jeudi 25 juillet 2013

Une soirée avec HOLMES & WATSON: sherwats n° 19, 20 et 21

SherWat N° 19 : Le venin de l'autre

Sherlock HOLMES: Watson! Suis blessé. Mordu par veuve noire. Ne dois pas bouger.
Docteur WATSON: Juste ciel! Ce n'est pas une de vos plaisanteries, j'espère? Où êtes-vous?
Sherlock HOLMES: Guichet des retraits, gare de Paddington. La bête était dans un colis.
Docteur WATSON: J'arrive le plus vite possible; je suis à deux pas. Quelle chance!
Sherlock HOLMES: Soyez prudent. Suis sûr qu'assassin toujours à proximité. Pour jouir de ma souffrance.
Docteur WATSON: J'ai une ampoule de sérum dans ma trousse. Mais cessez de vous agiter. Suis en route.

Sherlock HOLMES: Ai amélioré mon twittographe; ne faut plus qu'un doigt pour s'en servir. Le pouce gauche.
Docteur WATSON: J'y suis, mais le bureau est fermé à double tour. Comment vous atteindre?
Sherlock HOLMES: Dedans. Enfermé. Pas méfié. Pourtant, nom de l'expéditeur: Mary Trio.
Docteur WATSON: Qui? Oh, une autre anagramme de Moriarty. Bon, je vais enfoncer la porte.
Sherlock HOLMES: Non! Peut-être piégée. Idiot! Idiot! Moi, idiot! Même vous n'auriez pas ouvert ce colis.
Docteur WATSON: Ne vous emportez pas; c'était peut-être idiot mais il est trop tard pour regretter. Je ne sais pas si n–
Sherlock HOLMES: Une détonation! Était-ce un coup de feu? On vous tire dessus? Watson, êtes-vous indemne?
Docteur WATSON: Vais bien. Poursuis le tireur.
Sherlock HOLMES: Attrapez-le, John. Que je meure... Conscience apaisée.
Docteur WATSON: Je suis fou: j'allais vous abandonner. Je reviens; je briserai la fenêtre.
Sherlock HOLMES: – – – Watson? Je... je ne suis donc pas mort? Où êtes-vous? Il fait noir comme dans un four.
Docteur WATSON: Je vous ai injecté le sérum; vous étiez inconscient. L'ambulance va arriver. Je poursuis l'assassin.
Sherlock HOLMES: Moriarty? Il va vous écorcher vif. Pourquoi n'êtes-vous pas resté ici?
Docteur WATSON: J'ai dû choisir entre lui et vous. La piste est froide, maintenant. Mais je l'aurai.
Sherlock HOLMES: Il est trop tard. Vous auriez dû l'attraper et me laisser mourir.
Docteur WATSON: Ne dites pas de bêtise. Il vaudrait mieux découvrir pourquoi il vous hait à ce point.
Sherlock HOLMES: Un tel poison a dû lui ronger les intérieurs. Mais je ne connais pas cet homme, bons sang! J'en conclus qu–
Docteur WATSON: Quoi donc, Holmes? Avons-nous été coupés, ou bien avez-vous interrompu volontairement votre message?
Sherlock HOLMES: Tout me porte à croire qu'il n'est qu'un commanditaire. C'est ce que je voulais dire.
Docteur WATSON: Un commanditaire? Pour qui diable travaillerait-il? A part le diable, justement.
Sherlock HOLMES: Un consortium de criminels? Un ennemi d'enfance? Une erreur de distribution? A qui profiterait mon trépas?
Docteur WATSON: Je n'ai pas assez d'éléments pour trancher. Dois vous laisser; tiens peut-être une piste. Remettez-vous.
Sherlock HOLMES: J'entends la cloche de l'ambulance. J'ai si sommeil que vous avez dû m'administrer un sédatif. Watson? Wat–? 
 
SherWat N° 20 : Un petit cercle ennemi

Docteur WATSON: Holmes, je tiens la piste de Moriarty. Il est descendu au Savoy sous le nom de Tim Arroy. Rejoignez-moi–
Sherlock HOLMES: Laissez tomber Moriarty, Watson. Ce n'est pas lui qui m'intéresse.
Docteur WATSON: Je ne comprends pas. C'est un criminel notoire; nous en sommes sûrs, désormais. Il faut l'arrêter.
Sherlock HOLMES: Certes, cela ne fait aucun doute. Lestrade s'en occupera. Je veux le cerveau qui lui donne ses instructions.
Docteur WATSON: Dans ce cas, ne serait-il pas logique et indiqué de le trouver grâce à Moriarty.
Sherlock HOLMES: C'est précisément ce qu'il espère. C'est pourquoi nous devons l'attraper autrement.
Docteur WATSON: Euh... Admettons. Comment comptez-vous vous y prendre? Nous ne savons rien de lui.
Sherlock HOLMES: Ou d'elle. Nous savons qu'il me hait mais qu'une force obscure l'emêche de me tuer tout à fait.
Docteur WATSON: Ah, bon? J'y suis: vous avez encore lu un livre du Dr Freud. En quoi cela nous aidera-t-il?
Sherlock HOLMES: Je pense que c'est un proche; quelqu'un qui nous connaît intimement.
Docteur WATSON: Mais vous n'avez quasiment plus de famille! Quant à la mienne, elle est si éloignée...
Sherlock HOLMES: Non, pas un membre de nos familles. C'est quelqu'un d'aisé, capable de payer des criminels de rang moyen.
Docteur WATSON: Je ne vois vraiment personne qui corresponde à ce caractère. A moins que... votre gouvernante?
Sherlock HOLMES: Ne soyez pas ridicule. Comment s'appelait l'écrivain qui voulait que nous retrouvions le spectre sa mère?
Docteur WATSON: M. Doyle? Ce n'est pas un intime; nous ne l'avons vu qu'une fois. Pourquoi pensez-vous à lui?
Sherlock HOLMES: Lui nous connaissait, par vos récits. Rappelez-vous ses dernières paroles: "Je ne vous oublierai jamais..."
Docteur WATSON: "...et serai désormais votre ange-gardien." Vous n'aviez pas voulu d'argent. Pensez-vous qu'il est fou?
Sherlock HOLMES: Qui peut savoir ce qui se passe dans une cervelle humaine? Plus j'y songe, plus je me dis que c'est lui.
Docteur WATSON: C'est terrible. Ce serait un adversaire redoutable. Il était très cultivé et très intelligent.
Sherlock HOLMES: Oui, presque autant que moi, oui. Je ne vois personne d'autre. Nous allons donc lui tendre un piège.
Docteur WATSON: Un piège? Que puis-je faire pour vous aider? Je vous écoute.
Sherlock HOLMES: Vous allez vous grimer afin de lui ressembler le plus possible. De mon côté, je vais faire le nécessaire.
Docteur WATSON: Je n'aime pas votre plan. Aller chez Doyle le confronter est risqué, surtout s'il est notre ennemi.
Sherlock HOLMES: Je sais ce que je fais. Ayez confiance. Sonnez chez lui dès je vous aurai twittographié.
Docteur WATSON: Je le ferai. Mais je prends une arme tout de même. A plus tard.

à suivre...

