HOLMES : Vous me l'avez présentée sept fois au cours du mois écoulé. Croyez-vous que je ne l'aie pas remarquée?
Docteur WATSON : Vous ne lui avez jamais adressé la parole. Elle m'ordonne de rentrer à Londres. Elle fait les bagages!
Sherlock HOLMES : Vous voyez: elle a compris l'importance de l'affaire. Rdv à Gatwick, chez Lord Muirballockburn.
Docteur WATSON : Vous me le paierez, Holmes. D'autant plus que c'est inutile; la piste sera froide le temps que j'arrive.
Sherlock HOLMES : J'ai fait courir le bruit que le tableau volé était un faux. Le voleur va revenir chercher l'authentique.
Docteur WATSON : C'est pour ça que vous avez besoin de moi? Faire le pied-de-grue! Votre facture sera salée, croyez-moi.
Sherlock HOLMES : C'est pour l'art, Watson. Il n'y a rien d'autre à espérer que la satisfaction morale du devoir accompli.
Docteur WATSON : J'aurai plus de satisfaction à vous aplatir la truffe qui vous sert de nez.
Sherlock HOLMES : Docteur! N'oubliez pas que je redirige vos messages à votre dulcinée. Qu'ira-t-elle penser de vos manières?
Docteur WATSON : Elle a menacé de rompre si j'insistais pour partager une cabine avec elle. Holmes, je vous... Oh, f**k!
Sherlock HOLMES : Rien de tel que le travail pour noyer son chagrin. Hop, mon vieux! Dans le bateau.


SherWat N° 15 : Un argument de poids

Sherlock HOLMES : Watson, vous qui avez voyagé dans le Pacifique, que pouvez-vous me dire sur la notion de "mana"?
Docteur WATSON : Oh, je n'étais qu'enseigne dans le détroit de Torrès. Le mana serait l'énergie vitale de tout et chacun.
Sherlock HOLMES : Il est donc bien question d'énergie. Et comment ça marche?
Docteur WATSON : Le mana est une force, un ensemble de ressources; on en a ou on n'en a pas. Ça ne se commande pas.
Sherlock HOLMES : Et la magie, alors? A quoi bon inventer une énergie que l'on ne peut contrôler?
Docteur WATSON : Les Indiens se contentent de sa présence ou de son absence. Ils ne l'ont pas inventée mais constatée.
Sherlock HOLMES : Ne m'avez-vous pas raconté que certains insulaires sont particulièrement gras? Les Samoans, notamment.
Docteur WATSON : Si fait. Et alors?
Sherlock HOLMES : Et qu'à l'instar des Orientaux, ils vieillissent d'un coup, à un âge parfois très avancé?
Docteur WATSON : J'ai peut-être dit quelque chose dans ce sens mais ce n'est pas une vérité pure. Mais encore?
Sherlock HOLMES : Ce surpoids lié à une peau sans ride est donc très répandu? Répondez oui, cela confirmera ma théorie.
Docteur WATSON : Je ne vais pas déformer la réalité pour vous faire plaisir. De quelle théorie parlez-vous, cette fois?
Sherlock HOLMES : Je ne l'ai pas encore nommée. Je l'ai dérivée de la théorie épiquantique du Prof. Onestone.
Docteur WATSON : Ce fatras incompréhensible? Je n'ai même pas saisi de quoi cela traitait.
Sherlock HOLMES : Ah, vous l'avez lue? Selon moi, elle prouve que plus on est gros, plus on vieillit rapidement.
Docteur WATSON : Quel rapport avec l'énergie cosmique? Cela s'explique par une simple questions d'artères bouchées.
Sherlock HOLMES : C'est la masse qui se multiplie au carré de la vitesse de la lumière. Elle se consume exponentiellement.
Docteur WATSON : Le carré de la v..? Holmes, je ne saurais dire pourquoi, mais vous vous trompez du tout au tout.
Sherlock HOLMES : Vous réfutez toujours la nouveauté par principe. Je vous dis que notre théorie va révolutionner la science.
Docteur WATSON : "Notre" théorie? Ne me mêlez pas à cette affaire, je vous prie. Le Prof. Onestone est-il au courant?
Sherlock HOLMES : Béotien! Quoi qu'il en soit, je vais rester mince. J'ai décidé de vieillir le plus lentement possible.
Docteur WATSON : Grand bien vous fasse, Holmes. Je ne vous contredirai pas sur cet embonpoint. 

FIN 

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