jeudi 20 septembre 2012

LA VOIX ABSOLUE : Hommage à Georges Aminel

Photo DR


Dans le film Le Magnifique, de Philippe de Broca (1968, scénario de François Veber, Philippe de Broca et Jean-Paul Rappeneau), j'ai toujours cru que le personnage de Georges Charron, l'éditeur de François Merlin, était une caricature. Maintenant que j'ai eu une vague carrière d'écrivain et que j'ai dû côtoyer de vrais éditeurs, en revoyant le film récemment, je me suis aperçu que non seulement Charron n'est pas caricatural, mais qu'au contraire, il est hurlant de vérité.
C'est pourquoi (!) je tiens à rendre hommage ici et maintenant aux deux personnes de l'ombre qui constituent le personnage savoureusement haïssable de Charron / Karpov : son acteur Vittorio Caprioli, l'un des plus méconnus de l'histoire des cinémas italiens et français (il a tourné dans plus de cent films) ; et surtout son doubleur français, l'acteur de théâtre Georges Aminel, alias Jacques Maline, dont la voix extraordinaire a bercé mon enfance et mon adolescence et résonne encore sous mon crâne quand je me raconte des histoires. Car il fut à lui seul l'incarnation du Mal hypnotique mais bourré d'humour, de la tentation de se laisser aller à écouter des heures sans rien faire tous les conteurs et griots du monde.

Jugez-en. Il a doublé tour à tour :
Yul Brynner dans Les Dix Commandements ; Charlton Heston dans La planète des singes ; Orson Welles dans La splendeur des Amberson et 4 autres films ; Lee Marvin dans Les Comancheros ; Gert Fröbe dans Cent mille $ au soleil ; Warren Oates dans Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia ; Donald Sutherland dans M*A*S*H* ; Gig Young (Rocky, le Maître de Cérémonie) dans On achève bien les chevaux ; Vittorio Gassman dans Le Fanfaron et Parfum de femme ; James Coburn dans Intervention Delta ; Gregory Peck dans La Malédiction ; Alberto Sordi dans Le grand embouteillage ; Yaphet Kotto dans Alien ; Cab Calloway dans The Blues Brothers ; Nicol Williamson (Merlin !) dans Excalibur ; David Warner (le génie du Mal !) dans Bandits, bandits ; James Mason dans Le Verdict ; le narrateur de La Petite boutique des horreurs ; Falkor dans L'histoire sans fin ; Keye Luke (M. Wing) dans Gremlins ; Max von Sydow dans Dreamscape ; James Earl Jones (Thulsa Doom !) dans Conan le Barbare et... Dark Vador / Darth Vader dans Star Wars ! (Et j'en oublie, saperlipopette...)
Bref : il est notre père spirituel et inconscient à tous.
La preuve ? C'est lui aussi qui fut la voix de Sylvestre le chat dans la première saison de Titi et Grominet.

Ses admirateurs pourront se laisser bercer par sa voix en écoutant des livres qui parlent lus par lui, notamment L'île mystérieuse de Jules Verne et Trois contes d'Andersen.



Voir mon hommage à d'autres grands "doubleurs" ici.


3 commentaires:

  1. Bonjour, M. Boudry. Pardonnez le retard avec lequel je réagis à ce bel hommage rendu à mon père. Le hasard d'une balade sur la toile ...
    Tout d'abord, merci pour lui car je sais qu'il aurait été très touché de l'intérêt que vous lui portiez. Ensuite, je tenais à vous signaler que la photo publiée sur cette page n'est pas du tout celle de mon père ! Une erreur sans doute.
    Bien cordialement,
    Christine Maline

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    1. Chère Christine Maline,
      grand merci à vous pour votre petit mot, qui prouve que la Toile peut servir à communiquer par-delà bien des obstacles. Je continuerai à voir en VF les films où Georges/Jacques donnait corps et coeur à ses personnages. Je le ferai d'autant plus que la post-synchronisation française a largement perdu, ces dernières années, de son charme et de sa valeur. Sans doute parce que les doubleurs d'aujourd'hui viennent de la télévision au lieu du théâtre...
      En tout cas, mon modeste hommage est l'un des messages les plus consultés du blog, ce qui prouve que la mémoire du public n'est pas aussi mauvaise que ce que l'on voudrait nous faire accroire.
      Qu'Homère me change en statue de sel ! Je songe soudain aux histoires que devait vous lire votre père dans votre enfance. Me pardonnerez-vous de vous envier cela ? Si j'ai un souhait, ce serait de trouver sur la Toile de plus nombreux enregistrements de sa voix.
      Amicalement vôtre,
      Alfred
      PS : Quant à la photo erronée, elle prouve aussi que la Toile est encore loin d'être un outil parfait. Celle que j'ai choisi d'afficher était présentée comme un portrait de Georges Aminel. Je me souviens pourtant d'avoir eu une hésitation ; j'aurais donc dû vérifier la source, et je suis le seul fautif de cette erreur, que je vais réparer aussitôt. Maintenant que j'ai vu des extraits de ses pièces, je ne me tromperai plus.

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  2. Christine,
    Si Liliannes, le Mont Rose, la vallée du Lys, Pont Sant Martin et Gressoney évoquent quelques souvenirs pour toi, j’aurais peut être eu raison de te tutoyer .
    Lorsque j’habitais près de Genéve, j’y suis retourné et me suis retrouvé bien peiné que l’écho de nos rires n’y soient plus. Sans doute parti ailleurs, il avait mieux à faire.
    Eté 1963., de bons souvenirs. Si je ne me trompe pas de personne et si tu souhaite évoquer ces moments : Yves (Yoyo) 06 15 32 71 66.
    Cela me ferait un si grand plaisir !
    Sinon excusez moi et veuillez considérez que je ne vous ai pas tutoyé

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