SherWat N° 21 : Sous le masque et la plume

Sherlock HOLMES: Maintenant, Watson! Entrez sans frapper.
Docteur WATSON: Bonté divine! Que lui avez-vous fait? Il s'étouffe! Il est en train de mourir.
Sherlock HOLMES: Je ne pensais pas que mon idée serait aussi radicale. Je crains qu'il ne soit mort de peur en vous voyant.
Docteur WATSON: Par tous les diables! Que lui avez-vous dit pour qu'il fût terrorisé à ce point?
Sherlock HOLMES: Je l'ai convaincu qu'il était un imposteur et que vous étiez le vrai Conan Doyle.
Docteur WATSON: C'est de la démence! Et si vous vous êtes trompé? Vous avez peut-être tué un innocent.
Sherlock HOLMES: NOUS l'avons tué; vous êtes complice. Sans votre apparition, il n'aurait pas mordu à l'hameçon.
Docteur WATSON: Je... Quoi? Encore une de vos plaisanteries?
Sherlock HOLMES: Non. Je crains que ce ne soit là une forme inédite d'homicide involontaire. Nous devons nous dénoncer.
Docteur WATSON: Jamais de la vie! Ne bougez pas d'ici ou je vous brûle la cervelle!
Sherlock HOLMES: Qu'est-ce qui vous prend? Vous comptez échapper à la justice?
Docteur WATSON: Je vous interdis de parler de cette affaire à quiconque. Laissez Doyle, on croira à une crise cardiaque.
Sherlock HOLMES: Watson, je sais que c'est dur à admettre mais nous devons obéir à notre conscience morale.
Docteur WATSON: Pas question! Nous allons continuer comme avant. Sans rien changer.
Sherlock HOLMES: Vous ne seriez pas en train d'essayer de me faire chanter, par le plus garnd des hasards?
Docteur WATSON: Nos mains sont mutuellement liées. Partons simplement et reprenons nos avantures.
Sherlock HOLMES: Comme si de rien n'était? Il me faudra une raison impérieuse pour accepter cela.
Docteur WATSON: Je vous la donne: ce n'était pas M. Doyle votre ennemi intime. Vous avez tué un innocent.
Sherlock HOLMES: Ah non? Qu'est-ce qui vous rend si sûr de vous, pour une f–
Docteur WATSON: Ne vous arrêtez pas en chemin. Quand l'impossible a été éliminé, ce qui reste, aussi invraisemblable qu–
Sherlock HOLMES: Vous! C'est vous, Watson, qui avez commandité tous ces crimes?
Docteur WATSON: Vous n'imaginiez tout de même pas que les gens allaient venir spontanément? Il fallait les appâter.
Sherlock HOLMES: Mais pourquoi? Pourquoi toutes ces machinations horribles et tortueuses?
Docteur WATSON: Pour bien des raisons. La principale: fournir le matériau de mes histoires.
Sherlock HOLMES: Qui commencent à rapporter, si j'ai bien compris. A vous, pas à moi. Ensuite?
Docteur WATSON: Parce que vous êtes incapables de faire quoi que ce soit seul. Vous êtes d'une immaturité exaspérante!
Sherlock HOLMES: Vous savez bien que je suis trop... en avance sur le monde extérieur, et que celui-ci–
Docteur WATSON: Le bel argument! A ce stade, ce n'est plus de l'orgueil, c'est... Le mot n'existe même pas.
Sherlock HOLMES: Dans ce cas, vous aurez du mal à écrire cet épisode pour le moins déplorable, et sans doute ultime.
Docteur WATSON: Ultime? Oh non! J'ai besoin d'argent pour rembourser mes dettes; et l'armée m'a refusé une pension.
Sherlock HOLMES: Pour quelle raison, si je puis me permettre? Lâcheté au combat?
Docteur WATSON: Doutes sur ma loyauté. En Crimée, j'ai eu une maîtresse russe. Peu importe! Nous allons continuer.
Sherlock HOLMES: Mais enfin, ce ne sera pas du tout la même chose, si je sais que vous êtes derrière tout ce qui m'arrive.
Docteur WATSON: Vous n'avez rien compris. Je n'ai ordonné que certains des premiers crimes. Pour attirer le chaland.
Sherlock HOLMES: Et maintenant que ma réputation est forgée, la clientèle suit? N'attendez pas que je vous en remercie.
Docteur WATSON: Vous ne m'avez jamais remercié. Et vous n'aurez pas à cesser vos sarcasmes envers moi; le public adore.
Sherlock HOLMES: Franchement, Watson, je ne sais pas du tout si cette "association" pourra fonctionner longtemps.
Docteur WATSON: Peu m'importe. C'est tout ce que j'ai trouvé pour payer ma retraite. Je ne veux pas mourir miséreux.
Sherlock HOLMES: Nous rentrons chez nous, tout simplement? Et M. Doyle? Vous ne comptez pas prendre sa place, tout de même?
Docteur WATSON: J'y avais songé. Mais ce serait trop contraignant pour sa famille et pour mon emploi du temps.
Sherlock HOLMES: Et vous êtes loin d'être aussi intelligent; cela se remarquerait.
Docteur WATSON: Je vous ai eu! Ayez l'honnêteté de le reconnaître. Votre infériorité a été prouvée. Mathématiquement.
Sherlock HOLMES: Calmez-vous, Watson. Tout ce qu'il vous plaira. Après vous?
Docteur WATSON: Passez devant; je ne suis pas fou.
Sherlock HOLMES: Si vous le dites. En tout cas, vous voyez: je reste encore et toujours le premier.
— — —
A.C. DOYLE: M. Holmes, votre plan a fonctionné comme prévu; je suis sorti de catatonie une heure après votre départ.
Sherlock HOLMES: Parfait. C'était nécessaire pour tromper le bon docteur. Suis impatient de découvrir sa prochaine intrigue.
A.C. DOYLE: Ravi d'avoir pu vous être utile. Serai toujours partant pour de nouvelles aventures.

FIN

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire