samedi 18 mai 2013

Une soirée avec Holmes et Watson: les SHERWAT 11 & 12



SherWat N° 11
C'est ainsi que les Athéniens s'atténuèrent...



Docteur WATSON: Holmes, je n'ai pas réussi à vous joindre de toute la matinée. Où êtes-vous?
Sherlock HOLMES : Je m'entraînais à la lutte gréco-romaine. Qu'y a-t-il de si urgent?
Docteur WATSON: À la lutte? Je croyais que vous deviez superviser les athlètes britanniques aux premiers JO d'Athènes?
Sherlock HOLMES : Précisément. J'ai donc décidé de joindre l'utile à l'agréable.
Docteur WATSON: Mais vous ne pouvez sérieusement affronter des lutteurs professionnels. Ils vont vous écrabouiller.

Sherlock HOLMES : Je sais me défendre, Watson. Que vouliez-vous me dire?
Docteur WATSON: Justement; d'après mes sources, un anarchiste serbe va tenter de saboter la cérémonie d'ouverture.
Sherlock HOLMES : Pourquoi? Oh, je vois: pour compromettre la Triple Entente... Je me charge de lui.
Docteur WATSON: C'est un colosse capable de broyer la pierre à mains nues... Tweettô? Tweettô? Malédiction! Il est trop t–
Sherlock HOLMES : Tout va bien, Watson. J'ai dû vous abandonner un moment. De fait, le bougre m'a donné du fil à retordre.
Docteur WATSON: Le Serbe? Voulez-vous dire que vous avez réussi à le battre malgré tout?
Sherlock HOLMES : Absolument. Et à plates coutures. Je l'ai vaincu devant une douzaine de chefs de délégations.
Docteur WATSON: Vous, vaincre l'«Attila de Split»? Il aurait pu vous briser l'échine. C'était de la folie.
Sherlock HOLMES : Combien de fois devrai-je vous dire que je ne suis pas fou? Je l'ai vaincu par son point faible.
Docteur WATSON: Ce monstre n'a aucun point faible. Il a été interdit de compétitions officielles dans l'Europe entière.
Sherlock HOLMES : Je l'ai défié au jeu de la barbichette. Les Serbes sont fiers de leur pilosité; il ne pouvait se défiler.
Docteur WATSON: Mais vous êtes imberbe. Ne me dites pas que vous avez triché en mettant un postiche!
Sherlock HOLMES : Si. J'ai dû la coller si fort qu'elle tient encore et restera en place quelques mois encore, j'en ai peur.
Docteur WATSON: Et il ne s'est pas rebiffé? J'ai peine à le croire.
Sherlock HOLMES : Hu-mi-lié, je vous dis. Il ne fera plus de mal désormais.
Docteur WATSON: Les JO vont pouvoir se dérouler sans incident. La paix du monde est préservée.
Sherlock HOLMES : Pour l'instant, Watson ; pour l'instant. Si un anarchiste chauve et imberbe s'en mêle, elle sera peut-être fichue.

¤*¤

SherWat N° 12 : Une Scandinavie moins ordinaire


Sherlock HOLMES : Watson, que disent vos confrères sur la prédominance des droitiers dans la population humaine?
Docteur WATSON: Euh... Comment pourrais-je résumer cela en un twittogramme?
Sherlock HOLMES : Pourquoi pas? Est-ce vraiment si complexe? C'est pourtant une question binaire.
Docteur WATSON: C'est qu'il y a de nombreux éléments: physiologiques, culturels, cérébraux, phrénologiques... Précisez.
Sherlock HOLMES : Le contexte en l'occurrence est plutôt historique, diplomatique et scandinave. Je ne peux vous en dire plus.
Docteur WATSON: Alors, je ne peux vous éclairer. Vous-même êtes ambidextre, non? Ou bien vous n'avez jamais su choisir?
Sherlock HOLMES : Allons, bon. Vous voilà vexé. Bien, je vais demander l'autorisation de vous mettre dans la confidence.
Docteur WATSON: Vexé, moi? Allons, donc. Voyons, à qui la demandez-vous, cette autorisation?
Sherlock HOLMES : A Fridtjof Nansen. Ou plus précisément à sa nièce Neda, qui le représente à Londres.
Docteur WATSON: Quoi, l'artisan de l'indépendance norvégienne? Le circumnavigateur du Groënland? Le skieur émérite?
Sherlock HOLMES : Lui-même. Et dès demain, l'ambassadeur du tout nouveau royaume de Norvège auprès de la Couronne.
Docteur WATSON: Ça alors! Mais quel rapport entre tout cela et le clivage gauchers-droitiers?
Sherlock HOLMES : M. Nansen se demande s'il ne va pas inviter tous les gauchers du monde à émigrer dans son nouveau pays.
Docteur WATSON: Quelle idée saugrenue! Les gauchers n'ont rien de spécial. Ils sont... inversés, voilà tout.
Sherlock HOLMES : C'est là une façon droitière de voir les choses. Il se trouve que Fridtjof et Neda sont gauchers.
Docteur WATSON: Et ils comptent fonder une population de gauchers? Quelle étrange forme d'ostracisme.
Sherlock HOLMES : Moins violente que celui instauré en Afrique du sud par nos colonialistes, non? Entre autres exemples.
Docteur WATSON: Tous les empires ont entraîné l'application de certains sacrifices, et ce depuis toujours.
Sherlock HOLMES : Oh, la jolie phrase! Bref, vous n'avez pas l'intention de m'aider à étayer la défense des gauchers?
Docteur WATSON: Votre raisonnement m'échappe. Quel intérêt avez-vous là-dedans?
Sherlock HOLMES : En tant qu'ambidextre, je suis logiquement gaucher à mi-temps. Cela me paraît une cause suffisante.
Docteur WATSON: La lignée des Bernadotte est aussi légitime qu'une autre; pourquoi vous mettre la Suède à dos?
Sherlock HOLMES : Légitime? Autant que les Saxe-Cobourg, les Valois ou les Orange? Vive la Norvège libre! Vive Haakon! Vive l–
Docteur WATSON: J'ai compris! Je viens de voir un portrait de Neda Nansen dans le Twittograph. Gauchère, mais charmante.
Sherlock HOLMES : Cela n'a rien à voir, Old Chap! Vous vous mettez l'Index du Vatican dans l'œil jusqu'à la Cloaca Maxima.
Docteur WATSON: A la bonne heure! Je préfère vous savoir amoureux qu'anarchiste. Et ambidextre qu'ambivalent. Good luck! 

FIN 

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