lundi 17 septembre 2012

CLOUD ATLAS / CARTOGRAPHIE DES NUAGES de David Mitchell : bientôt le film (peut-être)

photo DR



En 2004 sortait Cartographie des Nuages (le titre est celui de l'éditeur L'Olivier), le troisième roman de David Mitchell, que je considère comme le meilleur roman de la décennie 2000. Le 8 octobre 2012 sort au Canada l'adaptation cinématographie de ce chef-d'oeuvre absolu. Le réalisateur en est Tom Tykwer et les producteurs sont les Wachowsky frère et soeur.
En 2008, j'avais découvert l'Atlas des Nuages parce que Marc Vassart me l'avait recommandé, ayant lu ma novella Rangatira, qui retrace le voyage en Europe en 1840 d'un représentant du peuple Moriori, sujet que Mitchell abordait aussi dans la première partie de son roman-gigogne.

Comme d'habitude quand quelque chose de bon finit par arriver, en France, on ne peut pas s'empêcher de nous faire poireauter. Car si le film sort cet automne un peu partout dans le monde, chez nous, il va falloir attendre... une date inconnue ! En tout cas, pas avant le printemps.
Il y a deux choses qui m'agacent en plus de celle-ci, dans cette affaire. La première, c'est que les Wachowsky sont de gros spécialistes de la trahison des oeuvres littéraires qu'ils adaptent. (Passons sur Matrix, qui n'était qu'une version binaire du mythe de Jésus). Mais ce qu'ils ont fait à V pour Vendetta mérite une bonne paire de claques pour cause de niaiserie majeure. Supprimer le fait qu'Evey se fait coincer au début de l'histoire parce qu'elle va racoler, c'est déjà prendre les spectateurs pour des couillons ; la faire trahir V ensuite est une preuve d'incompréhension totale de ses motivations ; et finir le film sur une touche sentimentale est un contre-sens puéril. Alan Moore a bien fait de retirer son nom du générique (même s'il est vrai qu'il le fait systématiquement ; mais là, c'est parfaitement justifié).
Alors, j'ai peur ; ou plutôt, je sais que les Wachowski vont saloper l'histoire ; qu'ils vont en faire une énorme bluette hollywoodienne bourrée de "bons sentiments" dégoulinants ; qu'à cause de ça, ce qui aurait pu devenir un vrai chef-d'oeuvre se contentera d'être un film sympa à grand spectacle qui fera un gentil carton et qu'on aura oublié dans deux ans.
Oui, mais n'empêche... Ce sera beau quand même, parce que les histoires contées par David Mitchell sont plus que belles. Enfin, quoi qu'il en soit du film, ça vaut le coup de lire le livre : Cartographie des Nuages. Et si possible, lisez-le en VO : Cloud Atlas.

Parce que, la deuxième chose qui me tarabuste, vous l'avez peut-être remarquée dans mon introduction ; je parle de troisième livre. Ceux d'entre vous qui suivent la carrière de David Mitchell savent que son premier livre publié en France était Ecrits fantômes ; Cartographie des Nuages fut le suivant. Mais alors, où est passé le second ? Eh bien, je vais vous le dire : il n'a jamais été traduit en français. Il s'appelle number9dream (d'après une chanson de John Lennon). L'éditeur L'olivier, à qui j'ai écrit pour savoir de quoi il retournait, n'a jamais répondu. Est-ce parce que ce livre est mauvais? Bien sûr que non ; c'est un chef-d'oeuvre, comme tous ceux de David Mitchell (ok, j'avoue, je ne suis pas objectif ; mais c'est quand même un très bon livre). Qu'est-ce que l'éditeur attend ?
Ce qui est particulièrement dommageable en l'occurrence, c'est que David Mitchell fait partie de ces auteurs qui pratiquent ce que j'appellerais la résurgence de personnages ; dans Black Swan Green, il y a au moins un personnage en commun avec Cartographie (elle a cinquante ans de plus, mais c'est bien elle). Or, dans number9dream, il y a plusieurs personnages qui apparaissent aussi dans Ecrits fantômes et dans l'Atlas. Il y a même un concept (mais je ne dirai pas lequel) qui réapparaît, subtilement transformé, dans son dernier opus Les mille automnes de Jacob de Zoet. Bref, en privant les lecteurs français de la traduction de number9dream, on les prive non seulement d'un grand plaisir mais aussi du talent inouï que déploie David Mitchell en tissant les destinées de ses personnages. De quel droit les éditeurs nous font-ils cette indélicatesse ?
J'ai écrit à David Mitchell pour tenter de le savoir ; voici ce qu'il m'a répondu: "I think it is because my publishers do not suppose it would sell. C'est la vie." Je crois que c'est parce que mes éditeurs ne supposent pas qu'il se vendrait bien. Je crois, au contraire, que cette supposition est erronée, et surtout que c'est aux lecteurs d'en décider.
Espérons donc que tous ces gens qui décident à la place du public vont changer d'avis et que l'excellent number9dream sera bientôt traduit. Pour les convaincre, je vous encourage à laisser un commentaire sur ce message ; j'en ferai une compilation que je ferai parvenir à l'éditeur. Au besoin, nous formerons un comité d'urgence et nous le traduirons nous-même ! Pourquoi pas un atelier de traduction collective ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire