vendredi 1 août 2014

REAMDE, de Neal Stephenson: la séquelle!

Commençons par préciser (à l'attention des crad'ucteurs et autres franglophiles) qu'en français, "séquelle" ne veut pas dire "suite" mais "conséquence fâcheuse d'une blessure ou d'un traumatisme (exemple: « Hou, la vilaine cicatrice ! »)".

Ainsi donc, le roman (pour le moins fâcheux) de Neal Stephenson a z'été traduit en français et publié (par Sonatine), pour le bonheur et la joie des (nombreux) fans de l'écrivain américain.
Que REAMDE ait été traduit par "Les deux mondes" est déjà curieux en soi mais pas rédhibitoire. A défaut, il eût fallu laisser "Reamde" tel quel (bizarroïde!) ou traduire par "Limez-zoi" (euh...), toutes solutions pas très alléchantes. On ne saurait donc taxer l'éditeur Sonatine d'avoir choisi une autre route (ni d'être composé de transfuges du Cherche-Midi et d'un collaborateur de Claro à Lot49... Qui a soupiré "Eh allez, toujours les mêmes.." ? On se tait, dans le fond !)
Qu'ils aient décidé de couper l'ouvrage en deux, c'est aussi compréhénsible, devant l'ampleur du chantier. Et puis, quoi ! c'est la mode française de découper les gros pavés en bouquins plus faciles à avaler (et dont la vente cumulée rapporte un peu plus). Après tout n'importe quel traducteur sait que le français est 15% moins synthétique que l'anglais (les éditeurs aussi sont censés le savoir, sauf ceux qui pratiquent le coefficient de foisonnement à 5%, bien sûr, voire à 0%. Ça fait toujours ça d'économisé, pas vrai ?)

Donc, deux tomes: "Le Réseau" et "La Frontière", lequel vient de sortir.
C'est drôle, quand même ; pourquoi avoir changé les titres des deux parties qui composent l'original ? "Neuf dragons", c'était joli. Et "Chutes américaines", pas trop mal. Alors, quid ? Va savoir, Balthazar. Du contenu des cerveaux éditoriaux, on ne discute pas plus que des termes de contrats de distribution, ma bonne dame ! D'ailleurs, si ça se trouve, l'idée vient d'un sous-directeur de chez Interforum (leur distri-butter), qui l'a fait passer en douce chez la correctrice ou le maquettiste, à l'insu de l'auteur, sous la forme d'un e-mail fortement suggestif ; va savoir. (J'dis pas qu'ils le font, eux, hein ? J'dis qu'y en qui l'font parce que ça permet de "vendre plus". Faut pas oublier qu'c'est du commerce avant tout.)
Alors, évidemment, la décence voudrait que je lusse la traduction pour me permettre de dire ce que j'en pense. Le problème, c'est que je n'ai aucune envie de me retaper ce bouquin fascisant, raciste, pue-du-bec et à l'humour douteux, voire réservé à une élite (genre, les potes à GW Bush, ou les enfants de Charlton Heston). Je m'en suis expliqué dans ma chronique sur la version anglaise, et je ne vois pas pourquoi la version française serait différente. A moins, bien sûr, qu'elle n'ait été trafiquée pour tenir compte du fait que les lecteurs français sont.. comment dire ?.. moins "bas de plafond" que les lecteurs Ricains ?
Ce qui ne manquerait pas de piquant.
Quoi qu'il en soit, j'ai eu beau poser la question maintes fois à gauche et à droite sur la Toile, je ne sais toujours pas pourquoi c'est ce sale foutu putain de bouquin à la mords-moi-le-Big-Mac qui a été traduit et non le merveilleux  "Anathem", qui ne dégage aucun relent suspect, en plus d'être un chef-d'œuvre indubitable. Le fait que les éditions Bragelonne aient envisagé un temps de traduire ce dernier avant de le laisser tomber (eh oui, il aurait fallu payer un vrai traducteur à un prix décent... non, mais vous vous rendez compte !) explique sans doute que les droits du roman doivent être figés dans une bassine de mélasse juridique pour très longtemps encore.
Tout cela n'est pas grave du tout ; la preuve : le dernier roman de Ned Beauman, Glow, est sorti ; et le prochain roman de David Mitchell, The Bone Clocks, sort en septembre. L'honneur est sauf, puisqu'on va pouvoir lire de vrais bons bouquins..

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