jeudi 10 septembre 2015

Parodie Céleste - Chapitre 19

19

Vous n'essayez pas de l'arrêter ?
Hein ? fit Semántico en secouant la tête.
La criminelle en herbe, là, qui est en train de s'enfuir, dit Mirabelle. Vous n'essayez pas de l'arrêter ?
Que voulez-vous que je fasse ? Elle est carrément immunisée contre les baffes. Elle est intouchable. De toute façon, c'est pas une criminelle, c'est une mythomane. Complètement allumée. Bon sang ! J'ai du mal à y croire. Cinq millions d'euros en liquide... N'importe quoi !
Comme pour illustrer ses dires, Semántico se perdit dans la contemplation de la ruelle désormais vide ; ou plus exactement, creusée. Le contact des lèvres de Mirabelle sur les siennes le ramena à la réalité.

Allô, le bel au bois dormant, ici la princesse Charmilla von Biscaya. Me recevez-vous ?
Cinq sur cinq, répondit-il au bout d'un instant. Est-ce que... vous l'avez vue aussi ? Ce n'était pas une hallucination ?
Mais si, voyons. Ce genre de personnes n'existe que dans les romans populaires. La preuve, le coup de la gifle à l'occasion des premières règles, ça sort de Diabolo Menthe, Diane Kurys, 1977, avec Eléonore Klarwein et... euh, bon. De toute façon, je vous signale qu'elle a l'âge d'être votre fille, donc vous n'avez pas le droit de fantasmer. Alors que moi, je pourrais être votre petite sœur ; c'est beaucoup moins grave.

Il se sentit terriblement soulagé.

Qu'est-ce que ça représente ? dit-il en soulevant sa main pour regarder le symbole.
Si vous voulez mon avis, rien. Ce n'est qu'un zigouigoui quelconque destiné à vous prendre le chou. Ou alors, c'est un truc complètement ravagé, connu de seulement douze personnes dans le monde - dont une autiste -, avec une signification ultra-précise qui est censée vous amener en un endroit minuscule de la planète, et cela prouve que vous avez trouvé votre Nemesis.
Qui c'est, déjà, celle-là ?
Je vous expliquerai ça chez moi, il y a des dictionnaires idoines et des estampes japonaises. Quant à moi, ajouta-t-elle en lui soufflant dessus, je serai votre Calypso. Schedièn anemoisi pheresthai callipe !
Et en français dans le texte ?
"Laisse le vent emporter ton radeau".

Semántico la regarda dans les yeux, l'un après l'autre.

Vous ne seriez pas en cheville avec elle, par hasard ?
Pas de fantasmes machos, mon cher pseudo-Ulysse. Qu'est-ce que vous faites, dans les jours qui viennent ?
Je remonte à Paris ?
Réponse fausse. Vous m'emmenez avec vous en vacances, je veux visiter votre pays. Où qu'il se trouve.
Vous n'aviez pas... comment ça s'appelle, déjà ? Ce truc qui colle aux semelles... Un boulot ?
J'ai rendu mon tablier. Littéralement. Je l'ai enfoncé dans la bouche grande ouverte du moustachu qui m'engueulait pour une raison quelconque. Il a eu l'air très très surpris. Il ressemblait à un nain de jardin avec une salade qui lui aurait poussé entre les dents. Je regrette de ne pas avoir eu de persil pour lui en mettre dans les narines. Embrassez-moi, maintenant ; je crois que votre lèvre inférieure vient de finir de cicatriser.

Semántico s'exécuta volontiers.

Et si nous partions tout de suite ? suggéra Mirabelle ensuite.
Ce n'est pas l'envie qui m'en manque, mais je suis encore un peu abîmé, et j'ai une faim monumentale. De toute façon, ce soir, je comptais vous emmener au cabaret. La Twista, ça vous dit quelque chose ?

Le soir, après le spectacle de Yuli et Jetta, ils firent la fête avec la chanteuse et ses amis, pendant que c'était encore légal.

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